Pieterjan Van Leemputten

Non, je ne veux pas être votre ami sur LinkedIn

Cela fait déjà un petit temps que je n’ai plus reçu un mail d’un prince nigérian ou de la loterie mondiale m’assurant que j’avais gagné un joli pactole. Mais le spam n’est pas éradiqué pour autant, puisqu’il est aujourd’hui plus que largement expédié par LinkedIn.

Plusieurs choses m’irritent en fait profondément chez LinkedIn, le Facebook des employés de bureau. Cela débute par la façon dont vous lui donnez l’autorisation de passer en revue les contacts de votre boîte mail. C’est peut-être agréable pour les collègues ou les anciens condisciples. Mais pas du tout, quand le site en vient à suggérer comme connexion possible chaque adresse à laquelle vous avez autrefois envoyé un mail. Non, je ne veux pas ajouter maman à mon réseau professionnel…

Non, je ne veux pas être votre ami sur LinkedIn

Hello tout le monde, à chaque fois!

Cette question, on vous la pose non pas à 1 ou 2 reprises, mais chaque fois que vous vous connectez. Sans trop réfléchir, j’ai ainsi ajouté quasiment 950 personnes que je connais à peine. Et lorsque je pensais que j’étais au bout de mes peines, un second écran apparaissait. Cette fois pour me demander si je ne voulais pas convaincre certains contacts aléatoires de devenir membres de LinkedIn! En ce compris les Info@-adresses aléatoires d’entreprises, qui m’avaient un jour envoyé quelque chose.

Je comprends que la croissance est importante, mais est-ce comme cela qu’un réseau professionnel doit s’y prendre pour s’attirer du monde? Je serais rouge de honte, si je cliquais un jour par mégarde sur ‘oui’. Le problème, c’est que tout le monde ne peut se retenir. Cela signifie que je reçois chaque jour des demandes de connexion de personnes que je ne connais pas. Veulent-elles entrer en contact avec moi ou ont-elles par inadvertance cliqué sur ‘invite all’? Qui peut le savoir?

Leaders’

Est-ce comme cela qu’un réseau professionnel doit s’y prendre pour s’attirer du monde?

Et évidemment, il y a aussi l’appli mobile bancale, l’interface tout aussi mièvre et la façon dont des hommes de 40-50 ans partagent continuellement des citations inspirantes du genre “Don’t be a boss, be a leader” et d’autres inepties du genre.

Sérieusement, ce genre d’idiotie, cela fonctionne-t-il? Car je les classe dans le même coin que ma tante Rosa, qui partage toute la journée des trucs sur l’amour des animaux ou sur ‘l’amitié sincère’. Je demande donc un peu plus de professionnalisme à vous le ‘business professional always trying to achieve more’. Car cela en jette plus quand c’est rédigé en anglais…

Mais la goutte d’eau qui fait déborder le vase, c’est le fait que je reçois à présent régulièrement des invitations, promos et propositions événementielles à mon adresse Gmail, qui est comme par hasard l’adresse avec laquelle je me suis enregistré sur LinkedIn. La maison d’édition de madame A me demande si je vais assister à la présentation de son livre. Et puis, il y a monsieur V qui organise un événement consacré aux données et qui veut me refiler un ticket. Toutes des choses qui je reçois souvent déjà à mon adresse professionnelle, mais que je n’ai jamais demandées dans ma boîte privée.

Chère Microsoft, mettez s’il vous plaît de l’ordre dans ce bazar. Sinon, vous risquez que ce réseau professionnel chèrement payé devienne un irritant outil de marketing

Monsieur V était heureusement très honnête. “Nous sommes connectés à LinkedIn, et j’ai téléchargé et mailé toutes les adresses de mes contacts.” Je l’ai envoyé sur les roses sur un ton légèrement ironique, mais j’ai apprécié quand même ses excuses et son explication. Ce n’est pas agréable, mais à présent le novice en marketing que je suis, sait combien il est aisé d’envoyer d’un seul coup un spam à tous ses contacts. J’ai en fin de compte du reste reçu un ticket gratuit pour son événement. Mais très honnêtement, cela ne me plaît guère d’aller écouter quelqu’un parler de données, juste après qu’il m’ait démontré avoir utilisé les miennes avec tant de légèreté.

Mais ne sont-ce après tout pas vos contacts?

Si. Les organisations qui m’envoient du spam, sont toutes (in)directement des contacts. Mais c’est là où le bât blesse: alors que sur Facebook, je peux encore choisir entre les personnes sympas et moins sympas, je souhaite en tant que journaliste surtout me connecter à des contacts intéressants.

Donnez-moi de vos nouvelles, faites-moi savoir si vous avez trouvé l’emploi dont vous rêviez et j’accepterai volontiers vos citations inspirantes. Mais je ne vous ai jamais donné l’autorisation de me submerger de mails promotionnels via l’adresse en question. Quiconque lit du reste attentivement mon profil, en est informé. Prénom.nom de famille at datanews.be. Là où vous pouvez envoyer ce genre de choses que je lirai avec plaisir.

LinkedIn est aujourd’hui la propriété de Microsoft, ce qui est un formidable coup pour cette dernière. Car le site représente une véritable mine d’or en matière d’informations professionnelles. Mais, chère Microsoft, cher Satya Nadella, mettez s’il vous plait de l’ordre dans ce bazar. Sinon, vous risquez que ce réseau professionnel chèrement payé devienne un irritant outil de marketing que les très convoités ‘young potentials’ préféreront laisser de côté au profit d’un mix de Slack, Facebook, Whatsapp, Twitter et, qui sait, une jeune startup qui fera les choses de manière plus correcte et plus conviviale.

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