Plus ça change…

Aux Etats-Unis, le mot “consolidation” n’est plus considéré comme une grossièreté. En Europe, par contre, les fusions et acquisitions entre fournisseurs de services dominants, jadis monopolistiques, sont toujours regardées d’un oeil perplexe, souvent à juste titre d’ailleurs

Par exemple, l’Américaine SBC a racheté un monument comme AT&T. Cette même SBC qui avait déjà racheté Ameritech fin ’99. Cette Ameritech qui à l’époque, il y a près de dix ans, avait mis la main sur la majeure partie de la ‘participation stratégique’ dans Belgacom. Verizon, le résultat de la fusion entre GTE et Bell Atlantic, reprend MCI, l’un des opérateurs qui ont grandi grâce aux services de téléphonie longue distance. L’un dans l’autre, le scission de “Ma Bell” décidée en 1984 a en fait été réduite à néant et il ne reste plus qu’une poignée de fournisseurs de services.L’histoire est fort différente en Europe, où l’on trouve un assemblage hétéroclite d’opérateurs encore souvent contrôlés par l’état et qui peuvent s’appuyer sur une confortable part de marché. La seule fusion qui a pu être finalisée est intervenue entre la Norvégienne Telenor et la Finlandaise Sonera. Et la nouvelle société Telesonera reste de taille relativement modeste. Vous souvenez-vous des pourparlers entre Belgacom et KPN? Vers 2001, ces discussions ont lamentablement échoué. KPN, d’après le Wall Street Journal, serait une cible de reprise pour Telefonica. Pour le reste, tout reste remarquablement calme sur le terrain des ex-monopolistiques. Des années de collaboration boiteuse, comme en leur temps Global One, Unisource ou Concert, ont prouvé que les synergies promises étaint quasiment inexistantes. Au contraire, les divers fournisseurs de services ont bien assez de souci pour consolider leur propre position sur le segment résidentiel dans leur propre pays. Pour ce faire, ils n’hésitent pas à recourir à nouveau à du protectionnisme monopolistique. Par exemple, Deutsche Telecom a obtenu pour trois ans la garantie qu’elle ne devrait pas ouvrir son réseau de fibre à ses concurrents, du moment que la Commission européenne soit d’accord bien évidemment. Belgacom refuse également d’ouvrir son réseau à large bande Triple Play VDSL et veut que le régulateur confirme ce souhait. Il est possible que cette revendication serve de monnaie d’échange pour le maintien de l’emploi. Et nous revenons à la case départ. Plus ça change, plus ça reste la même chose.

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