Peter Dedecker

Economie numérique: peut-on encore être ambitieux?

Peter Dedecker Peter Dedecker est parlementaire de la N-VA.

Johan Vande Lanotte manque d’ambition dans la stimulation de notre économie numérique. Le ministre n’est pas intéressé par le budget de 9,2 milliards d’euros que la Commission européenne prévoit pour attirer la croissance économique dans le secteur. Vous avez dit occasion manquée?

Johan Vande Lanotte manque d’ambition dans la stimulation de notre économie numérique. Le ministre n’est pas intéressé par le budget de 9,2 milliards d’euros que la Commission européenne prévoit pour attirer la croissance économique dans le secteur. Vous avez dit occasion manquée?

Dans le cadre du programme Connecting Europe Facility (CEF), la Commission européenne a envisagé un montant total de 50 milliards d’euros pour la période 2014-2020. L’objectif est de stimuler la croissance, la création d’emplois et la compétitivité dans toute l’Union européenne en misant spécifiquement sur des investissements dans l’infrastructure. Le projet prévoit la création de réseaux de services de transport, énergétiques, à haut débit et numériques transeuropéens très performants et durables. Et un montant de 9,2 milliards d’euros a été spécifiquement prévu pour le haut débit et les services numériques. D’ici 2020, chaque Européen devrait disposer d’une connexion internet de 30 Mbit/s, tandis que la moitié des citoyens européens au moins devrait pouvoir obtenir une connexion de 100 Mbit/s. Selon des estimations prudentes de la Commission, cela engendrerait plus de 50 milliards d’euros d’investissement dans le secteur avec des tas de nouveaux emplois à la clé.

Lors du débat sur le budget et sur les notes stratégiques au parlement, j’ai sondé le ministre compétent, Johan Vande Lanotte, pour connaître ses ambitions sur ce plan. Hélas: le ministre s’y est refusé. Il n’a pas montré sa foi dans ces ambitions et a déclaré préférer miser les moyens à disposition dans les réseaux énergétiques et dans les connexions internationales pour le transport de l’énergie. En soi, il s’agit aussi d’investissements nécessaires au vu de la situation actuelle, mais le ministre passe évidemment outre le fait que pour ces réseaux, un budget séparé de 9,1 milliards d’euros est prévu. Nous risquons donc tout simplement de passer à côté des moyens européens pour les investissements dans le haut débit. Même s’il y a bien dans les faits des négociations entre le SPF Economie et le secteur, le coeur du ministre penche clairement en faveur du secteur énergétique, pour lequel il n’est pas compétent (exception faite des prix et des matières à la consommation), mais qui y a évidemment eu un passé.

C’est regrettable. Un ministre des télécommunications qui n’a pas d’affinité avec le numérique, constitue un handicap pour cet important secteur, un handicap aussi pour notre position concurrentielle et notre croissance économique. Un ministre passionné par ses compétences jouerait assurément la carte européenne et ferait preuve d’ambition afin d’atteindre les objectifs et de mettre notre pays sur les rails numériques. Un ministre visionnaire jouerait à fond la carte de la concurrence dans son aspiration à une offre de 100 Mbps de qualité supérieure dans tout le pays. Un ministre visionnaire encouragerait aussi les acteurs en vue pour qu’ils investissent dans la poursuite du remplacement des anciens fils en cuivre par la fibre optique là où c’est économiquement rentable, et prévoirait des possibilités pour la création d’une nouvelle infrastructure unique partagée au profit de tous les opérateurs dans les rues et quartiers où des réseaux séparés sont économiquement contre-indiqués. Un ministre visionnaire créerait ce genre d’environnement pour stimuler la demande de nouvelles technologies et de services, dynamiser la croissance dans le secteur IT, créer de nouvelles entreprises, des fournisseurs locaux de services dans le nuage et des milliers d’emplois. La Commission européenne s’attend à ce que le déploiement des réseaux à haut débit rien qu’en Allemagne engendre la création de 968.000 emplois d’ici 2020, alors qu’un réseau ‘fiber-to-the-home’ en France pourrait aller de pair avec 360.000 nouveaux emplois et avec une valeur ajoutée de 20 milliards d’euros. Puissions-nous donc en Belgique être encore quelque peu ambitieux?

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire