Le ‘laboratory-on-a-chip’ de l’Imec: la prochaine révolution dans les soins de santé

© miLab
Frederik Tibau est rédacteur chez Data News.

Le spécialiste louvaniste en nanotechnologie Imec va conjointement avec la Johns Hopkins University américaine mettre au point un ‘laboratoire sur une puce’ (miLab) pour permettre aux particuliers d’effectuer rapidement et à moindre coût des analyses médicales sans faille.

Pour y parvenir, miDiagnostics a été créée. Il s’agit là d’une nouvelle petite entreprise qui a déjà pu recueillir 60 millions d’euros auprès d’investisseurs tels Marc Coucke, Michel Akkermans et PMV, et qui occupera directement une cinquantaine de personnes.

La puce miLab ne sera pas plus grande qu’une clé USB et sera équipée d’une minuscule aiguille. Ce ‘labo jetable’, qui devrait coûter entre 10 et 20 euros, sera couplé à une plateforme de smartphone. Par le biais d’une piqûre dans le doigt, les utilisateurs pourront effectuer une analyse médicale complète (ADN, protéines, virus, cellules sanguines,…). Les résultats s’afficheront à l’écran dans le quart d’heure qui suit.

Le patient pourra ainsi savoir directement où en est son taux de cholestérol, et son médecin ne devra plus attendre une demi-semaine les résultats d’une analyse de sang effectuée par un laboratoire spécialisé classique. Il sera même possible de contrôler soi-même à intervalles réguliers si l’on développe des cellules cancéreuses dans le sang.

“Une médecine proactive et personnalisée pourrait en outre réduire fortement les coûts dans les soins de santé”, affirme Luc Van den hove, CEO de l’Imec. “Avec cette plate-forme, nous rendrons les soins de santé plus abordables pour un grand nombre de personnes dans le monde. miLab pourrait rencontrer un grand succès surtout dans les pays en voie de développement.”

Durant une conférence de presse tenue à Louvain, les protagonistes ont aussi évoqué un élément qui va réellement ‘changer la donne’. “C’est quelque chose qui peut améliorer le sort de l’humanité tout entière”, ajoute Michel Akkermans, qui ne mâche pas ses mots.

“Lors de la récente épidémie d’ebola en Afrique, l’on a réagi tellement lentement, parce que les médecins disposaient de trop peu d’informations. En utilisant miLab, l’on saura au bout de quelques minutes déjà ce qu’il en est. Et via la plate-forme ‘cloud’, l’on pourra comparer instantanément des échantillons sanguins.”

60 millions pour miDiagnostics

Ne vous ruez cependant pas chez votre pharmacien car cela prendra encore quelques années, avant que les ‘puces jetables’ soient vraiment commercialisées. Les différents composants techniques (qui interviennent pour les différents tests que le produit final pourra effectuer) sont aujourd’hui au point, mais ils doivent encore être intégrés à une seule et même puce. Ensuite, la Johns Hopkins University devra développer plus avant les processus de test et – important! – veiller à la validation clinique, notamment auprès de la FDA américaine.

Pour pouvoir suivre le tout pas à pas, une nouvelle petite entreprise a aussi été créée: miDiagnostics. Au cours d’une première phase de financement, cette ‘startup’ a déjà réussi à recueillir 60 millions d’euros auprès de Marc Coucke (qui en a à lui seul assuré quasiment la moitié avec ses 29,5 millions), de l’entrepreneur en série Michel Akkermans (12,5 millions) et de PMV (10 millions), ce qui est assurément un record pour une ‘première phase’ en Flandre.

“miDiagnostics aura pour tâche de finaliser la plate-forme miLab, afin que l’on puisse le plus rapidement possible la déployer commercialement et atteindre une masse critique”, explique Van den hove à Data News. “Dans un premier temps, nous produirons les puces à l’Imec même, mais lorsque nous évoluerons vers des quantités réellement importantes, nous impliquerons d’autres partenaires hardware par le biais d’un modèle de licence. Sur ce plan, l’Imec n’est pas mal positionné (rire).”

Selon les initiateurs, une commercialisation devrait être possible dans les 3 ans et demi au plus tôt. Un certain laps de temps s’avère en effet encore nécessaire pour l’intégration de la plate-forme (voir ci-dessus) et pour la validation auprès des autorités de la santé. Juste avant le déploiement proprement dit, il faudra aussi prévoir une nouvelle phase de capitalisation et rechercher un partenaire supplémentaire.

Réussir

Même si miLab semble devenir un concurrent pour l’autre ‘perle’ flamande qu’est Biocartis (qui développe des labos mobiles pour des tests cliniques rapides), Akkermans et Van den hove ne se précipitent pas pour le réfuter.

“Biocartis a développé un produit capable de remplacer un labo”, disent-ils. “Alors que miLab permettra des analyses individuelles. Ce qui est sûr, c’est que les deux formeront une solide combinaison. Une collaboration sera assurément la bienvenue.”

Marc Coucke se montre en tout cas particulièrement enjoué à propos de miLab et de miDiagnostics: “Il s’agit là du projet belge le plus prometteur que j’ai jamais vu, et nous devons donc veiller à le mener à bien. La combinaison Imec – Johns Hopkins dispose d’une sérieuse avance sur la concurrence, mais il faudra encore accélérer le mouvement.”

Coucke: “Ce projet ne peut échouer par un manque de moyens, quelque chose qui arrive assez souvent en Belgique. Nous allons veiller à ce que l’argent ne soit pas un problème. Il y a ici une opportunité de créer un acteur mondial. Cela peut devenir un événement historique.”

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