Un trafic e-mail révèle des liens étroits entre la NSA et Google

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Des membres de la direction de Google et du service secret américain National Security Agency (NSA) auraient entretenu des liens étroits en 2012. Voilà ce qui ressort d’un trafic e-mail qu’a pu consulter la station arabe d’informations Al Jazeera.

Al Jazeera a réussi via le Freedom of Information Act (la loi américaine relative à la transparence de l’administration) à consulter le trafic e-mail entre le directeur de la NSA, Keith Alexander, et les patrons de Google, Sergey Brin et Eric Schmidt. La communication date d’un an avant les révélations de Snowden et révèle une relation de travail plus étroite que ce qui avait été démontré précédemment entre certaines entreprises technologiques et le gouvernement américain.

Après les révélations de l’ex-collaborateur de la NSA, Edward Snowden, à propos de l’énorme capacité de la NSA à espionner la communication électronique des citoyens, plusieurs managers d’entreprises technologiques insistent sur le fait qu’ils ne collaboraient avec les autorités américaines que sur mandat judiciaire. Mais les mails suggèrent qu’ils l’ont également fait de leur plein gré.

Sécurité mobile

Le 28 juin 2012, Alexander (NSA) lança une invitation à Schmidt (Google) pour assister à un “briefing secret relatif à des menaces” d’une durée de quatre heures le 8 août 2012, dans un “lieu sûr proche de l’aéroport de San Jose, en Californie”. La réunion avait pour thème la protection des appareils mobiles.

Alexander, Schmidt et d’autres représentants du secteur se seraient rencontrés plus tôt déjà ce mois-là, comme il ressort des mails. Mais Alexander voulait une rencontre supplémentaire avec Schmidt et “un petit groupe de CEO” plus tard durant l’été, parce que le gouvernement avait besoin de l’aide de la Silicon Valley. “L’assistance de Google lors de l’élaboration de solutions pour la sécurité mobile est essentielle”, écrit Alexander.

Le briefing annoncé par Alexander faisait partie de l’Enduring Security Framework (ESF), une initiative gouvernementale secrète, explique le directeur de la NSA dans le courriel. Des représentants des ministères américains de la défense et de la sécurité nationale créèrent en 2009 l’ESF, conjointement avec 18 CEO américains, afin d’harmoniser les activités des entreprises et du gouvernement à propos d’importantes questions de sécurité (pour la plupart secrètes).

Risque pour les utilisateurs

Selon Jennifer Granick, directrice des libertés citoyennes au Center for Internet and Society de la Stanford Law School, le partage des informations entre le secteur technologique et le gouvernement américain est “absolument essentiel”, mais il existe “en même temps un risque pour la vie privée et la sécurité des utilisateurs”.

Ni Schmidt ni Brin ne purent participer à la réunion sur la sécurité mobile d’août 2012. L’on ne sait pas clairement si un autre représentant de Google était présent. Brin avait cependant bien assisté à de précédentes réunions de l’ESF.

Depuis les dévoilements de Snowden, Schmidt s’est toujours montré critique à l’égard de la NSA. Il a notamment déclaré que certains logiciels de la NSA pourraient être illégaux.
Un porte-parole de Google n’a pas souhaité donné des réponses spécifiques aux questions posées par Al Jazeera à propos de la relation de Brin et Schmidt avec Alexander, ni au sujet de la collaboration de Google avec le gouvernement. “Nous travaillons dur pour protéger nos utilisateurs contre les cyber-attaques et nous parlons toujours avec des experts – y compris au sein du gouvernement américain – afin de demeurer à la pointe sur le plan de la sécurité”, a-t-il néanmoins expliqué à Al Jazeera. “Voilà pourquoi Brin a aussi pris part à la réunion de la NSA.” (IPS)

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