Guy Kindermans

Réfléchissez avant de cliquer!

Guy Kindermans Rédacteur de Data News

Etonnant qu’un problème vienne subitement sous les feux de la rampe, alors qu’il se pose de manière aigüe depuis des années déjà. Prenez l’exemple des risques auxquels vous vous exposez lorsque – simplement par nonchalence – vous cliquer sur le bouton ‘I accept’ en ligne. Cette question a surgi suite au documentaire ‘Terms and conditions may apply’ présenté au récent festival Docville de Louvain et qui montrait clairement qu’un tel clic pouvait parfaitement miner votre vie privée. Du coup, le doute a perlé et le sujet a fait polémique.

Etonnant qu’un problème vienne subitement sous les feux de la rampe, alors qu’il se pose de manière aigüe depuis des années déjà. Prenez l’exemple des risques auxquels vous vous exposez lorsque – simplement par nonchalence – vous cliquer sur le bouton ‘I accept’ en ligne. Cette question a surgi suite au documentaire ‘Terms and conditions may apply’ présenté au récent festival Docville de Louvain et qui montrait clairement qu’un tel clic pouvait parfaitement miner votre vie privée. Du coup, le doute a perlé et le sujet a fait polémique.

Or la virulence des réactions face à ce constat a de quoi étonner. Dans le monde de l’informatique en effet, la problématique de la perte de ses droits fait débat depuis longtemps. Ainsi, avez-vous jamais lu les conditions d’utilisation d’un logiciel? En somme, ce document indique que l’acheteur a bien payé ce produit, mais qu’il n’en est pas le propriétaire et que ledit produit ne peut être utilisé qu’à certaines conditions. Reste que l’éditeur ne garantit pas que le produit soit utilisable dans toutes circonstances et précise que si vous en faites un usage incorrect, c’est votre faute et non la sienne. Et ces conditions, vous les acceptez lorsque vous ouvrez la boîte et que vous brisez le cachet de l’emballage des disquettes ou des CD-Rom. Et il en va de même lorsque vous cliquer aujourd’hui sur le bouton ‘I accept’ lors du téléchargement et de l’installation d’un logiciel.

D’ailleurs, lorsque vous achetez un service ou produit en ligne hors de l’Europe, vous remarquerez que vos droits en tant que client sont sensiblement moindres que chez nous, tant en matière de garanties que d’exploitation de vos données. Or c’est précisément ce point qu’abordait le documentaire. Lorsque vous ‘acceptez’ les ‘conditions’ d’un service, d’un produit ou de l’accès à un site, vous concluez que vous le vouliez ou non un contrat avec un tiers. Vous vous engagez dès lors à respecter les conditions mentionnées et à ne pas les contester. Et vous renoncer à intervenir si l’entreprise, l’organisation, l’administration ou toute autre partie exploite les données vous concernant, en vertu des conditions.

Certes, il est regrettable que ces conditions soient rédigées dans un jargon anglais incompréhensible. D’autant que bien souvent, nous ne comprenez déjà pas votre législation nationale, alors que dire des dispositions légales étrangères. Certes, il est regrettable que nous n’appréhendiez pas toutes les conséquences du consentement donné. Imaginez-vous, par exemple que l’appli que vous avez téléchargée sur votre mobile transmette des données de géolocalisation, données qui pourront être exploitées. Certes, il est regrettable de voir que si vous n’êtes pas d’accord, vous ne pourrez utiliser ce produit, ce service, etc. C’est notamment le cas face au choix d’autoriser ou non l’installation de cookies puisque le refus d’installation signifie tout bonnement l’interdiction d’accès au site concerné.

Il existe donc de bonnes raisons de s’insurger et de s’inquiéter mais étonnamment, des progrès ont déjà été enregistrés. Ainsi, les réactions face à l’utilisation des photos d’Instagram à des fins publicitaires notamment ont été amplifiées par le fait qu’il s’agit d’une application perverse du droit d’usage, alors que des services de photos avaient précédemment essayé de s’emparer des droits d’auteur sur les photos. D’ailleurs, il suffit de suivre les procès intentés notamment à Facebook et consorts par l’organe de contrôle allemand sur la vie privée pour constater que certaines frontières en matière de vie privée ne peuvent plus être franchies.

Il n’empêche que fois que l’on a cliqué sur le bouton ‘I accept’, on perd souvent tout contrôle sur ses données personnelles. Surtout dans les pays où tout ce qui n’est pas expressément interdit est autorisé, de nombreuses informations sont collectées, actualisées, échangées, vendues, croisées et analysées tant et plus. Et même des informations qui sont particulièrement sensibles, comme des données médicales notamment. Je ne voudrais pas subir un examen médical en dehors de l’Europe, certainement sans avoir préalablement lu les petits caractères (encore faut-il en avoir le temps…). Et nous ne parlons pas ici des conséquences de fuites de données suite à un vol de données pour les revendre. Ou des données qui sont collectées et mises à jour dans la lutte contre le crime, le terrorisme, etc. Certes, on peut comprendre l’intérêt de ce type d’opérations, mais comme le dit la sagesse romaine “Qui va garder les gardiens?”

Finalement, il n’y a qu’une solution à ce problème, à savoir la nécessité pour chaque individu d’accorder davantage d’attention à ce qu’il souhaite communiquer comme informations. Chacun doit en effet mettre dans la balance l’utilité d’un service ou d’un produit face aux risques potentiels (après s’être informé correctement). En d’autres termes, réfléchissez avant de cliquer ‘I accept’. La vie privée n’est pas seulement une question de droit, mais aussi de responsabilité individuelle. Ou comme j’aime à le répéter: “Je n’ai rien à cacher, mais tout à protéger!”

Pour les personnes intéressées, sur www.tacma.net, un questionnaire ludique permettra de se familiariser avec la question. Le site propose en outre une liste d’outils de protection de la vie privée.

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