Les rapports de consultance contiennent leur lot d’inepties automatiques

Plus le rapport est épais, plus il contient d’inepties automatiques, d’après les révélations de consultants.

Quiconque soupçonne que les études des agences de consultance constituent un système frauduleux à grande échelle, aurait raison, semble-t-il. Une partie substantielle d’avis et d’analyses seraient en effet générés automatiquement. L’idée fait fortement penser à ces scientifiques qui manipulent leurs propres recherches, comme on l’a vu récemment encore. La rédaction de Data News a appris de très bonne source que plusieurs consultants s’en tiraient bien facilement en ne rédigeant pas eux-mêmes leurs rapports, mais en en laissant le soin à un outil qui compose automatiquement des textes.

Cette pratique aurait débuté, il y a une dizaine d’années, au sein du bureau-conseil PerfectCon, aujourd’hui disparu, qui aurait mis au point cette application en interne. En ajoutant des études extérieures, la machine parvient à apprendre et à garder en mémoire les termes branchés. Au moyen de quelques mots-clés, il est alors possible de définir le contexte du rapport.

Le système était relativement hermétique et ce, jusqu’à ce que certains collaborateurs durent quitter l’entreprise en… emportant le logiciel. Un groupe de conseillers et de consultants vit alors le jour, qui fournissait couramment des rapports, pour lesquels, dans le meilleur des cas, seuls le sommaire et les conclusions étaient véritablement écrites. Notre source estime que jusqu’à un tiers de tous les rapports au Benelux sont rédigés de cette manière, du moins partiellement. Une caractéristique intéressante, c’est que la longueur du rapport est associée à son prix et éventuellement à la valeur d’une suite possible.

“Le logiciel reproduit automatiquement cinq faits inventés de toutes pièces à propos desquels vous pouvez écrire vous-mêmes une ou deux page(s). Le reste semble être à première vue du travail de professionnel, mais si on l’examine de près, l’on comprend vite qu’il s’agit d’un tas de phrases génériques bourrées de mots anglais à la mode.” Voilà ce qu’affirme ce consultant anonyme qui nous ouvre les yeux sur la pratique. “Le terme ‘level-playing-field’ par exemple a été littéralement inventé un vendredi après-midi sur un terrain de golf.”

Assez étonnamment, la falsification n’a quasiment jamais été découverte. “Il faut savoir que ces rapports sont généralement élaborés pour défendre un point de vue précédemment adopté. Il s’agit d’un tas de papiers où dans la pratique, personne ne lit au-delà de la cinquième page. Le pourcentage de contenu généré automatiquement augmente dès lors aussi au fur et à mesure de la progression du rapport.

A l’entendre, notre source utilise le système depuis cinq ans environ déjà. Pendant tout ce temps, personne n’a jamais remis en cause sa qualité. “En guise de test, j’ai autrefois incorporé dix pages sur les poissons volants dans ce genre de rapport, et l’entreprise cliente m’a remercié pour ma vision unique et m’a versé plus de dix mille euros avec le sourire. Dans un tel cas, l’on ne peut quasiment rien faire d’autre que d’en profiter. Pour être sincère, je comprends moi-même à peine le contenu de ce genre de rapport, et c’est le cas aussi pour tous ceux qui doivent le relire ensuite.”

Update: Tout comme les consultants vendent parfois du vent, Data News vous a concocté ce 1er avril cet article complètement loufoque, poisson d’avril oblige…

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire