Non au duopole (update)

“Concurrence, transparence et moins de bureaucratique.” Telles étaient les lignes de force du Ministre Vincent Van Quickenborne lors de son intervention à la conférence de l’OCDE sur l’économie de l’internet à Séoul et la visite de plusieurs sociétés technologiques au Japon.

“Concurrence, transparence et moins de bureaucratique.” Telles étaient les lignes de force du Ministre Vincent Van Quickenborne lors de son intervention à la conférence de l’OCDE sur l’économie de l’internet à Séoul et la visite de plusieurs sociétés technologiques au Japon.

“Non au monopole, non au duopole, oui à la concurrence”, a lancé MinisterQ, invité à s’exprimer au symposium. Ce faisant, c’est la première fois qu’il s’exprime en public sur le duopole entre Belgacom et Telenet. “C’est un secret de Polichinelle que le marché belge du haut débit est dominé par un duopole de fait. Et un duopole n’est pas une bonne chose. Il faut au moins 3, voire 4 opérateurs.” Et de souhaiter mettre Belgacom sous pression afin d’installer le dégroupage du réseau et la transparence du marché. “Cela dit, les investissements doivent venir du privé. J’ai beaucoup de sympathie pour les Dommel de ce monde, mais ils n’ont pas suffisamment de moyens.” KPN, qui est déjà fortement représenté par notamment Base, Getronics et Tele2, est d’ailleurs en faveur d’une transparence du marché afinde continuer à y investir.

Tant Belgacom que Telenet n’apprécient guère de telles prises de position. “Chez Telenet, on pensait en effet que je prendrais une position forte contre Belgacom, mais le problème est finalement celui du consommateur. Par le passé, le consommateur n’a jamais été pris en compte. En Belgique, on paie 40 EUR pour une connexion haut débit. Dans d’autres pays, on obtient pour le même prix le haut débit, la téléphonie et la TV numérique. C’est ainsi que la France est sérieusement occupée à rattraper son retard alors que nous faisons du surplace. Je vais d’ailleurs rencontrer prochainement le Ministre français des télécoms Eric Besson. De même, l’Irlande est un marché bien plus concurrentiel que le nôtre.”

Toujours selon Van Quickenborne, le régulateur IBPT devrait, tout comme en France, imposer des amendes. “L’IBPT doit être plus fort et plus efficace. Aujourd’hui, Belgacom a les coudées franches.” Mais il n’est pas certain que le régulateur doive pour ce faire disposer de budgets supplémentaires. “Il est vrai que les opérateurs doivent payer beaucoup et qu’une partie de l’argent part dans les caisses de l’Etat. Ce n’est pas juste puisque cet argent est en fait destiné au marché des télécoms.”

En tant que responsable du comité de la concurrence, il “comprend le rapport de l’auditeur qui a constaté que le rachat de Scarlet par Belgacom n’est pas une bonne chose pour la concurrence sur le marché belge.” Belgacom et Telenet pourraient-elles en être exclues si les licences Wimax sont émises pour la fin de l’année?

“Je ne veux pas encore me prononcer sur le sujet. Tout comme l’américaine FCC, je suis enthousiaste à l’idée de la combinaison d’un ‘concours de beauté’ et d’une vente aux enchères.” D’autre part, Telenet a récemment annoncé s’intéresser à une éventuelle quatrième licence 3G. “Telenet doit introduire officiellement sa demande. Ensuite, cela peut aller vite. Plus il y a de concurrence dans les réseaux mobiles, mieux c’est. Je suis convaincu que l’avenir appartient à l’internet mobile. Les choses bougent rapidement avec l’arrivée de nouveaux appareils tels l’iPhone.” Van Quickenborne plaide aussi pour la suppression de la vente cumulée dans le secteur télécom: “Je vais m’en occuper. Au sein de mon parti, nous sommes d’accord, mais nous devons disposer d’une majorité au parlement.”

“La participation majoritaire dans Belgacom est un obstacle au développement de conditions de marché correctes. En Europe, il existe encore quatre pays qui ont un modèle similaire, à savoir la Belgique, la Grèce, la Slovénie et le Luxembourg. Une alliance stratégique avec plusieurs opérateurs alternatifs ne serait pas une mauvaise chose. A terme, les frontières télécoms nationales vont disparaître. Il n’est quand même pas possible que cela revienne plus cher de téléphoner de Courtrai à Lille que de Lille à Nice…” Selon lui, “la participation de l’Etat pourrait se limiter à 25 ou 30%.” Par ailleurs, Van Quickenborne est adepte d’un régulateur européen: “C’est nécessaire. A terme, il ne subsistera quand même plus que cinq à six opérateurs.”

À propos de l’avenir du CEO de Belgacom, Didier Bellens, il reste vague: “Sur le marché intérieur, il a obtenu de bons résultats, mais au niveau stratégique, il ne s’est pas passé grand-chose. Je trouve aussi élevée son indemnité de licenciement de 8 millions EUR.”

“Les politiciens ont trop longtemps sous-estimé l’importance de l’ICT. Ils préfèrent s’occuper d’autres aspects comme les finances, la justice, etc. Quand on pense que 40% du PNB de la Corée proviennent de l’ICT… Dans le passé, le gouvernement a investi nettement trop dans le personnel et trop peu dans l’ICT. A mon avis, un tiers des fonctionnaires qui prennent leur pension, ne doivent pas être remplacés. Il faut oser investir dans l’ICT. Les banques investissent 10 fois plus que les autorités dans l’ICT. Ce n’est quand même pas normal…”

Toujours selon Vincent Van Quickenborne, la résistance est aussi nettement due à la culture latine de la Wallonie, où l’on s’en tient encore fermement au papier. La Wallonie s’oppose aux élections électroniques, alors que c’est nettement moins le cas en Flandre. “En 2000, j’avais déjà déposé un projet de loi pour permettre le vote via l’internet. A l’époque, c’était encore un peu trop tôt, mais je viens d’apprendre qu’en Estonie, on a déjà voté par internet. Il est absurde de supprimer le vote électronique. C’est comme quand on s’est opposé en son temps à l’utilisation des nouvelles machines textiles. Il y a peu, au SPF finances, 6.000 des 30.000 fonctionnaires étaient occupés à ouvrir des enveloppes…”

“Dans la lutte contre la fraude, on peut aussi avoir recours à l’ICT et réduire ainsi nettement le personnel nécessaire. C’est ainsi que tout versement de plus de 5.000 EUR devrait pouvoir se faire électroniquement. L’argent noir disparaîtrait alors bien vite. Au niveau de la lutte contre la fraude, nous procédons aujourd’hui au petit bonheur la chance. Seule une petite minorité des fraudeurs est épinglée.”

En fin de compte, Van Quickenborne affirme que l’internet changera l’économie en profondeur, tant le ‘business’ que la réglementation. “Nous interdisons aux magasins d’ouvrir le dimanche, alors qu’on peut commander constamment en ligne. Les agences de voyages seront elles aussi ouvertes de manière limitée. Les gens réserveront leur voyage en ligne, c’est logique. Il faut libéraliser le marché. Je suis conscient que la résistance ne manquera pas, mais c’est l’avenir. En fin de compte, tout tourne autour du haut débit, de la vitesse et de l’accessibilité permanente, 24 heures sur 24.”

Update 16u30

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