“Sans l’appui gouvernemental, l’on nous aurait brisés”

Frederik Tibau est rédacteur chez Data News.

Deezer lance le déploiement mondial de sa plate-forme musicale. A terme, l’objectif est d’être présent dans pas moins de 200 pays. Le CEO Axel Dauchez a donné durant l’événement LeWeb à Paris davantage d’explications sur ses projets d’expansion internationale. “Sans le soutien des autorités, le secteur musical nous aurait démolis”, a-t-il déclaré à Data News.

Deezer lance le déploiement mondial de sa plate-forme musicale. A terme, l’objectif est d’être présent dans pas moins de 200 pays. Le CEO Axel Dauchez a donné durant l’événement LeWeb à Paris davantage d’explications sur ses projets d’expansion internationale. “Sans le soutien des autorités, le secteur musical nous aurait démolis”, a-t-il déclaré à Data News.

Dauchez cible 900 millions d’utilisateurs de smartphone dans le monde. Les Etats-Unis et le Japon sont omis car ces marchés seraient saturés et “parce qu’il est plus facile de négocier avec les labels discographiques si l’on ne se montre pas intéressé par les droits pour les Etats-Unis”. Des partenariats avec de puissants opérateurs télécoms locaux (tels Belgacom en Belgique) devraient aider l’entreprise à atteindre rapidement une masse critique et à mieux pouvoir concurrencer l’autre service de diffusion, le très populaire Spotify.

Deezer propose treize millions de chansons selon trois modèles. Quiconque le désire, peut écouter gratuitement de manière limitée, mais pas plus de trente secondes par chanson. Un abonnement mensuel pour le PC revient à 4,99 euros (Premium), alors que pour 9,99 euros (Premium Plus), la musique peut être écoutée aussi via le smartphone ou la tablette. Premium Plus permet d’écouter également des ‘playlists’ hors ligne. Depuis cette semaine, Belgacom propose ‘gratuitement’ Deezer dans ses packs Generation (Premium et Premium Plus).

Grâce au partenariat conclu avec Orange, Deezer a réussi en quelques années à s’attirer 20 millions d’utilisateurs en France. Reste à savoir si la plate-forme rencontrera autant de succès dans les autres pays où elle sera lancée. Ces dernières années, Spotify s’est ménagé une solide réputation internationale, et il suffit de se tourner vers Facebook pour observer que les Suédois sont très populaires en Belgique aussi.

Data News a pu bavarder avec Axel Dauchez durant LeWeb et lui a demandé comment il entend se distinguer de la concurrence.

Axel Dauchez: “Rien que le fait que nous ayons créé notre site pour que nous puissions le déployer immédiatement dans cent pays, nous distingue des autres. Le secteur de la musique tire 80 pour cent de son chiffre d’affaires de sept pays, ce qui signifie qu’il y a encore beaucoup de potentiel dans les ‘zones non encore exploitées’. Je ne considère dès lors pas Spotify comme un véritable concurrent. iTunes (qui est présent dans 30 pays, ndlr.) et le piratage sont des menaces nettement plus grandes.

Vous vous targuez du fait que votre partenariat avec Facebook est unique, mais Spotify est aussi déjà très présente sur la plate-forme de Marc Zuckerberg. Dauchez: “C’est exact, mais Spotify n’est actuellement encore disponible que dans 8 pays. Pas en Russie, pas en Asie, ni en Amérique latine. Par ailleurs, Facebook a conclu des accords avec différents services de diffusion dans de nombreux pays. Mais le seul service qui sera disponible dans 200 pays au niveau mondial, c’est Deezer. Et Facebook sera notre partenaire exclusif dans ces 200 pays. Voilà en quoi notre accord avec Zuckerberg est quand même unique.”

Pourquoi conclure des partenariats avec des opérateurs télécoms tels Belgacom et Orange? Dauchez: “Facebook est un formidable outil de propagation, mais en fin de compte, l’on n’atteint qu’un public limité. L’on ne peut pas étendre sa masse critique via cette plate-forme. Vous n’atteignez une telle masse critique que si un ami sur dix utilise votre service. Pour obtenir ce genre de résultat, vous avez besoin d’un solide partenaire. Orange nous a aidés à vendre notre idée en France. Au début, les gens ne comprenaient pas ce qu’était un service de diffusion (streaming). Mais une fois qu’ils l’avaient essayé, ils ne pouvaient plus s’en passer. Le bouche à oreille à fait le reste.”

“Pour pouvoir atteindre une masse critique dans les autres pays, nous y recherchons de puissants partenaires télécoms. Chez vous, c’est Belgacom, le partenaire le plus puissant en Belgique, et en Grande-Bretagne, c’est Everything Everywhere. D’ici quelques semaines, nous annoncerons encore dix autres partenariats.”

Lors de LeWeb, vous avez déclaré qu’il n’est pas facile de travailler avec des opérateurs télécoms. Que voulez-vous dire exactement? Dauchez: “En tant que petit ‘poisson’, il est simplement très difficile de pouvoir négocier un bon accord avec des mastodontes comme Orange et Belgacom, et c’est sans parler des grands labels discographiques. Mais si l’on regarde le résultat en France, l’on peut dire que nous avons bien mené notre barque (rire). Ceci dit en passant, nous pouvons parler de chance que le gouvernement nous ait tendu la main. L’ex-ministre de la culture, Jacques Toubon, nous a bien aidés. Sans son soutien, nous aurions été écrasés par les labels. En Belgique, les jeunes entreprises technologiques ne sont-elles pas aussi soutenues par le gouvernement? Et bien alors.”

Qu’en est-il de l’ouverture de votre plate-forme? Un écosystème d’applis est né autour de Spotify, alors que c’est le calme plat autour de Deezer. Dauchez: “Je ne suis pas d’accord. Nous avons déjà une API ouverte et d’ici quelques semaines, nous relancerons cette API avec l’objectif avoué que les développeurs puissent écrire des applis pour Deezer dans le monde entier. En outre, Spotify est un écosystème fermé, ne l’oubliez pas. Cette entreprise suit Apple. Avec Deezer, nous ciblons l’ouverture d’Android. Chez nous, il ne faut pas à tout prix rester DANS l’écosystème. Nous ouvrons complètement Deezer.”

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