“Voo n’est pas Telenet”

Frederik Tibau est rédacteur chez Data News.

Le câblodistributeur wallon Tecteo (Voo) arrête d’investir dans son réseau et se focalise sur la 4e licence GSM. “Nous devons pouvoir proposer une réponse aux opérateurs mobiles, indique France Vandermeulen, regulatory affairs manager. Les gens veulent des packs, avec – outre l’internet et la télévision – également une offre GSM correcte. Nous ne pouvons tout de même pas pousser tout le monde dans les bras de Belgacom et Mobistar, n’est-ce pas?” Si le câblo wallon affirme qu’il ne va plus investir dans son réseau, cela risque de poser un problème. Car 15% du câble wallon n’est toujours pas modernisé, ce qui signifie que l’internet ne peut pas être proposé sur 15% du câble wallon.

Le câblodistributeur wallon Tecteo (Voo) arrête d’investir dans son réseau et se focalise sur la 4e licence GSM. “Nous devons pouvoir proposer une réponse aux opérateurs mobiles, indique France Vandermeulen, regulatory affairs manager. Les gens veulent des packs, avec – outre l’internet et la télévision – également une offre GSM correcte. Nous ne pouvons tout de même pas pousser tout le monde dans les bras de Belgacom et Mobistar, n’est-ce pas?”

Si le câblo wallon affirme qu’il ne va plus investir dans son réseau, cela risque de poser un problème. Car 15% du câble wallon n’est toujours pas modernisé, ce qui signifie que l’internet ne peut pas être proposé sur 15% du câble wallon. En Flandre et à Bruxelles, Telenet et Brutélé ont finalisé cette modernisation voici des années déjà.

“Le câble wallon n’a commencé sa consolidation qu’en 2007, explique brièvement France Vandermeulen de Tecteo (Voo). A l’époque, nous avons dû investir énormément dans le rachat des 8 intercommunales. De plus, nous avons harmonisé les différents systèmes informatiques entre eux, et nous avons commencé à moderniser le réseau. Il est normal que nous n’ayons pas encore tout terminé quelques années plus tard.”

IBPT

Vandermeulen confirme que les projets de poursuite de modernisation du réseau de Tecteo sont au frigo, parce que le régulateur a décrété l’ouverture du câble. Luc Hindryckx, président de l’IBPT, parle de chantage dans ce contexte, mais Vandermeulen voit les choses différemment. “Nous sommes toujours en pertes en tant qu’opérateur débutant. En 2010, nous avons essuyé un déficit de 97 millions EUR. Alors qu’une ouverture obligée du câble nous coûtera des dizaines de millions. Qui va payer?”

La regulatory affairs manager souligne que la décision de l’IBPT tombe à un très mauvais moment. “Telenet affine son offre depuis 2005 déjà, alors qu’en Wallonie nous commençons à peine à proposer l’internet via le câble. Le marché n’est pas encore adulte, nous devons encore élargir notre offre pour être compétitifs. L’internet est moins répandu dans la partie sud du pays où il n’y a pas de Telenet.”

“Tecteo ne peut vraiment pas être comparée à Telenet, poursuit la manager. Notre part de marché internet est limitée, et en ce qui concerne la téléphonie également, nous n’avons pas encore grand-chose à dire. Nous n’occupons une place solide qu’en matière de télévision analogique seulement. Mais alors même que la télévision analogique est en train de disparaître, nous sommes obligés d’y poursuivre nos investissements. En effet, le régulateur a décidé que nous devions proposer la télévision analogique pour la revente. Seule Belgacom était demandeuse à ce niveau. Alors que cette entreprise compte d’ores et déjà davantage de clients que nous avec son offre numérique. En cinq ans, Belgacom a déjà ravi 1,2 million de téléspectateurs aux câblodistributeurs.”

Si Tecteo veut mettre le câble à niveau dans l’ensemble de la Wallonie, alors elle devra encore y investir des millions, selon Vandermeulen. “Car les derniers endroits sont les plus difficiles et les plus coûteux. Je pense par exemple aux Hautes Fagnes, ou à des régions agricoles dans le Hainaut ou le namurois. Il y a un risque réel que des investissements n’aient plus lieu à ces endroits. La mise en place d’un plan d’entreprise rentable est déjà difficile, mais si nous devons ensuite revendre nos services à bas prix, ça devient tout bonnement impossible. Pour ce qui est du mobile, nous devons absolument rester dans la course. La licence GSM (pour laquelle une collaboration est en cours avec Telenet, ndlr) est tout à fait indispensable, car les gens veulent des packs, et il faut donc pouvoir leur en proposer. Et si vous passez un deal MVNO avec un opérateur existant [comme Telenet l’a fait avec Mobistar, ndlr], vous vous mettez en position de vulnérabilité. Mais il n’y aura plus de moyens financiers pour continuer de surcroît à investir dans notre réseau.”

Compétence régionale Tecteo veut avoir davantage voix au chapitre régional en matière de télécom. “Notre câble est victime de l’approche ‘one size fits all’ adoptée par le régulateur. Celle-ci ne tient pas compte du fait que l’accès internet est rare dans de nombreux petits villages wallons. Ce n’est évidemment pas un débat facile. Il faut une certaine coordination entre les régions, et certaines choses sont réglées au niveau international. Mais il y a des questions qui méritent une approche régionale. L’ouverture du câble est l’une d’entre elles. Si l’on avait tenu compte de la situation en Wallonie, il aurait encore fallu attendre plusieurs années.”

“Aujourd’hui, on oblige les câblo-opérateurs à ouvrir leur réseau, alors que rien n’entrave la route des opérateurs mobiles. Ils ont accès à notre câble, tandis que nous devons nous battre pour une quatrième licence et sommes contraints d’investir dans l’infrastructure. Nous n’avons pas le moindre droit d’être actifs sur un réseau mobile. Non pas que nous soyons contre la régulation, mais elle doit s’appliquer à tous. ”

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire