Pourquoi la Belgique a besoin de son propre cloud

En Grande-Bretagne, ils l’appellent simplement le G-cloud, le Government Cloud. Le gouvernement britannique mise en effet à fond sur l’utilisation du cloud computing, et si cela dépendait de moi, nous aurions nous aussi bientôt notre propre ‘nuage’.

En Grande-Bretagne, ils l’appellent simplement le G-cloud, le Government Cloud. Le gouvernement britannique mise en effet à fond sur l’utilisation du cloud computing, et si cela dépendait de moi, nous aurions nous aussi bientôt notre propre ‘nuage’. Nous avons appris entretemps (sur la base d’études britanniques et néerlandaises) que la migration à grande échelle de données vers le cloud peut générer une économie comprise entre 20 et 30%. Et que les pouvoirs publics peuvent effectuer leurs missions plus rapidement et avec plus de flexibilité. Ou encore que nous pouvons réduire considérablement l’empreinte écologique des parcs de serveurs, en diminuant les émissions de CO2 dans une fourchette de 30 à 60%.

Le ‘nuage’ peut également nous aider à réduire le nombre de fonctionnaires, comme l’a clairement démontré l’informatisation des services fédéraux ces 10 dernières années. Les TIC n’étaient pas par hasard l’une des priorités du Fedict, le service public fédéral chargé des TIC. Concrètement, cette politique a déjà mené à quelques mesures et avantages substantiels. Les gains d’efficacité au travail font en sorte que moins de personnes doivent être remplacées.

Je cite volontiers comme référence le service public Affaires sociales, le SPF qui présente les meilleures performances, avec à sa tête Frank Van Massenhove, ancien ‘manager de l’année’ pour la fonction publique. Ses fonctionnaires peuvent travailler où et quand ils le veulent et ils recevront même bientôt des iPad. Rien qu’en rendant le travail plus flexible, il économise 6 millions EUR par an sur les bâtiments. Si on extrapole ce chiffre pour un SPF bien plus grand comme les Finances, l’économie est bien plus importante. Le ‘nuage’ ne les empêche donc pas de bien garder les pieds sur terre aux Affaires sociales.

Par ailleurs, ce cloud s’étend aux médias sociaux. La tendance à interdire Facebook et Twitter au bureau est un combat d’arrière-garde. Pour moi, ce serait en tout cas une petite catastrophe… Et depuis peu également pour différents services de police dans ce pays, qui souhaitent améliorer le contact avec le citoyen grâce à Twitter et Facebook. Aux Pays-Bas, les autorités utilisent Twitter pour informer les citoyens à propos de leur déclaration d’impôts. Ce qui n’est d’ailleurs pas nécessaire chez nous: des millions de Belges se sont déjà familiarisés avec Tax-on-Web, qui est un ‘nuage’ à lui tout seul. Et l’exemple parfait qui démontre que les TIC peuvent également faciliter la vie des citoyens (ne fût-ce que parce qu’ils ne doivent plus se précipiter au dernier moment au service des contributions local pour poster leur enveloppe brune à temps.)

Dans l’ombre du cloud, l’utilisation de données ouvertes participe au développement constant d’un écosystème de développeurs de logiciels commerciaux et non commerciaux qui offrent des solutions créatives aux pouvoirs publics. En ce qui me concerne, l’administration peut dès demain mettre un maximum d’informations à disposition des particuliers et des entreprises. Parce que c’est moins coûteux, plus écologique, plus malin et plus transparent. Et parce que cela ne peut que bénéficier au fonctionnement démocratique des institutions.

Nous pourrons dans un avenir proche nous connecter à tout moment à un flux de données qui correspond de façon étroite à nos propres besoins et centres d’intérêt, un ‘nuage’ d’informations que nous pouvons nous-mêmes façonner. Vous comprendrez qu’en tant que passionné par les nouveautés électroniques, je trouve l’idée extrêmement brillante. Oubliez également les risques de surcharge en cas de situations de crise, lors d’annonces importantes ou autres événements qui exigent temporairement beaucoup de bande passante.

Mais l’open government qui rend le cloud toujours plus concret connaît aussi quelques limites. L’externalisation de l’informatique est une bonne chose, mais les informations sensibles (pour des raisons de protection de la vie privée ou de sûreté de l’Etat) n’ont pas leur place dans un environnement public comme un ‘nuage’, malgré les garanties de services que celui-ci pourrait apporter. Je choisis plutôt une combinaison bien réfléchie d’insourcing et d’outsourcing, d’un ‘nuage de données’ hybride, partiellement accessible au public et partiellement accessible uniquement par des entrées sécurisées.

Franklin Roosevelt et Winston Churchill voulaient plus d’Etat. Ronald Reagan et Margaret Thatcher voulaient moins d’Etat. Grâce à l’internet, nous pouvons à présent avoir les deux. Open data is here to stay, et le phénomène va encore gagner en importance. Les pouvoirs publics peuvent et doivent montrer l’exemple afin de ne pas devenir un dinosaure dans le monde ouvert des médias sociaux et du cloud computing.

Vincent Van Quickenborne, ministre démissionnaire de l’ICT, des télécoms et de l’économie.

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