Proche du désespoir…

Les récents troubles politiques ont réveillé (une partie de) la population. Quel citoyen “normal” y comprend encore quelque chose? Que se passe-t-il exactement?

Les récents troubles politiques ont réveillé (une partie de) la population. Quel citoyen “normal” y comprend encore quelque chose? Que se passe-t-il exactement? Est-ce que la scission de BHV est si importante qu’elle justifie de plonger à nouveau le pays dans une crise profonde? Est-ce qu’il n’y a pas des dossiers plus importants que ces querelles sans fin au sujet de BHV, comme la récession économique, l’emploi, les pensions, la réforme de la justice, etc.? Est-ce que le monde politique est encore capable de penser de manière rationnelle pour définir des vraies priorités? Est-ce que notre pays est gouverné par des jeux de pouvoir entre les partis et les politiciens? Voilà toute une série de questions au sujet desquelles la plupart des citoyens peuvent formuler une opinion. Ou, pour le dire en termes d’informatique: “l’alignement” entre la politique et le citoyen est complètement décalé.

Selon toute vraisemblance (ce texte est écrit jeudi 29 avril dans la matinée, avant la session de la Chambre) il y aura des élections le 13 juin. Je ne me sens pas capable de lire l’avenir dans ma boule de cristal et de prédire le résultat des élections. Il faut probablement s’attendre à ce que les partis modérés essuient un revers et qu’une série de partis plus extrémistes soient les grands vainqueurs de ces élections. On peut se demander dans quelle mesure un tel résultat signifiera une solution pour sortir de l’impasse actuelle. Je ne me sens certainement pas la vocation de faire des déclarations politiques, mais il fallait que je fasse part de ces considérations personnelles.

S’il y a de nouveau des élections, il faudra sans doute ressortir les vieux ordinateurs de vote électronique de la cave humide et sombre où ils étaient rangés, il faudra les dépoussiérer et les mettre à jour. Je me suis déjà exprimé à maintes reprises contre l’utilisation du système actuel de vote électronique, qui simplifie certes le travail de décomptage après le scrutin, mais qui coûte plus cher par électeur que le vote papier et qui est moins facile d’emploi pour certaines personnes. Par ailleurs, les systèmes utilisés sont vétustes sur le plan technique, ce qui pose des questions quant à la disponibilité et la fiabilité de ces systèmes.

Est-il acceptable de ressusciter ces “vétérans”? Ma réponse est claire: Non! Outre les nombreux manquements fonctionnels du système de vote actuel, le risque est bien trop grand de laisser dépendre les élections de systèmes informatiques défaillants. Les discussions qui commencent déjà par rapport au caractère constitutionnel des élections me paraissent déjà assez graves en elles-mêmes. Mieux vaut éviter un débat supplémentaire sur des problèmes techniques avec les machines de vote. Le vote papier n’a rien de déshonorant! Les Pays-Bas ont également décidé, après une analyse approfondie et de nombreux débats, de supprimer (provisoirement) leur système de vote électronique.

Le nouveau système de vote électronique semble ne pas être encore disponible. Différents articles de presse blâment la lenteur de l’évolution du nouveau système. Mais je voudrais apporter une nuance: ce nouveau système doit être conçu de telle manière qu’il réponde aux nombreuses exigences relatives à la confidentialité, l’intégrité, la disponibilité, l’exactitude, la possibilité de vérifier et d’authentifier, etc., mais il doit aussi répondre à une série de critères techniques pour améliorer la lisibilité, la navigation, la sécurisation, etc. Construire un système répondant à de telles exigences me paraît toujours tenir de l’acte de bravoure.

Je ne suis donc certainement pas pessimiste quant aux retards annoncés dans le développement du nouveau système de vote. J’espère seulement que les concepteurs et les développeurs étudieront soigneusement toutes les exigences, pour créer un système moderne et tourné vers l’avenir. Qu’ils prennent tout le temps nécessaire. Il vaut mieux une solution définitive qu’une solution boiteuse! Vous voyez… finalement, il y a encore de l’espoir…

Carlos De Backer

Carlos De Backer est professeur à l’université d’Anvers et secrétaire du SAI (Studiecentrum voor Automatische Informatieverwerking). Il est en outre membre du comité consultatif de rédaction de Data News.

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