De la vogue Facebook au ‘tueur’ de Facebook?

L’on attendait cela depuis longtemps, probablement à contre coeur, mais le fait est que Facebook introduit finalement 5% de ses actions en Bourse.

L’on attendait cela depuis longtemps, probablement à contre coeur, mais le fait est que Facebook introduit finalement 5% de ses actions en Bourse.

L’avantage que cela représente pour nous: Facebook devra dorénavant rendre ses chiffres publics. Il semble que l’entreprise soit rentable et même largement avec ses 3,71 milliards de dollars de chiffre d’affaires et son milliard de bénéfice (par comparaison, Google a enregistré en 2011 un peu plus de 37 milliards de chiffre d’affaires et 9 milliards de bénéfice).

Ce faisant, les doutes quant aux réseaux sociaux et à leur rendement s’évanouissent d’un seul coup. Facebook n’est clairement pas un Twitter en quête d’un modèle commercial. Il est donc possible de créer une entreprise durable dans les médias sociaux. Ces prochains mois, l’on verra donc apparaître encore bien d’autres startups caressant l’ambition de devenir des ‘tueurs’ de Facebook, et il y aura tout autant d’investisseurs prêts à y injecter de l’argent.

L’on recense cependant un aspect dangereux dans les chiffres de Facebook. D’abord et surtout, il y a Zynga: l’auteur de la plupart des jeux à succès sur le réseau, dont Farmville. Quasiment 12% du chiffre d’affaires de Facebook (et donc quasiment la moitié de son bénéfice) provient directement de Zynga, ce qui démontre que l’entreprise dépend très fort d’un acteur. Cela peut représenter une menace.

Le reste des rentrées est issu de la publicité. Ici aussi, il y a un hic. Il existe un plafond aux revenus publicitaires (que Facebook n’atteint pour l’instant pas encore, soyons clairs). L’on ne peut soumettre les utilisateurs qu’à une certaine quantité de publicité, sous peine qu’ils commencent à déserter par frustration.

Il est bon que Facebook entre en Bourse – cela forcera l’entreprise à être plus transparente avec ses chiffres et son approche, par exemple sur le plan du respect de la vie privée. En même temps, cette entrée en Bourse marque l’arrivée d’une dictature des chiffres trimestriels. La pression quant à publier systématiquement plus de revenus et de bénéfice sera forte, de même que la tentation d’afficher encore plus d’annonces sur les murs.

Facebook pourra-t-elle créer un flux de rentrées supplémentaire chez ses 800 millions d’utilisateurs? La spéculation va surtout bon train à propos des Facebook Credits et de tout ce qui touche à l’e-commerce. Si Facebook réussit à créer un magasin sur sa plate-forme, elle pourrait, tout comme Apple avec son iTunes Store, prélever une solide commission de 30% sur chaque transaction. C’est aussi précisément ce que vous achetez avec les actions Facebook à la cotation actuelle élevée, voire gonflée: l’espoir pour l’entreprise de pouvoir générer un chiffre d’affaires encore nettement plus important sur des transactions encore inconnues aujourd’hui.

C’est comme s’acheter un billet de loterie, sauf que les chances de gagner sont ici bien réelles. Les utilisateurs Facebook sont en effet très actifs: quasiment 60% s’y connecte quotidiennement. En outre, Facebook est parvenue à s’ancrer profondément dans les racines de l’internet grâce à son Open Graph. Les sites web sur lesquels on retrouve l’une ou l’autre intégration Facebook, sont incalculables. Voilà pourquoi l’entreprise est devenue incontournable…

Un défi supplémentaire à relever pour Facebook: le personnel. Cela ne sera pas chose aisée que de trouver à temps des collaborateurs de qualité pour supporter la croissance. L’an dernier, Facebook a réalisé beaucoup de rachats, uniquement pour du personnel – par exemple Gowalla. Cette entrée en Bourse va aussi faire en sorte que 1.000 collaborateurs sur les 3.000 que compte l’entreprise, vont devenir des millionnaires. Facebook pourra-t-elle garder ces personnes à bord et motivées?

C’est certes une bonne nouvelle pour la scène des startups. Nombre de ces néo- millionnaires vont pouvoir soit lancer leurs propres nouvelles idées, soit commencer à investir dans de nouvelles idées internet.

Assez ironiquement, le prochain ‘tueur’ de Facebook pourrait peut-être bien trouver son origine dans cette entrée en Bourse…

Bart De Waele Bart De Waele est CEO de l’agence numérique Netlash-bSeen et co-fondateur du bureau de médias sociaux Talking Heads. Vous pouvez l’atteindre sur Twitter via @netlash.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire