Ramon Suarez

Ramon Suarez – L’évolution vers une nouvelle économie collaborative: pay it forward

Ramon Suarez Ramón Suárez est le cofondateur du Betagroup Coworking à Bruxelles. Il a récemment lancé iCourses, une école des métiers du web fondée avec deux autres membres du coworking. Il est aussi le correspondant international de Loogic.com, le principal blog sur les startups et les affaires en ligne d'Espagne.

Soyons clairs: l’économie collaborative n’est pas nouvelle en soi. Elle existe depuis l’apparition de l’homme sur terre.

Soyons clairs: l’économie collaborative n’est pas nouvelle en soi. Elle existe depuis l’apparition de l’homme sur terre. Ce qui a changé, c’est l’évolution vers une nouvelle forme d’économie collaborative qui s’est développée autour des startups technologiques et qui est en grande partie due à internet. Le statu quo perd de l’importance, alors que la méritocratie et l’envie d’agir règnent.

Après le changement du paradigme de production occidental vers une économie des services, nous vivons un nouveau changement où, grâce aux avances en productivité et à l’hyper-vitesse, les entreprises se font de plus en plus petites. Il y a du travail, mais moins d’emplois. L’on connaît une augmentation constante du travail qualifié indépendant, souvent de nature intellectuelle, qui n’a besoin que d’un ordinateur, d’une connexion à internet et d’un GSM pour fonctionner.

Dans ce paysage en pleine mutation, l’on voit aussi l’apparition de plus en plus de formules collaboratives de travail et d’investissement, souvent identifiables par l’utilisation des mots crowd (foule en anglais) et co (racine du mot collaboration), comme dans crowdfunding, crowdsourcing, cocreation, coworking,…

En tant qu’êtres humains et sociables, nous vivons dans un environnement qui nous permet plus que jamais de partager, de donner et de recevoir de l’aide, sur internet comme dans les espaces physiques. Nous évoluons plus que jamais dans un environnement d’apprentissage constant, et ce pour la vie entière, que ce soit pour le travail ou pour le pur plaisir intellectuel.

Le concept du pay it forward (paiez-le à l’avance) est à la base de ce mouvement, même si beaucoup des gens ne sont même pas conscients de l’utiliser. C’est simple, même si l’on a du succès et dans l’ancienne économie du statu quo, l’on ne recevait jamais quelqu’un qui n’était pas à la hauteur. Aujourd’hui, nous nous ouvrons activement pour rencontrer des gens qui débutent ou qui ont des problèmes, afin de les aider par notre expérience et nos connaissances. Et tout cela sans attendre quoi que ce soit en retour. L’on paie à l’avance une faveur que l’autre personne pourrait éventuellement nous faire… ou pas.

La première fois que j’ai entendu parler de ce concept en Belgique, c’était de la part de Xavier Damman, un jeune entrepreneur belge émigré à San Francisco pour développer Storify. Il pratique ce dont il parle, avec des rencontres organisées directement par un simple tweet ou plus structurées, quand il rentre en Belgique. Davy Kestens l’a aussi fait, et il y a plein d’autres entrepreneurs qui sont en train de les imiter.

En fait, Davy est un très bon exemple de cette nouvelle manière de travailler. Entrepreneur, programmeur et designer tout en un, il a commencé à présenter ses projets et à en discuter au westartup.eu, le réseau collaboratif pour les entrepreneurs et starters, ainsi qu’au BetaGroup, le plus grand rassemblement de professionnels et d’entrepreneurs technologiques en Belgique. Ensuite, il a développé des relations de conseil avec des gens qu’il a rencontrés grâce à ces événements et à Leo Exter. Quand Davy a eu son idée de TwitSpark, il s’est vite lancé dans son développement et a rejoint Betagroup coworking à Bruxelles. Là, il a trouvé des conseils de la part de ses coworkers, un professionnel de la finance pour l’aider à élaborer son plan financier et des contacts qui lui ont permis de récolter 1.200.000 dollars pour TwitSpark. Mais il n’est pas le seul à agir de la sorte, puisqu’il y a Picaboo, iCourses, Finance for Startups,… et bien d’autres initiatives.

Les espaces collaboratifs de travail sont en pleine effervescence, pas seulement des coworking spaces, mais aussi des hacker spaces et des fab labs, où l’on fabrique des objets. Les espaces de coworking (co-travail), par exemple, doublent leur nombre dans le monde chaque année, et il y a une véritable éclosion en Belgique aussi. Ce sont des espaces de collaboration par excellence. Personne n’est obligé de partager quoi que ce soit, mais l’ambiance fait que l’on est davantage incité à s’aider et à collaborer les uns avec les autres. En fait, ce n’est pas si différent de travailler dans un espace de coworking que dans un bureau traditionnel: l’on peut considérer les autres coworkers comme des gens d’autres départements, avec l’avantage de ne pas devoir se soucier de la politique propre à l’entreprise, du fait que l’on ne travaille pas pour la même entreprise.

Cette collaboration s’accélère dans ce genre d’espaces, réseaux et communautés, en grande partie grâce au travail de quelques personnes qui servent de connecteurs. Ce sont ces gens qui mettent les gens en relation, qui organisent des rencontres et qui facilitent la prise en contact. Grace à cet ensemble, les découvertes fortuites se multiplient et les frictions se réduisent, ce qui entraîne des retombées positives pour l’économie. Jean Derely, fondateur du BetaGroup, est l’une de ces personnes. Il a beaucoup fait pour l’économie locale grâce à son esprit collaboratif et à son envie d’agir.

Si vous voulez faire partie de cette nouvelle co-économie, rien de plus simple: il vous suffit de participer, partager et créer des opportunités pour faire avancer la collaboration. Payez des faveurs à l’avance et contribuez ainsi à une économie plus dynamique et puissante.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire