Pourquoi y a-t-il peu de femmes en ICT?

Manifestement, rares sont les femmes à envisager de faire carrière dans l’ICT. Et rien ne semble indiquer un changement à moyen terme. Ainsi, dans la faculté des mathématiques appliquées de l’UCL, il n’y avait aucune fille sur 34 ingénieurs civils en informatique en 2006!

Manifestement, rares sont les femmes à envisager de faire carrière dans l’ICT. Et rien ne semble indiquer un changement à moyen terme. Ainsi, dans la faculté des mathématiques appliquées de l’UCL, il n’y avait aucune fille sur 34 ingénieurs civils en informatique en 2006!

Pourquoi? D’abord, l’ICT est sans doute catalogué comme secteur très peu ‘social’ ou ‘sociable’. Or les femmes privilégient en général les métiers rendant possibles les contacts humains, comme les ressources humaines. L’image qu’a le public de l’informaticien, du moins dans les fonctions techniques, est celle du travailleur solitaire (voire ‘nerd’) devant son PC, ce qui ne correspond que très rarement à l’idéal féminin. Celles qui choisissent des orientations techniques préfèrent par exemple l’usine ou le chantier.

Par ailleurs, les femmes cumulent souvent plus de centres d’intérêts que les hommes et les jeunes étudiantes ne souhaitent pas s’engager trop vite dans une voie niche. Celles qui sont attirées par des matières scientifiques ou techniques préfèrent une formation moins spécialisée que l’informatique. De même, l’image que l’on a aujourd’hui des jobs ICT est très négative. Je crois savoir que des centaines de jobs sont vacants aujourd’hui dans notre pays. (du pain sur la planche donc pour Agoria.) Et je ne pense pas que l’on puisse restaurer cette image à grands coups médiatiques seulement!

Voici 40 ans, l’ICT était le secteur d’avenir qui allait, et a, révolutionné notre vie, et pas seulement professionnelle. Un emploi dans l’ICT suscitait l’admiration parce réservé à quelques initiés, était auréolé de mystère et montrait des progrès spectaculaires. Tout cela a été bien démystifié. L’aura de l’ICT a disparu et a sans doute cédé la place à l’environnement et aux énergies renouvelables qui connaissent plus d’engouement. En outre, les professions ICT étaient jadis bien rémunérées, ce qui n’est plus vraiment le cas aujourd’hui (l’apport de compétences asiatiques bon marché y a joué un rôle). En revanche, le métier était – et reste – stressant, tout en imposant de ne pas compter ses heures. Enfin, l’ICT demeure un secteur fermé, difficile à comprendre, avec un jargon hermétique, où les connaissances acquises vieillissent très vite. De longues pauses carrières y sont sans doute plus difficilement récupérables qu’ailleurs.

Bref, pour les femmes, souvent plus clairvoyantes que les hommes et obligées de concilier carrière et vie de famille, l’ICT n’offre sans doute pas aujourd’hui le meilleur rapport qualité/investissement.

Opinion de Christine CasteleinChristine Castelein a été durant 10 ans directrice générale de WorldCom, MCI et Verizon Business Services.

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