Zuckerberg n’a pas grand-chose à craindre de sa prochaine audition

Facebook CEO Mark Zuckerberg. © REUTERS
Pieterjan Van Leemputten

Mark Zuckerberg présente ses excuses pour le scandale Cambridge Analytica et ce, la veille du jour où il va être auditionné par les sénateurs américains. Il semble cependant que cette audition ne servira pas à grand-chose.

Ce mardi et demain mercredi, Zuckerberg devra se justifier devant le Comité de l’Energie et du Commerce américain. Thème principal: les 87 millions de personnes, surtout américaines, dont les données Facebook ont été transférées vers Cambridge Analytica, qui les a ensuite exploitées à des fins de propagande électorale très ciblée. En outre, Zuckerberg devra aussi répondre à des questions relatives à l’immixtion russe dans les élections américaines de 2016.

Zuckerberg a donc déjà présenté ses excuses. “Nous n’avons pas suffisamment assumé nos responsabilités, ce qui a été une grave erreur de notre part”, a écrit Zuckerberg dans un communiqué divulgué par le Comité de l’Energie et du Commerce. “Je suis responsable et je le regrette.” Ces mots peuvent du reste venir grossir la longue liste d’excuses que Facebook a publiée dans le passé déjà.

De la clarté sur les annonces

Zuckerberg a lui-même déjà indiqué qu’il souhaitait faire plus de clarté sur les auteurs d’annonces sur Facebook. C’est ainsi que son entreprise préconise désormais de révéler qui paie certaines annonces politiques spécifiques, comme c’est du reste le cas à la TV et à la radio américaines. Il nous faut cependant apporter ici la nuance selon laquelle cette mesure, l’Honest Ads Act, est prête depuis octobre dernier, mais n’est soutenue par Facebook que depuis l’éclatement du tout dernier scandale Cambridge Analytica.

L’agence Reuters fait observer que Zuckerberg doit à présent prendre ses responsabilités pour éviter que les politiciens n’imposent une réglementation stricte. En collaborant et en donnant des réponses, il peut empêcher que Facebook soit muselée.

Russie

L’audition portera aussi partiellement sur l’impact russe sur les élections américaines de 2016. Ici encore, Zuckerberg admet à présent que son entreprise a été trop lente à se rendre compte de cette influence. Il en est de même pour la diffusion de fausses nouvelles et d’appels à la haine. Cette reconnaissance est un fameux pas en avant car après les élections, Zuckerberg avait minimisé le rôle de sa plate-forme.

Pas une mise au pilori, mais simplement des explications

Quiconque espère de grandes révélations, qui conduiraient les politiciens à réglementer plus rigoureusement Facebook et les réseaux similaires, afin que les données des utilisateurs soient mieux sécurisées, sera probablement déçu. L’agence Reuters fait en effet observer que l’audition pourrait prendre un caractère technique, un domaine qui n’est pas vraiment la tasse de thé de beaucoup de politiciens.

Il y aura aussi moins de temps qu’il n’y paraît pour les questions. “Comment organiser une audition avec 44 sénateurs portant une matière aussi vaste, alors que chaque sénateur ne disposera que de quatre minutes de parole”, explique le sénateur démocrate Bill Nelson à l’agence de presse.

Il convient encore d’ajouter que Facebook dépense depuis des années des millions de dollars en travail de lobbying et que Washington compte une multiplicité de lobbyistes en comparaison avec le nombre restreint d’adeptes du respect de la vie privée, qui viennent tirer la manche des politiciens.

Tout cela fait que Mark Zuckerberg, de par sa présence à l’audition, doit surtout expliquer comment Facebook fonctionne, et doit éviter que les politiciens soient tentés de contingenter strictement son entreprise. Si Zuckerberg accepte sans rechigner de prendre plusieurs mesures urgentes, son entreprise n’aura que peu à craindre, et on pourra continuer très probablement de la sorte quelques mois durant, jusqu’à ce qu’un nouveau scandale n’éclate.

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