Longread: combien vos collègues IT gagnent-ils?

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Guy Kindermans Rédacteur de Data News

S’il n’est certes pas encore question de big data, le traitement des résultats de l’enquête Salaires annuelle de Data News n’en demeure pas moins volumineux et fascinant. Avec cette année, une confiance manifestement retrouvée.

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Commençons d’emblée par les rémunérations puisqu’il s’agit finalement d’une enquête sur les salaires. Le patron de l’ICT, le CIO/IT Manager – bénéficie cette année d’un salaire mensuel brut moyen de 6 049 €, ce qui est à peine moins que l’an dernier. Toutefois, la médiane de cette catégorie salariale se situe à ‘5 500-6 000 €’ (la médiane indiquant que le nombre de personnes qui gagnent davantage est égal à celui des personnes qui gagnent moins dans cette catégorie précise), soit une catégorie inférieure par rapport à l’an dernier.

Les analystes (fonctionnels et systèmes) se voient attribuer un salaire mensuel moyen de 4 467 €, avec une médiane à ‘4 000-4 500 €’, ce qui est pratiquement inchangé.

L’analyste-programmeur reste un classique dans le secteur ICT, avec un salaire mensuel moyen de 4 257 € et une médiane de ‘4 000-4 500 €’. Soit dans les deux cas une belle croissance par rapport à 2015.

Cette augmentation concerne aussi le chef de projet, même si celle-ci est plus modérée, avec un salaire moyen de 5 472 € par mois et une médiane à ‘5 000-5 500 €’.

Au niveau des fonctions plus techniques, les administrateurs de systèmes/ingénieurs reçoivent à quelques euros près le même salaire brut, soit cette année 3 893 €, avec une médiane dans le groupe ‘3 500-4 000 €’. En revanche, les spécialistes télécoms et réseaux sont mieux lotis puisqu’ils bénéficient d’une belle augmentation, avec un salaire mensuel de 5 139 € en moyenne et une médiane qui monte d’une catégorie à “4 500-5 000 €”.

Pour ce qui concerne la politique salariale globale, seuls 13 % des répondants se sont vus imposer un gel des salaires, contre 28 % qui sont soumis à des conventions (indexation, etc.) et 25 % qui ont obtenu une augmentation de salaire en fonction de leurs performances individuelles.

Pas moins de 40 % des informaticiens ont reçu une augmentation au cours de l’année écoulée, contre 55 % qui ont connu un statu quo et 5 % qui ont vu leur rémunération diminuer. Les “extrêmes” les plus importants dans les salaires concernent l’industrie, avec à la fois le pourcentage le plus élevé qui évoque une hausse (46 %) qu’une baisse (8 %) de leur rémunération. Tant dans le secteur public que dans le non-lucratif, le salaire est resté identique pour pas moins de 60 % des informaticiens.

De la modularité, SVP!

L’enveloppe salariale globale est désormais “modulaire”, comme le prouvent 53 % des répondants. Par modularité, il faut entendre que divers éléments de la rémunération totale peuvent avoir une “pondération” différente pour des collaborateurs spécifiques, une tendance qui s’impose largement. Certes, la liberté de choix reste relativement limitée pour l’instant, dans la mesure où pas moins de 28 % des informaticiens n’ont pour l’instant aucune prise sur la composition de l’enveloppe, contre 17 % qui peuvent apporter une certaine modularité. D’où ce conseil aux employeurs : pas moins de 35 % des répondants dont le salaire n’est pas vraiment modulaire estiment cette approche “intéressante”.

Précisons que cette rémunération modulaire est surtout d’application dans le tertiaire (58 %) et l’industrie (56 %), mais moins dans le secteur public (30 %) et le non-lucratif (27 %). Dans ces 2 derniers secteurs, l’intérêt est toutefois marqué (55 % et 59 % respectivement). En outre, il s’agit là d’une évolution relativement récente puisque les informaticiens récemment engagés en bénéficient davantage que ceux qui sont depuis plus longtemps en service (ceux-ci se montrent d’ailleurs aussi les moins intéressés).

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Qui est satisfait?

Les informaticiens belges ne s’en cachent pas : 84 % sont relativement à très satisfaits de leur rémunération, et seuls 4 % ne sont “pas du tout” satisfaits. Cette satisfaction est surtout le fait d’informaticiens ayant “de 5 à 10 ans” d’expérience puisque c’est dans cette catégorie que l’on trouve des scores supérieurs à 80 %. Chez les jeunes, de “1 à 3 ans” d’expérience, la satisfaction (“très’ à ‘relativement”) régresse à 56 % (avec en revanche 38 % de “peu” satisfaits) et à 66 % chez ceux qui ont de “3 à 5 ans” d’expérience (avec 13 % de ‘pas’ satisfaits, le pourcentage le plus élevé). Bref, ceux-ci s’attendaient à mieux.

Plus de changements d’emploi?

Sachant que le “salaire” est globalement le principal facteur de choix d’un (nouvel) employeur, l’on ne pouvait pas s’attendre à grand-chose en termes de volonté de changement d’emploi. Et sans surprise, 56 % des informaticiens ne semblaient nullement prêts à changer d’emploi l’an dernier, tandis que parmi ceux qui disent rechercher un autre job, seuls 21 % ont été contactés. Cette année, cette propension à changer d’employeur est restée identique, soit 52 %, et même moindre chez 23 %.

Voilà qui n’est pas vraiment encourageant pour les employeurs qui ne doivent pas s’attendre à un afflux massif de jeunes diplômés et ne trouvent que difficilement des informaticiens “entre 2” (relativement jeunes, mais avec 5 à 10 ans d’expérience). Cette pénurie s’explique évidemment par la désaffection des études d’informatique ces dernières années (ce qui n’a pas été semé hier ne peut être récolté aujourd’hui).

Reste néanmoins que c’est chez les informaticiens ayant de “3 à 5 ans” et de “5 à 10 ans” d’expérience que l’on retrouve le pourcentage le plus élevé de “oui, je suis en recherche”, soit respectivement 56 % et 51 %. Et dans le groupe “3 à 5 ans” d’expérience, cette volonté de changer d’emploi est même supérieure par rapport à l’an dernier. Sans doute logique puisque ceux-ci bâtissent toujours leur carrière, alors que les informaticiens plus âgés ont trouvé leur place et ont choisi d’y rester.

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Comment séduire?

“Si j’avais su”, soupirent aujourd’hui les responsables HR, mais que fallait-il savoir pour attirer des informaticiens ? Qu’outre le salaire (qui se positionne en n° 1 absolu avec 79 %), 50 % ou plus des informaticiens citent dans l’ordre décroissant d’importance : l’ambiance de travail (64 %), les horaires flexibles (61 %), un trajet domicile/travail facile (52 %) et la possibilité de travailler à domicile (51 %). Le top 10 est complété par un trajet domicile/travail plus court, la sécurité d’emploi, la plus grande autonomie de travail, les possibilités de formation et les perspectives de carrière.

A noter certaines différences “linguistiques” puisque les francophones citent un trajet domicile/travail plus facile en 8e position et un trajet domicile/travail plus rapide en n° 4 (et ex aequo avec la possibilité de travailler à domicile). Mais les écarts les plus importants par rapport à la liste standard se retrouvent chez les informaticiens du secteur public (salaire, trajet domicile/travail facile, horaires flexibles, sécurité d’emploi et ambiance de travail) et du non-lucratif (salaire, ambiance de travail, autonomie dans le travail, sécurité d’emploi et – ex aequo – horaires flexibles et trajet domicile/travail aisé).

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Confiance générale

Les informaticiens belges estiment en tout cas que le marché de l’emploi reprend. Pour preuve, au cours des 12 derniers mois, 30 % d’entre eux font état d’une augmentation du nombre d’informaticiens (salariés) dans leur organisation, contre 19 % qui évoquent une diminution. La hausse la plus forte est enregistrée dans le non-lucratif (36 % déclarent une augmentation), tandis que la baisse la plus marquée est à noter dans le tertiaire (24 %).

Si l’informaticien n’envisage pas directement de changer d’emploi, 78 % d’entre eux estiment pouvoir retrouver rapidement du travail après un éventuel licenciement. Et pas moins de 86 % considèrent qu’ils travailleront toujours dans l’informatique d’ici 5 ans, tandis que 95 % déclarent improbable l’éventualité d’être remplacés à l’avenir par un robot ou un ordinateur.

Les informaticiens continuent à aimer leur métier : pas moins de 80 % opteraient à nouveau pour l’ICT s’ils devaient à nouveau choisir!

C’est votre enquête !

L’enquête Salaires de Data News ne serait pas ce qu’elle est sans la participation fidèle des informaticiens. Soyez-en remerciés ! Quelle image pouvons-nous établir de l’informaticien moyen sur la base de vos réponses?

Cette année encore, une tendance de fond se dégage : l’informaticien belge vieillit d’année en année. Une bonne moitié (52 %) des répondants a 45 ans ou plus, tandis que pas moins de 20 % ont même 55 ans et davantage. Si d’aucuns feront remarquer que les jeunes sont sans doute moins enclins à répondre à des enquêtes, ce vieillissement semble également confirmé par des tiers.

Vous êtes majoritairement néerlandophones (76 % des répondants), contre 24 % de francophones (peut-être faudrait-il ajouter un choix “autre langue” ?) et – ce n’est pas surprenant – des hommes (87 %). La majorité des informaticiens est salariée (68 %) et travaille surtout dans de grandes entreprises (50 % dans des sociétés de + de 500 personnes, 13 % dans des sociétés de 201 à 500 personnes et 11 % de 11 à 50 personnes. La répartition est équilibrée entre hors secteur ICT (51 %) et secteur ICT. Dans l’ordre décroissant, l’informaticien est actif dans le secteur (privé) tertiaire (57 %), l’industrie/la production (27 %), le secteur public (11 %) et le non-lucratif (soins de santé, etc.) (5 %). Manifestement, les jeunes préfèrent les plus petites sociétés largement orientées vers les logiciels, mais avec l’expérience, l’informaticien choisit de travailler en dehors du secteur ICT

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