Livré aux vandales…

Début mars, ma connexion internet refusa subitement tout service. Cela arrive de temps à autre, mais quasiment jamais longtemps. Cette fois-là pourtant, j’ai dû attendre plusieurs heures avant une certaine amélioration de la situation. J’arrivais parfois à accrocher un site web, mais cela prenait un temps fou.

Début mars, ma connexion internet refusa subitement tout service. Cela arrive de temps à autre, mais quasiment jamais longtemps. Cette fois-là pourtant, j’ai dû attendre plusieurs heures avant une certaine amélioration de la situation. J’arrivais parfois à accrocher un site web, mais cela prenait un temps fou.

“Il y a des problèmes, et nous ne savons pas quand ils seront résolus”, m’a expliqué mon ISP. Il est finalement apparu que ces problèmes étaient dus à une cause aussi inattendue que ridicule. Des inconnus avaient en effet sectionné pas moins de quinze câbles à fibre optique dans un tunnel ferroviaire à Zaventem. Ils avaient en outre coupé ces câbles en plusieurs endroits, de sorte que leur réparation dura en fin de compte douze heures. Tous les fournisseurs belges importants furent victimes de cet incident. Ils durent dévier le trafic par d’autres connexions, parfois assez lentes. Les conséquences se firent sentir même à l’étranger. Nonante pour cent du trafic internet entre la Belgique et les Pays-Bas fut par exemple temporairement perturbé.

Je n’imaginais pas qu’une importante connexion par fibre puisse être ainsi exposée dans un tunnel accessible à tout un chacun. Ce qui m’a interpelé aussi, c’est que cet acte de sabotage a à peine éveillé l’attention. Il n’y a que sur des sites web spécialisés comme celui de Data News qu’on aborda brièvement le sujet, et ce fut tout. Les réactions des lecteurs ont cependant été instructives. En raison de leur caractère souvent anonyme, il est certes malaisé d’en contrôler le degré d’exactitude, mais à en croire du moins une partie de ces réactions, il existe bien d’autres câbles importants qui n’attendent que le… mauvais vouloir d’un saboteur, vandale ou espion.

De même, les armoires de routeurs chez les ISP semblent être mal sécurisées, du moins c’est ce que dénonce l’une des réactions sur le web. Un certain “FlashBlue” affirme en effet qu’en 2007 chez un opérateur télécom belge en vue, une armoire de ce genre a été volée, et que l’on ne s’en est aperçu que quand les clients ont commencé à se plaindre que leur routing cloud était hors service. Même si l’on n’en parle guère, des actes de sabotage comparables sont aussi commis dans d’autres pays. C’est ainsi que fin février de cette année, des vandales vandales ont coupé un câble à fibre optique dans la ville américaine de Birmingham. Et que début avril, un câble à fibre d’AT&T a été sectionné dans la Silicon Valley. AT&T a même promis une récompense de 250.000 $ à qui aiderait à arrêter les vandales. A Lagos au Nigéria, c’est la principale connexion par fibre optique de l’opérateur télécom national Nitel qui fut sabotée à trois reprises en deux mois à la fin de l’an dernier.

Il serait bon que l’on investisse dans la protection électronique et la surveillance des réseaux. La protection physique ne peut cependant pas non plus être ignorée. Tout cela a évidemment un prix. Or, il n’y a souvent pas assez d’argent. Mais que représente encore un trafic de réseau parfaitement sécurisé, si des saboteurs ou des vandales ont tout loisir de couper le câble par lequel ce trafic transite? Installer plus de connexions annulaires et utiliser davantage de routeurs périphériques, cela aiderait assurément. Eliminer les points individuels de défaillance revient très cher. Et cela ne protège pas contre les coupures de câble ou les armoires de routeurs aisément accessibles. Tout espion peut en effet sans problème y installer une taupe et mettre ainsi sur écoute tout le trafic réseau d’un ministère, d’une entreprise, voire d’un pays tout entier. Voilà de quoi peut-être inciter à revoir les priorités en matière de sécurité. Et à crypter de toute façon le trafic sensible… Mais cela aussi, cela coûte naturellement beaucoup d’argent.

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