Inge Geerdens

Mon principal concurrent? La fonction publique (et sa mentalité)

Inge Geerdens Inge Geerdens est entrepreneur et managing director de CVWarehouse.

Admettons que vous soyez à la recherche d’un bon candidat pour un poste en développement web, web design ou architecture informatique. De préférence avec un peu d’expérience, même si ce n’est pas indispensable. Il y a de fortes chances pour que vous ne le trouviez pas ou que vous mettiez énormément de temps avant d’engager quelqu’un. En effet, les candidats pour des emplois disponibles ne se bousculent pas au portillon, et les rares qui sont présents optent bien souvent pour un job au sein de l’administration, ou dans le meilleur des cas, dans une multinationale. Dans notre fonction publique, ils bénéficient en effet de davantage de vacances, d’une pension plus élevée et d’une potentielle nomination définitive. Et, naturellement, ils y ont un horaire fixe, doivent rarement prester des heures supplémentaires et disposent de beaucoup de temps pour faire autre chose. Cela s’appelle aujourd’hui le “parfait équilibre entre travail et vie privée.” Ce qui fait de la fonction publique, en tant qu’employeur, le principal concurrent du secteur privé dans de nombreux métiers. Elle propose de meilleures conditions aux dépens et au détriment du secteur privé.

Admettons que vous soyez à la recherche d’un bon candidat pour un poste en développement web, web design ou architecture informatique. De préférence avec un peu d’expérience, même si ce n’est pas indispensable. Il y a de fortes chances pour que vous ne le trouviez pas ou que vous mettiez énormément de temps avant d’engager quelqu’un. En effet, les candidats pour des emplois disponibles ne se bousculent pas au portillon, et les rares qui sont présents optent bien souvent pour un job au sein de l’administration, ou dans le meilleur des cas, dans une multinationale. Dans notre fonction publique, ils bénéficient en effet de davantage de vacances, d’une pension plus élevée et d’une potentielle nomination définitive. Et, naturellement, ils y ont un horaire fixe, doivent rarement prester des heures supplémentaires et disposent de beaucoup de temps pour faire autre chose. Cela s’appelle aujourd’hui le “parfait équilibre entre travail et vie privée.” Ce qui fait de la fonction publique, en tant qu’employeur, le principal concurrent du secteur privé dans de nombreux métiers. Elle propose de meilleures conditions aux dépens et au détriment du secteur privé.

Un capital-risqueur m’a dit autrefois: “If you can make it as an entrepreneur in Belgium, you can make it everywhere.” Je trouve qu’il s’agit là d’un joli compliment, puisque je parviens à entreprendre en Belgique, dans un marché qui, pour utiliser un euphémisme, n’est pas en grande forme – le recrutement – et dans un contexte économique carrément morose. Chaque jour nouveau est un défi. Et de tous les défis que suppose une économie difficile, parvenir à trouver de bons collaborateurs est le plus gros, tout comme conserver ces collaborateurs. Je rencontre de plus en plus souvent des jeunes gens qui travaillent dans des professions informatiques en pénurie et choisissent l’administration comme employeur. Car quelle société privée peut proposer une nomination définitive et une rémunération compétitive, combinée à toutes sortes d’avantages extralégaux ainsi que des jours de congé supplémentaires et une pension plus confortable? Et ces mêmes jeunes trouvent tout à fait normal de bénéficier de tout cela, car “ils le valent bien”, même avant d’avoir fait leurs preuves. J’ai de plus en plus de mal à trouver des gens qui ont envie de travailler et je me demande où nous allons ainsi. Veulent-ils encore vraiment travailler? Ou veulent-ils avant tout beaucoup de temps libre? Avec tout ce qu’on entend et lit dans les médias, et toutes les actions lancées par l’administration, on continue de créer l’impression que les employeurs exploitent les gens et leur concèdent trop peu. Pourquoi les employeurs seraient-ils responsables d’un burn-out? C’est possible. Mais il est également tout à fait possible que l’employeur soit aussi la victime, en devant se passer ainsi d’un bon collaborateur.

Tous ces signaux créent une mentalité néfaste pour notre société. Le monde devient sans cesse plus petit, les entreprises se livrent une concurrence plus féroce que jamais au niveau mondial, et dans le même temps, nous exigeons ici davantage de bien-être en devant moins travailler. Pourquoi serions-nous mieux lotis que d’autres développeurs ailleurs dans le monde?

L’expérience est amère, d’autant plus que l’administration affirme entre-temps qu’elle veut stimuler l’entreprise: “Les entreprises favorisent le bien-être et l’emploi. Il incombe aux pouvoirs publics de créer un climat favorable aux entrepreneurs et d’accompagner suffisamment les entrepreneurs débutants, pour les aider à réussir”, peut-on lire sur le site web Ondernemen du gouvernement flamand. La crise, nous y survivrons. Mais ce climat favorable aux entrepreneurs que le gouvernement crée? Je m’interroge.

Car la fonction publique fait tout pour attirer les gens exerçant des professions en pénurie, même si cela entraîne des problèmes pour le secteur privé. Cette attitude m’inspire des sentiments mitigés. Ce même gouvernement qui trouve que nous avons besoin de plus d’entrepreneurs et que nous devons tous travailler plus longtemps appâte ses collaborateurs avec un congé parental prolongé et des interruptions de carrière. Ou avec une petite heure de fitness pendant la pause de midi. Ou des tartines dans le parc, avec une pause qui peut alors durer deux heures. Ce n’est pas uniquement une contradiction, on crée ainsi également des salariés pour qui les vacances sont la principale condition de travail. Comment peut-on continuer à entreprendre si le goût du travail disparaît de plus en plus? Pourquoi quelqu’un voudrait-il encore travailler pour une start-up ou devenir lui-même entrepreneur quand il y a tellement plus à obtenir ou tellement à perdre? Heureusement qu’il reste encore quelques fous… et je leur en sais gré. Mais ils sont bien trop rares.

J’aime mon pays, j’adore toutes les bonnes choses et les douceurs que l’on y trouve. Et à l’instar de nombreux autres entrepreneurs, je veux me battre contre la crise et pour l’emploi, pour les entrepreneurs et pour bâtir un avenir pour nos enfants. Mais si les autorités sabotent tous ces efforts, je doute que mon engagement puisse être mené à bien. Je ne peux pas croire que le but des autorités soit d’abord d’encourager les starters, avant de leur faire une concurrence fatale en tant qu’employeur…

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