IT is cool. Qu’on se le dise!

© Jan Locus

Bonne nouvelle : l’économie repart. Les investissements dans de nouveaux projets et l’innovation vont s’intensifier. Dans l’informatique comme ailleurs, les perspectives de croissance sont positives. Après deux années de restrictions budgétaires, l’horizon s’éclaircit enfin.

Bonne nouvelle : l’économie repart. Les investissements dans de nouveaux projets et l’innovation vont s’intensifier. Dans l’informatique comme ailleurs, les perspectives de croissance sont positives. Après deux années de restrictions budgétaires, l’horizon s’éclaircit enfin. Mais la médaille a son revers. Même s’il s’accompagne d’une nouvelle croissance, le redressement économique réveille aussi un cruel manque : la pénurie de bons informaticiens. Pour 2011, je me suis fixé une priorité : améliorer l’image de notre profession.

Les prévisions sont bonnes pour le secteur IT. D’après les analystes de Gartner, les investissements informatiques progresseront de plus de cinq pour cent en 2011, à l’échelle mondiale. En tant que fournisseurs, nous ne pouvons que nous en réjouir. La société actuelle devient de plus en plus numérique. Comme l’écrivait il y a quelques mois Peter Hinssen, le gourou IT belge, dans Data News, nous n’en sommes encore qu’à mi-chemin de cette révolution. Bientôt, nous ne voudrons plus que du numérique, dans tous les domaines. Là aussi, il y a de belles perspectives pour les fournisseurs de matériel, de logiciels et de services.

Mais simultanément, il est à nouveau très difficile d’attirer les bons profils. Les collègues avec qui j’ai parlé lors des nombreux cocktails de fin d’année le confirment : nous entrons dans une nouvelle période de rareté sur le marché des informaticiens. Les entreprises sont nombreuses à pêcher dans un étang de dimensions modestes, l’étang des talents IT. Cela pourrait très bien freiner la croissance escomptée. Et faire grimper en flèche nos charges salariales.

De drôles de types à lunettes L’informatique pose régulièrement des problèmes sur le marché du travail. Ce n’est pas étonnant : son image laisse à désirer depuis longtemps. Je m’en suis rendu compte quand j’en ai parlé à Jonas, mon fils de 14 ans. Pour lui, l’informatique, ce sont de drôles de types à lunettes, tapant sur le clavier d’un ordinateur dans une cave sombre. Peut-être a-t-il regardé en cachette la série britannique ‘The IT crowd’. En tout cas, c’est ainsi qu’il voit les collaborateurs de sa mère. Dans ces conditions, comment s’étonner que les jeunes ne soient pas plus attirés par ces études?

Au début de la nouvelle année académique, les étudiants inscrits en informatique dans une université ou une haute école néerlandophone étaient un peu moins de 2.400. Près de dix pour cent de moins que l’année d’avant… Agoria, qui publie ces chiffres, observe cette tendance depuis quelques années. L’afflux d’étudiants, ajoute la fédération, est très insuffisant pour combler le manque structurel de diplômés en informatique. Il y a plusieurs années déjà, on constatait en Belgique une pénurie d’informaticiens, souvent estimée à 10.000 professionnels. Avec la généralisation du numérique dans notre société et le redressement de l’économie, le manque va se faire encore plus criant. Nous le constatons nous-mêmes. Chaque année, nous recrutons cinquante personnes, et cela ne va pas toujours sans mal.

Cessons de nous plaindre : agissons ! Il faut faire quelque chose pour remédier à cette pénurie. Il y a des années que les pouvoirs publics n’ont pas pris d’initiative en la matière, et nous ne voyons rien venir de ce côté. Quant au secteur informatique lui-même, il se plaint beaucoup, mais sans agir de façon structurée. J’en ai assez de ces récriminations : cette année, je vais lancer moi-même une série d’initiatives, en espérant que des collègues m’emboîtent le pas.

En 2011, j’ai l’intention de m’adresser personnellement à 500 élèves de l’enseignement secondaire pour leur montrer à quel point l’informatique peut être passionnante. J’espère aussi être un exemple pour les filles dans cette tranche d’âge. Les enquêtes menées parmi les jeunes révèlent leurs priorités en matière de carrière : ils souhaitent une fonction créative, apprécient le travail en équipe et veulent apporter quelque chose à la société. Eh bien, les études d’informatique répondent parfaitement à ces voeux. La programmation est un travail particulièrement créatif. Pour connaître les besoins des utilisateurs, il faut de bonnes aptitudes à la communication et un esprit d’équipe. Et il est clair que l’informatique aide notre société à avancer. Les superordinateurs accélèrent la recherche médicale. Dans les hôpitaux aussi, l’informatique est omniprésente. Enfin, le secteur IT occupe une place en vue dans l’environnement, un thème cher au coeur de la jeunesse.

La créativité, un atout

Outre les 500 étudiants à qui je vais rendre visite, notre entreprise lance un projet qui permettra aux écoles de participer à la numérisation de notre musée à Grimbergen. On peut y voir de précieuses reliques de notre histoire, parfois âgées de plusieurs dizaines d’années. Nous cherchons trois établissements d’enseignement désireux de nous aider à virtualiser notre musée. Le but est de prolonger sa durée de vie en le mettant en ligne, avec des vidéos et d’autres animations.

Parallèlement, Bull fait appel à des informaticiens pour illustrer le côté créatif de leur travail. Nous leur demandons de nous envoyer des photos de projets illustrant la créativité de notre métier. À la fin de l’année, nous en ferons une exposition à l’occasion du lancement de notre musée virtuel.

J’invite mes collègues du secteur IT à imaginer d’autres initiatives pour orienter les jeunes vers ces études. N’oublions pas non plus que le secteur IT est aussi ouvert aux personnes issues d’autres horizons. Chez Bull, il y a des historiens, des économistes, des biologistes ou des chimistes qui planchent sur nos solutions informatiques. Cela prouve bien que ce métier ne consiste pas seulement à aligner des uns et des zéros en se nourrissant de pizza et de coca.

IT is cool … Qu’on se le dise !

Saskia Van Uffelen Saskia Van Uffelen (1961) a fêté l’an dernier ses 25 ans d’activité dans le secteur informatique. Elle n’a jamais pratiqué son métier initial, l’éducation physique, séduite par la place de l’initiative et de la créativité dans l’informatique. Elle a occupé diverses fonctions de management chez Xerox, Compaq, HP et Arinso. En 2009, elle est devenue CEO de Bull Belgique et Luxembourg, avec la responsabilité des institutions européennes. Parallèlement à sa carrière dans l’IT, Saskia Van Uffelen est mère de cinq enfants.

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