Mon ego n’est pas assez grand pour Klout

Kristof Van der Stadt
Kristof Van der Stadt Rédacteur en chef chez Data News

Mon ego n’est pas assez grand pour Klout. Désolé. J’ai essayé d’y croire, mais j’ai fini par y renoncer.

Mon ego n’est pas assez grand pour Klout. Désolé. J’ai essayé d’y croire, mais j’ai fini par y renoncer. J’ai cliqué sur ‘opt-out’. Il est vrai après que j’aie dû d’abord rechercher via Google comment je devais m’y prendre exactement, car sur Klout.com, je ne m’y retrouvais pas. Il faut d’abord passer par la privacy policy semble-t-il, cliquer sur le lien opt-out, puis donner quelques fois explicitement son assentiment de vouloir vraiment s’en aller. L’on voit du reste alors encore apparaître la fenêtre émergente qui explique que cela prend jusqu’à 48 heures avant que le compte soit supprimé, et que cela peut en outre durer jusqu’à 180 jours avant que toutes les traces du compte soient effacées. Et c’est sans parler de l’avertissement – ou serait-ce une menace? – que cela prendra encore 90 jours avant de se voir attribuer un nouveau score Klout au cas où l’on voudrait reproduire la parabole du fils perdu. Ah, je ne me fais aucune illusion: avec ce genre de services ‘cloud’, l’on n’est jamais totalement quitte. Peut-être devrais-je faire le test et vérifier si je peux récupérer toutes mes données au cas où je déciderais de rentrer au bercail au bout de 180 jours? On parie?

Non pas que j’en ai l’intention, car l’utilité de Klout m’échappe de plus en plus. Quelle est donc la valeur ajoutée d’un service web qui attribue à votre moi virtuel un score duquel d’autres doivent en un clin d’oeil déduire si vous êtes ‘influent’? Qu’est-ce que cela signifie vraiment? Comment mesurer d’ailleurs l’influence de quelqu’un? Comment évaluer un tweet extrêmement sensé pour certains avec quelques retweets seulement face à un petit film drôle mettant en scène des dizaines de bouts de chou sur Facebook? Et comment mettre cela en rapport avec le nombre d’amis et de fans des personnes concernées? Klout ne le sait manifestement pas lui-même, sinon pourquoi ses algorithmes pseudo-scientifiques complexes et strictement secrets changeraient-ils si souvent? Ou comme l’a joliment expliqué quelqu’un sur Twitter à l’occasion du tout dernier changement plus tôt cette semaine: Klout a toujours plus des airs de poudre à lessiver. Qui lave encore plus blanc.

Honnêtement, quelqu’un qui se trouve sur Klout, préfère engranger le score le plus élevé possible et pouvoir se taper sur la poitrine. Et se comparer avec des collègues, concurrents, amis et ennemis. Et bien moi, je ne le veux plus. Je ne veux pas me sentir mal, parce que je suis descendu d’un petit pour cent ou parce que mon score suit une courbe négative suite à des vacances bien méritées sans joujou numérique à proximité. Je ne veux pas non plus voir mon ego croître simplement parce que j’ai grimpé de quelques pour cent. Et je ne veux pas ressentir constamment cette absurde nécessité de surfer encore et encore sur Klout.com pour y vérifier si mon score a changé. Je ne le veux plus: je suis déjà suffisamment asservi numériquement comme cela. Et donc, j’ai cliqué aujourd’hui sur opt-out. Et si vous le faisiez à présent massivement aussi, là je serais réellement influent. Mais Klout ne le saurait plus. Même si, selon ce même Klout, j’étais depuis peu influent sur le sujet… Klout.

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