Jo Caudron

Le numérique, seulement maintenant vraiment stratégique

Jo Caudron Jo Caudron est fondateur de DearMedai et de SocialSeeder. En outre, il est orateur de premier plan sur la technologie et les médiaux sociaux.

Je suis dans le secteur numérique depuis 1993. Entre-temps, j’ai vécu pas mal d’évolutions et ai même contribué à certaines d’entre elles. Les premiers sites web, les plateformes transactionnelles, les sites e-commerce, les sites mobiles puis les applis, les premières communautés, les sites pour TV intelligente, etc. Un large éventail de défis variés et à chaque fois nouveaux.

Je suis dans le secteur numérique depuis 1993. Entre-temps, j’ai vécu pas mal d’évolutions et ai même contribué à certaines d’entre elles. Les premiers sites web, les plateformes transactionnelles, les sites e-commerce, les sites mobiles puis les applis, les premières communautés, les sites pour TV intelligente, etc. Un large éventail de défis variés et à chaque fois nouveaux.

Une chose est toutefois restée pendant toute cette période: le numérique se situait à la marge de l’entreprise. Les projets étaient initiés en tant qu’expériences marginales, recevaient progressivement toujours plus d’argent et de moyens, mais ne touchaient presque jamais au coeur de métier des entreprises.
Aujourd’hui, on peut affirmer que le numérique est devenu adulte.

Et pourtant, il n’est que rarement vraiment stratégique. Le numérique reste souvent un élément vertical, à côté d’autres canaux classiques, mais est rarement véritablement intégré au reste de l’entreprise. À moins que vous soyez évidemment Über, Tesla ou Coolblue.

Ce constat devient tout doucement un problème critique. Depuis peu, nous constatons heureusement un changement d’attitude dans les premières entreprises. Un état d’esprit se met en place, qui prône que le numérique se déplace de la marge vers le coeur de la stratégie de l’entreprise. Les exemples de secteurs qui sont profondément perturbés par le numérique sont en première ligne: le monde de la musique, les petites annonces, la location de vidéos, certains types de médias, le secteur du voyage, etc. ils servent tous d’avertissement pour le CEO attentif, conscient que cela peut arriver à nous tous, et ils nous aident doucement à réaliser que la transformation numérique est bien réelle.

Il est frappant de voir comment certains secteurs (pensez à la vente au détail) ont évolué en à peine un an d’une attitude “tout va plutôt bien” à un certain état d’urgence qui fait que la transformation numérique se retrouve soudainement en haut des priorités.

La pression exercée d’une part par la conjoncture et d’autre part les Zalando de ce monde n’y est pas complètement étrangère. Il y a soudain une prise de conscience que le numérique n’est plus un jouet sympathique, mais est d’une importance cruciale. La non-compréhension de l’impact de la disruption numérique pourrait donner à la transformation la mauvaise orientation, avec des conséquences désastreuses.

Le problème de la révolution numérique à laquelle nous sommes tous confrontés, c’est que l’histoire risque de ne pas être très agréable pour beaucoup d’entre nous. La transformation numérique a dans le passé rarement mené à des scénarios positifs. Dans les secteurs qui ont survécu à la transformation, celle-ci a été de pair avec une perte de valeur et la nécessité d’apprendre à fonctionner dans un monde complexe et fragmenté.

Mentalement aussi, le défi est de taille : en tant que CEO et actionnaire, vous devez apprendre à vous détacher de votre business actuel et à rechercher les alternatives pour demain. Je ne veux pas dire par là qu’il faut jeter par-dessus bord les activités existantes, car je suis convaincu qu’il sera crucial de continuer à créer de la valeur aussi longtemps que possible avec les modèles existants. Mais être trop attaché au vieux business sera par contre un frein pour l’avenir.

Il est évidemment facile de prédire des histoires négatives. Avant de réaliser, vous êtes taxé d’expert autoproclamé, de nouveau gourou des médias ou d’oiseau de mauvais augure. Mais je dois bien admettre que je me sens parfois comme le professeur fou dans les nombreux films catastrophes qui essaie en vain de prévenir les dirigeants mondiaux du risque imminent (biffer les mentions inutiles) d’une invasion d’aliens, d’un tremblement de terre, d’une tornade gigantesque…

C’est pourquoi nous devons commencer à regarder la transformation numérique de façon positive. Les signaux sont clairs, les exemples aussi. Chaque organisation est dans l’obligation de faire l’inventaire de l’impact possible de la digitalisation sur son propre business.

La reconnaissance du problème est la première étape vers une solution. S’il s’avère que la disruption est grande et que la transformation est naissante, l’entreprise doit s’y mettre MAINTENANT. Pas dans un petit coin (numérique), mais au top niveau. Il n’y a selon moi aucun secteur qui serait déjà condamné aujourd’hui, mais c’est à la condition que le problème soit reconnu et que la solution soit lancée avec la plus grande urgence.

Expliquer comment s’y prendre nécessite beaucoup plus qu’une chronique. C’est pourquoi nous avons décidé de rendre notre vision et approche de la transformation numérique publiques sous la forme d’un livre qui paraîtra prochainement. Peut-être ouvrirons-nous de ce fait notre boîte de consultant mystique et lèverons le voile sur une bonne partie de nos leçons apprises, mais le degré d’urgence est si élevé que nous considérons ceci comme notre modeste contribution au grand changement.

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