Luc Blyaert

L’argent cash est-il à nouveau roi?

Luc Blyaert était rédacteur en chef de Data News

A l’école primaire, il fut un temps où nous mettions chaque semaine un peu d’argent sur notre livret d’épargne. Je ne me souviens plus de la somme, mais bien de ce livret beige de la Caisse Générale d’Epargne et de Retraite. A l’époque, je ne m’étais jamais demandé la raison de la présence de petits trous dans ces livrets appartenant à la banque en qui nous faisions entière confiance. Les banquiers étaient des personnes en costume strict qui savaient quoi faire de notre argent. Le 20e siècle était aussi celui où l’on ne changeait quasiment pas de banque. Sauf en cas de construction ou de rénovation où l’on consultait les conditions d’autres banques. Souvent en vue de forcer la nôtre à faire un geste commercial.

A l’école primaire, il fut un temps où nous mettions chaque semaine un peu d’argent sur notre livret d’épargne. Je ne me souviens plus de la somme, mais bien de ce livret beige de la Caisse Générale d’Epargne et de Retraite. A l’époque, je ne m’étais jamais demandé la raison de la présence de petits trous dans ces livrets appartenant à la banque en qui nous faisions entière confiance. Les banquiers étaient des personnes en costume strict qui savaient quoi faire de notre argent. Le 20e siècle était aussi celui où l’on ne changeait quasiment pas de banque. Sauf en cas de construction ou de rénovation où l’on consultait les conditions d’autres banques. Souvent en vue de forcer la nôtre à faire un geste commercial.

Cette confiance a été ébranlée par la crise bancaire. C’est que ces banquiers semblaient finalement ne pas vraiment s’intéresser à leurs clients. Ils investissaient dans des transactions spéculatives pour un gain rapide leur rapportant un bonus. Les présidents des conseils d’administration expliquaient de leur côté qu’ils ne connaissaient en fait pas grand-chose au monde bancaire. Les top-banquiers déclaraient, eux, qu’ils avaient été trompés par des professeurs d’université. Et les employés de banque affirmaient aux clients que leurs investissements étaient sûrs, même si leur organisisme était déjà en faillite. La criminalité en col blanc est ainsi devenue… monnaie courante dans le secteur bancaire. Qui avait déjà entendu parler d’une bad bank, il y a 10 ans? Une bad bank, avez-vous dit?

D’une good bank, l’on peut attendre qu’elle offre un bon service. Qu’elle maximalise nos intérêts ou, du moins, mette tout en oeuvre pour y arriver. L’on attend aussi qu’elle communique correctement avec ses clients. Qu’elle ne modifie pas sournoisement les conditions générale. Et si changement il y a, qu’elle nous en fasse part en toute transparence. Jusqu’à présent, les banques ont à peine exploité le trésor des données qu’elles possèdent à propos de notre comportement d’achat. Avec la vogue des big data, les banquiers trouvent qu’ils peuvent en fin de compte s’y lancer aussi. L’on imaginerait alors qu’ils pourraient attirer l’attention des clients sur de meilleures conditions d’achat. Et bien non, les banquiers veulent vendre nos données à des retailers. C’est ING qui a ouvert la voie. BNP Paribas Fortis a, elle, modifié ses conditions générales et viole ainsi allègrement la législation sur la vie privée. A ce moment, c’en est fini de la confiance, mais bientôt peut-être aussi du client.

La croissance de la fraude aux données de cartes de crédit et autres est une source supplémentaire de méfiance. A tel point que l’on en revient de plus en plus au cash. Le magazine américain Forbes citait ainsi une récente étude indiquant que 1 personne sur 3 paiera désormais plus souvent en espèces. Si l’on sait qu’aujourd’hui dans notre pays, 10.000 distributeurs automatiques de billets tournent encore sur Windows XP dont le support expirera le 8 avril, l’on ne peut que conclure qu’il n’y a plus de direction valable dans les banques ces dernières années. Et que la confiance dans ces nobles institutions d’antan a quasiment disparu. Je retiens mon souffle à la pensée de ce qui nous attendra, si tout un chacun paie avec son smartphone. Aussi longtemps que la confiance existe, cela ne me paraît pas être un problème. Mais il convient alors que les banques s’assurent de mériter cette confiance, chaque jour, 24 h sur 24. Sinon, nous éprouverons toujours plus de mal à refermer nos livrets à trous. Le client optera pour la banque la plus sûre. Et ce ne sera pas forcément celle à qui il confie à présent son argent.

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