Une start-up louvaniste transforme les drones en collecteurs de données

Maxime Bossens, Vishal Punamiya et Stanislas van der Vaeren, les 3 fondateurs de Sitemark (de g. à dr.).

Ce qui a commencé dans un café de Kraainem s’est mué aujourd’hui en une entreprise de données active dans le ciel de 22 pays. A ce point active d’ailleurs que l’Europe a investi sans sourciller 1,8 million ? pour développer l’entreprise

Ne dites pas entreprise de drones, mais ‘aerial data company’. Pourtant, tel était l’objectif au point de départ. ” Nous nous sommes retrouvés à 3 dans un café pour évoquer l’idée de mieux connecter des drones. On voyait apparaître de nouvelles solutions automatisées et avons planché sur un projet susceptible de permettre à des drones de collecter automatiquement des données “, explique le CEO et cofondateur Vishal Punamiya qui a créé l’entreprise avec Stanislas van der Vaeren et Maxime Bossens.

Sitemark a démarré ses activités à l’été 2016 sous le nom de Dronegrid. L’ambition initiale étant de concevoir tant du matériel que du logiciel pour permettre aux drones de rassembler des données. ” A l’époque, il n’y avait aucun acteur global et il fallait donc offrir les deux à la fois. ” Finalement, l’entreprise est entrée en contact avec VITO (l’institut flamand pour la recherche technologique) et a ainsi pu lancer ses premiers projets.

Reste que concevoir à la fois des drones et développer du logiciel pour ceux-ci apparaissait comme compliqué sur un marché en pleine mutation. En décembre 2016, l’entreprise décidait de changer de cap, sachant que la fabrication de drones était complexe au niveau régulatoire, alors que le leader du marché DJI venait de permettre d’accéder au contrôleur de navigation de ses propres appareils, ce qui permettait de connecter des drones sur le logiciel de la start-up louvaniste.

Panneaux solaires

Désormais, Sitemark est active dans l’énergie, la construction et l’exploitation minière. Ainsi, elle a conclu un contrat sur 4 ans avec son premier grand client, Eneco. ” Ils possèdent énormément de panneaux solaires, ce qui nous a permis d’entrer sur ce marché. Peu après, nous avons signé avec Engie, ce qui nous a donné d’un coup une part de marché de 30 à 40 % en Belgique. Via Engie, nous sommes également actifs aux Pays-Bas, en France et en Allemagne. Puis tout s’est accéléré et en septembre 2017, nous étions dans 5 pays. Et depuis juillet, nous sommes présents dans 25 pays.

La technologie de l’entreprise permet d’inspecter des panneaux solaires. ” En Belgique, il est possible de compter les panneaux à la main, mais sur un terrain de 300 ha en Australie, ce n’est plus faisable. Grâce à des caméras de chaleur, il est en outre possible de mesurer la chaleur à 0,05 ° C près, ce qui permet d’identifier les problèmes avec une extrême précision “, explique Punamiya. Pour ce faire, l’entreprise utilise notamment l’IA. ” Il existe différents types et modules que nous apprenons à reconnaître. C’est un peu comme un enfant qui apprend les marques de voiture. Chaque continent a ses propres spécificités, mais on finit par savoir de quel type de voiture il s’agit. ”

Punamiya s’enthousiasme lorsqu’il explique la rapidité avec laquelle son entreprise s’impose dans un ‘nouveau’ pays. ” Nous pouvons lancer un projet en une semaine dans un pays en développement, contre 2 à 3 semaines dans d’autres régions. Un nouveau client avait besoin de nous pour un projet avec la Banque mondiale en Zambie et nous avons pu démarrer très rapidement. ”

Réseau d’indépendants

L’un des atouts majeurs de Sitemark est sa capacité à permettre au client de lancer assez vite lui-même son projet. Dans le cadre d’une démo, Punamiya explique comment, via le site Web, il est possible d’indiquer les zones qui doivent être inspectées. Une vingtaine d’algorithmes définissent un prix et un délai en quelques secondes. Une fois que le client s’est décidé, un plan de vol est établi et un pilote est contacté.

Au niveau des pilotes, l’entreprise fait appel à un réseau d’indépendants. ” Le pilote connecte son drone à un iPad ou smartphone puis à notre plate-forme, tout le reste étant automatisé. Il se contente d’actionner la télécommande pour des questions régulatoires. Même si les capteurs de l’appareil sont sales, le drone revient à l’endroit de départ. ” Rien qu’en Belgique, les pilotes peuvent gagner selon lui entre 8.000 et 20.000 ? par mois. Outre la formule selon laquelle Sitemark prend tout en charge, il est également possible aux clients d’utiliser leur propre logiciel, n’importe où ou dans certains cas uniquement.

Support de l’Europe

Au départ, Dronegrid avait déjà reçu le soutien de l’IWT. Et cet été, Sitemark a été la seule entreprise belge (de ce tour de table) à être retenue pour Horizon 2020, un programme européen destiné à permettre à des entreprises de se développer pour devenir des acteurs mondiaux dans le cadre d’un financement de 1,8 million ?.

” L’Europe impose évidemment certaines conditions, comme la création d’emplois. Mais le dossier doit aussi porter sur la commercialisation d’une technologie de pointe. Il faut disposer d’un avantage technologique, comprendre le marché, développer un plan d’entreprise et expliquer comment on entend devenir l’acteur n° 1 dans les prochaines années. En outre, nous pouvons montrer que nous sommes déjà actifs dans plusieurs secteurs, même si notre technologie clé est identique dans ces différents domaines “, ajoute Vishal Punamiya.

Les projets en cours et les investissements permettent à l’entreprise de se donner les moyens d’accélérer son développement. ” Naguère encore, je m’occupais seul des ventes. Mais désormais, nous avons engagé un commercial et disposons depuis peu d’un bureau aux Etats-Unis en charge de la vente. Très prochainement, nous allons aussi ouvrir un siège au Japon et nous envisageons de nous implanter en Chine l’année prochaine. Rien que du point de vue de la culture, de la langue et du décalage horaire, il est préférable d’avoir quelqu’un sur place dans ces pays. ”

Une start-up louvaniste transforme les drones en collecteurs de données
© Getty Images/iStockphoto

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