Seaters comble les sièges vides

Lors des Jeux Olympiques de Londres, Jean-Sébastien Gosuin a été confronté à pas moins de 900.000 sièges vides. Voilà pourquoi il a fondé Seaters, une entreprise bien décidée à changer pareille situation. © Reuters

Vous râlez de ne pouvoir assister à un match de football, parce qu’il n’y a plus aucun ticket disponible, mais vous ragez encore plus, lorsque vous constatez à la TV que pas mal de places sont encore libres dans les tribunes. C’est là quelque chose qui se passe régulièrement. La jeune entreprise Seaters veut rectifier le tir et a déjà réussi à faire si bien parler d’elle qu’elle est parvenue à recueillir pas moins de 8 millions d’euros de capital.

Tout commença par un scandale. En tant que responsable de la billetterie belge et que VIP des Jeux Olympiques de Londres en 2012, Jean-Sébastien Gosuin était en première ligne de ce qu’il qualifie de “scandale des sièges vides”. Et de résumer cela en quelques chiffres: 8,5 millions de tickets disponibles pour 20 millions de demandes. Et en arriver quand même au bout des Jeux à 900.000 sièges vides, cela ne peut arriver. “

Et il fonda donc Seaters, une entreprise destinée à résoudre ce problème. “La principale difficulté réside dans le fait que les sponsors reçoivent des tickets pour des places qui ne sont souvent pas occupées, même pas les jours ‘fan days’. Que se passe-t-il alors? Le sponsor se met à distribuer vite, vite ses tickets à son personnel ou à de la famille. Une attitude peu professionnelle, qui ne marche pas. Ce n’est rien d’autre qu’un gaspillage de temps et de biens. En inversant cette façon de faire et en vérifiant d’abord auprès des personnes, si elles sont intéressées, on peut chambarder ce modèle.”

Pour solutionner le problème, Seaters travaille avec une plate-forme en ligne sur laquelle les personnes intéressées peuvent préalablement et par événement se porter candidates pour des sièges qui se libèrent. Lorsqu’il apparaît qu’une place est libre, l’une des ces personnes est contactée. “Ce faisant, on atteint vraiment les gens qui veulent assister à l’événement”, déclare le CEO. “Nous laissons au candidat le soin de ‘RSVP’ (répondre s’il vous plaît), afin que nous sachions s’il est véritablement intéressé. Sinon, nous passons à la personne suivante dans la file.”

Et cela marche, en témoignent ces quelques chiffres: “D’ordinaire en Europe, quelque 20 à 25 pour cent des sièges des sponsors restent libres lors d’un événement. Nous avons ces dernières années accompagné des centaines d’événements – des matchs d’Anderlecht à des rencontres de tennis -, pour lesquels PNB Paribas et KPN offraient des tickets, et nous avons pu ramener la proportion à 1 pour cent à peine.”

D’ordinaire en Europe, quelque 20 à 25 pour cent des sièges des sponsors restent libres lors d’un événement.

Ce genre de succès pouvait encore être amplifié. Entre-temps, Seaters accompagne donc aussi les événements qui ne se déroulent pas à guichets fermés. “On constate en effet parfois qu’il y a davantage d’intérêt que le nombre de tickets dont dispose un sponsor, et dans ce cas, ce dernier peut signaler aux candidats qu’il reste des tickets disponibles. Cela s’est par exemple super bien passé pour les rencontres de Coupe Davis. Traditionnellement, il n’y a pas tellement de demandes, surtout pas le premier jour de la compétition, mais en agissant ainsi, nous avons quand même réussi à gonfler le nombre de spectateurs. C’est non seulement profitable à l’organisateur, qui augmente ainsi ses revenus, mais aussi au sponsor qui voit son image se profiler encore mieux.”

La plate-forme de Seaters fonctionne selon un modèle SaaS avec des pages personnalisées. “Sur seaters.com/KPN, on aboutit directement dans le programme ‘loyalty’, mais c’est possible aussi, lorsque des API sont implémentées sur des sites externes. Le client ou l’organisateur paie par événement, et il y a aussi un coût de distribution de 4 euros par ticket. Le choix de la personne payante est libre. Parfois, le coût est répercuté sur l’utilisateur final, et cela marche: comme ce dernier doit s’acquitter de ce mini-montant, il est d’autant plus incité à ce que tout se passe bien.”

La réussite de Seaters n’est pas passée inaperçue. “L’idée était phénoménale”, affirme Gosuin tout de go. “Et nous avons recherché du capital de manière agressive. Nous avons évidemment été aidés par le fait que les trois fondateurs étaient des quadragénaires disposant d’une grande expérience. Nous avons donc rapidement trouvé du répondant chez plusieurs investisseurs à l’échelle mondiale, dont Chris Burggraeve (ex-AB Inbev) et Michel Akkermans (clear2Pay), aussi membres du conseil d’administration, qui ont apporté la majeure partie du capital. Nous avons ainsi pu sauter directement la partie ‘business angels’ et clôturer une phase de financement de 5 millions d’euros. Ce montant, nous l’avons complété, il y a quelques mois, par une phase de série A qui nous rapporta encore 3 millions d’euros auprès des mêmes investisseurs.”

A présent que les premiers clients, PNB Paribas et KPN, ont démontré l’efficacité de Seaters, la jeune entreprise passe à la vitesse supérieure. “Désormais, tout porte sur la vente”, y déclare-t-on. “Nous avons mis en oeuvre une équipe de vente, ainsi qu’un département marketing. En outre, nous avons également investi dans l’exécutif avec des opérateurs pour notre helpdesk interne. Le fait que nous soyons établis directement à New York, n’est pas le fruit du hasard: le plus vaste marché sportif se trouve aux Etats-Unis. Au niveau mondial, nous avons ainsi voulu voir grand dès le début.”

Seaters:

Siège social: Diegem/New York

Nombre d’associés: 3

A la recherche de capital supplémentaire?: Non

Site web:www.seaters.com

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