Nous ne sommes plus amis

Luc Blyaert était rédacteur en chef de Data News

Mon fils cadet m’a rayé de ses amis. En fait, il y a un an et demi déjà, il riait de bon coeur, durant une fête de famille, car il venait de changer son statut en ‘amoureux’.

Mon fils cadet m’a rayé de ses amis. En fait, il y a un an et demi déjà, il riait de bon coeur, durant une fête de famille, car il venait de changer son statut en ‘amoureux’.

A quasiment 15 ans, ce n’était pas la première fois qu’il était sur un nuage. Lors des fêtes de famille avec les tontons, l’on rigole évidemment toujours, mais cette fois, la pilule a quand même eu du mal à passer. Ce Facebook amusant avec ses nombreux billets doux, ses cabrioles, ses futilités et ses infos intéressantes, mais aussi vite oubliées, est à tout le moins surprenant.

Avec une valeur marchande estimée à 50 milliards $, la page Facebook de mon fils vaudrait 100 $ à la Bourse, selon les analystes. Facebook compte en effet 500 millions d’utilisateurs actifs, ce qui représente, selon une autre estimation, un chiffre d’affaires total d’1 milliard $, soit 2 $ par abonné. Je ne comprends absolument pas pourquoi il y a un tel écart entre le chiffre d’affaires et la valeur marchande. Cette remarque s’applique aussi à Twitter, dont la valeur est estimée à 10 milliards $ avec ses 190 millions d’utilisateurs. Cette année, il réaliserait à peine 110 millions EUR de chiffre d’affaires.

La vogue des médias sociaux pourrait bien générer une nouvelle bulle artificielle, mettent à juste titre en garde les prophètes de malheur. Cela ne favoriserait en tout cas pas la reprise économique chancelante, mais cela aurait sans aucun doute des répercussions sur le biotope ICT. Il est clair qu’une masse d’argent est disponible. Rien qu’aux Etats-Unis, l’on a au cours des 5 dernières semaines investi pas moins de 24 milliards $ dans des fonds de capitalisation. Cela n’était plus arrivé depuis début 2007.

Il n’empêche que ces mêmes Facebook et Twitter parviennent à renverser des tyrannies de longue date dans un tourbillon aussi incroyable que fulgurant. Ils suscitent un sentiment de fraternité qui a un impact bien supérieur à la valeur financière. ‘Les amis sur Facebook’, cela prend une toute autre signification dans les pays arabes. Les dictateurs n’ont pas compris cette force, peut-être parce que Ben Ali ou Hosni Moubarak n’étaient eux-mêmes pas présents sur Facebook ou Twitter. Voilà pourquoi il est important de se brancher sur ces médias sociaux, même si vous devez y apprendre que vos enfants ne vous veulent plus comme ami. Qui sait, ils reviendront peut-être sur leur décision, plus tard, comme je l’espère.

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