Le nouveau gouvernement est-il favorable aux TIC ?

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Tout le monde ne semble toutefois pas convaincu du rendement des investissements dans l’e-gouvernement et les TIC. Pourtant, il y a encore pléthore de fruits à cueillir dans le verger eGov. Agoria va dès lors suivre d’un oeil critique l’élaboration du budget fédéral.

Le jeudi 1er décembre ont été décernés pour la huitième fois les eGov Awards d’Agoria. Au cours d’une soirée de gala réussie, l’ONSS, la ville de Gand, la Région wallonne, FedICT et le SPF Emploi ont été primés. Tous les nominés avaient soumis de beaux projets TIC créatifs de nature à améliorer d’un cran l’efficacité des services publics dans leurs relations avec les citoyens et les entreprises. Tout le monde ne semble toutefois pas convaincu du rendement des investissements dans l’e-gouvernement et les TIC. Pourtant, il y a encore pléthore de fruits à cueillir dans le verger eGov. Agoria va dès lors suivre d’un oeil critique l’élaboration du budget fédéral.

Nous craignons en effet que certains perçoivent les TIC comme un poste sur lequel il est possible d’économiser, et non comme une source possible de revenus. Peut-être sont-ils secrètement en faveur du maintien en poste d’un maximum de fonctionnaires, plutôt que pour un accroissement de l’efficacité. Quoique j’aie rencontré jeudi soir beaucoup de hauts fonctionnaires qui ont formulé des propositions d’économies osées, notamment grâce à des projets TIC, plutôt que des économies linéaires aveugles.

La remise des eGov Awards était également l’occasion idéale pour examiner d’un oeil critique la relation entre les autorités et les entrepreneurs qui les aident à mettre leurs projets TIC sur pied. Qu’avons-nous appris, entre autres choses ? Nous adressons ici encore quelques propositions budgétairement neutres au nouveau gouvernement.

Accroître la visibilité et la transparence de l’eGov Mettez en place une “boîte à outils” des pratiques d’excellence permettant aux autorités d’apprendre les unes des autres ET d’augmenter la visibilité des projets pour le grand public. Les Pays-Bas nous montrent l’exemple : ils ont développé un tableau de bord national des TIC, le “Rijks-ICT-Dashboard” (http://www.rijksictdashboard.nl/), qui est en réalité un site web où sont répertoriés tous les projets eGov, avec des explications sur le pourquoi, le comment, le budget et la mise en oeuvre. Ainsi, les citoyens, et bien sûr aussi les autorités elles-mêmes, peuvent voir précisément à quoi les recettes fiscales sont affectées et ce que cela rapporte. Par le biais de ce site, les administrations peuvent en outre s’inspirer des projets de leurs collègues. Vu la complexité toujours croissante des structures étatiques chez nous, ce dernier point est d’ailleurs plus que bienvenu.

Davantage de concertation pour les marchés publics Pourquoi les entreprises ne pourraient-elles pas réfléchir de concert avec les autorités durant la phase de pré-projet ? Une bonne concertation préalable permettrait d’éviter de nombreux malentendus et favoriserait également la concurrence. Car les marchés publics suscitent actuellement trop peu d’intérêt parmi les entreprises. Ce qu’il faut absolument éviter, ce sont des formules qui transfèrent sans limites les responsabilités sur les épaules d’acteurs qui ne sont pas de taille à les supporter. Les récentes propositions concernant les marchés publics et les clauses pénales constituent un pas dans la bonne direction.

Des accords clairs en matière de respect de la vie privée Le respect de la vie privée est toujours bien un thème actuel. La photo du “conducteur en tort” sur Twitter, l’utilisation de Facebook pour s’exprimer à propos de son employeur, jeter un oeil curieux sur des maisons après le lancement de Google Street View… Il y a là un sacré boulot pour les juristes. Mais combien de fois les décideurs n’ont-ils pas déjà brandi le respect de la vie privée pour ne pas devoir étudier de bonnes propositions de projets ? Pour éviter de devoir demander plusieurs fois les mêmes informations aux citoyens, il est important qu’un échange de données soit possible au sein de l’administration publique. Car comment combattre efficacement la fraude si une autorité de contrôle n’obtient pas certaines données de ses collègues ? En période de disette budgétaire où le moindre euro compte, cela nous paraît une considération importante.

Autoriser la réutilisation des informations publiques Selon une étude de la Commission européenne, un marché de 900 millions d’euros pourrait voir le jour si les données publiques pouvaient être réutilisées à des fins commerciales. Les autorités doivent évidemment décider elles-mêmes des données qu’elles souhaitent mettre à disposition. Mais certaines questions demandent encore des réponses. Il faut informer le monde des entreprises au sujet des données ouvertes par le biais de catalogues. Où ces données se trouvent-elles ? Moyennant quelle rétribution pouvons-nous les utiliser ? Quid des questions techniques et juridiques telles que les formats disponibles et les conditions de licence ?

En temps de disette budgétaire, il faut être créatif. Cela vaut bien sûr aussi pour les entreprises privées qui souhaitent proposer des solutions et doivent peut-être faire preuve de plus de compréhension envers le contexte dans lequel les autorités doivent travailler. Davantage de collaboration est en tout cas la voie à suivre pour parvenir à de meilleurs projets.

Paul SOETE CEO Agoria

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