Quid si un réseau sait ce que vous envisagez de faire ?

En juin 2017, Cisco annonçait son réseau intent-based. Or il s’agit bien plus que d’une simple annonce de produit. Lors de la récente conférence utilisateurs Cisco Live à Barcelone, l’entreprise a en effet précisé qu’il s’agissait d’une approche totalement nouvelle de la réseautique.

Intent-based networking (IBN) ou réseau intuitif : voilà l’un des nouveaux termes en vogue dans l’environnement des réseaux. La technologie abstrait la complexité du réseau et automatise des tâches qui étaient autrefois confiées manuellement à des ingénieurs réseau. En un sens, l’IBN s’inscrit dans la droite ligne du software defined networking (SDN). L’idée sous-jacente à l’IBN est triviale : le réseau ne se limite pas à détecter des problèmes, mais aussi à les résoudre directement. Ou mieux encore : le réseau est suffisamment intelligent pour savoir qu’il doit entreprendre une action permettant d’éviter que le problème apparaisse. Dimensionnement dynamique, déplacement de charges de travail, problèmes de connectivité, etc. : le réseau travaille en pilote automatique. Et tout comme le pilote automatique d’une voiture est un puzzle qui se met progressivement en place, un tel réseau automatique ne se lance pas en un tournemain.

Vous savez, en un sens, Cisco a toujours été un éditeur de logiciels.

Cisco prend désormais le leadership en matière d’IBN en annonçant dans le cadre de la conférence utilisateurs Cisco Live de Barcelone de nouveaux éléments de réseaux intuitifs.

” Il s’agit là d’une transition plus importante que lors du passage du bridging au routage ou du central téléphonique PBX à la téléphonie IP “, insiste Gordon Thomson, managing director Digital Acceleration pour la région EMEAR (Europe, Moyen-Orient, Afrique et Russie) au sein de Cisco. Une prise de position forte qui démontre que Cisco entend bien se positionner comme le standard en matière d’intent-based networking.

Pour sa part, Ivan Duggan, responsable des réseaux d’entreprise de Cisco EMEAR, va même plus loin. ” Ce que nous présentons aujourd’hui avec l’IBN est une technologie innovante. Non qu’il s’agisse d’une solution totalement nouvelle – nous utilisons différentes expertises provenant d’autres produits et solutions comme une sorte de levier -, mais le fait de les combiner au sein d’une plate-forme holistique est totalement nouveau. Ce faisant, nous prenons une sérieuse avance sur la concurrence. Je suis curieux de voir les réactions du marché. Je ne serais pas surpris que l’IBN déclenche une nouvelle vague de consolidations et/ou d’acquisitions. ”

Assurance

Cisco tient à insister sur le fait que l’innovation touche l’ensemble de son portefeuille de produits. En effet, Assurance est en somme le fil rouge des nouveautés annoncées. Au niveau du centre de données, la société dévoile son Network Assurance Engine qui vérifie constamment si le réseau se comporte comme il se doit, même en cas de modification dynamique. Et pour les grands réseaux d’entreprise, Cisco présente son DNA Center Assurance, une technique permettant de gagner du temps et de l’argent lors du diagnostic de problèmes IT. Et pour les clients Meraki, l’entreprise annonce le nouveau Wireless Health qui sera déployé dans les prochains mois sous la forme d’une mise à niveau gratuite et permettra de remédier rapidement aux problèmes que rencontrent les réseaux sans fil. ” Nous constatons en Belgique un intérêt soutenu pour les produits Meraki, confie Arnaud Spirlet, country manager de Cisco Belux. Dans les hôpitaux notamment, mais aussi le secteur public. C’est ainsi que nous venons de décrocher avec Dimension Data un gros contrat pour le SPF Finances. Il s’agira là du coup de la plus grosse installation Meraki dans notre pays. ”

Pourquoi ?

Quel est l’intérêt de l’intent-based networking ? Et les clients sont-ils vraiment demandeurs ? ” Du fait de l’explosion des données ainsi que du nombre d’appareils et d’utilisateurs connectés, il devient impossible de tout faire manuellement. L’automatisation est tout simplement indispensable pour avoir des réseaux performants, intelligents et sécurisés “, répond Edwin Paalvast, président de Cisco EMEAR. Or cette sécurité doit être intégrée en standard, entendez la security by design. Dès lors, les réseaux doivent être réinventés, également dans l’optique des environnements multi-cloud. ” 95 % de nos clients travaillent ou veulent travailler avec plusieurs prestataires cloud en combinant les clouds publics et privés. Cette demande engendre de nouveaux problèmes que nous devons résoudre “, ajoute Rowan Trollope de Cisco EMEAR.

Je ne serais pas surpris que l’IBN déclenche une nouvelle vague de consolidations et/ou d’acquisitions.

Se concentrer sur l’analyse

Pour proposer des réseaux autogérés ou proactifs, il est évidemment nécessaire de disposer de ‘données d’intuition’ (intent data) afin que le réseau ‘comprenne’ ce que souhaite un appareil ou un utilisateur. ” Pour l’instant, nous nous concentrons largement sur la segmentation, entendez la classification des utilisateurs, des processus et des services sur un réseau. C’est également nécessaire dans une optique de sécurité : une fois qu’une personne ou un appareil a passé le mur d’enceinte, il ne peut en tout cas plus se promener dans toutes les pièces du château. Or nous constatons que de nombreuses grandes sociétés comme les banques, distributeurs d’énergie ou entreprises ayant une infrastructure critique se rendent compte qu’il ne suffit plus d’ériger un mur de protection “, explique Edwin Paalvast.

” Certes, la connectivité reste importante à nos yeux, mais la Cisco moderne entend offrir une valeur ajoutée à ses clients. Et nous pensons que celle-ci ne se situe plus dans la connectivité proprement dite, mais dans les données. Saviez-vous que nous sommes le seul acteur réseau à investir massivement dans l’analyse de données ? “, enchaîne Thomson.

” La segmentation est un domaine qui intéresse nettement les clients belges, ajoute Frank De Reymaeker, responsable du département Enterprise Networking au sein de Cisco Belux. Nous constatons une nette demande dans la mesure où il s’agit d’une réponse à un besoin précis. ”

L’IBN dans une gamme complète

Ces annonces montrent que Cisco devient nettement plus que par le passé un éditeur de logiciels. ” Cela dit, je ne pense pas qu’il soit possible, contrairement à ce qu’affirment nos concurrents dans le software-defined networking, de scinder totalement le matériel du logiciel. La capacité à extraire beaucoup de données en temps réel d’un réseau avant de l’analyser et de prendre ensuite les actions nécessaires représente une plus-value pour beaucoup d’entreprises. Mais à mes yeux, il faudra toujours disposer pour ce faire de matériel performant. ”

” Vous savez, en un sens, Cisco a toujours été un éditeur de logiciels, estime Ivan Duggan. Nous développions des logiciels qui étaient intégrés dans une plate-forme matérielle. La comparaison avec l’iPhone d’Apple prend tout son sens : ce n’est pas le matériel qui fait la différence, mais bien le logiciel intégré. “

Quid si un réseau sait ce que vous envisagez de faire ?
Quid si un réseau sait ce que vous envisagez de faire ?
© Ben Phillips

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