Les opérateurs tirent la sonnette d’alarme pour protester contre la réglementation gouvernementale

Jos Donvil (Base Company), Stéphane Moreau (Voo), Dominique Leroy (Proximus), John Porter (Telenet) et Jean Marc Harion (Mobistar). © Pieterjan Van Leemputten
Pieterjan Van Leemputten

Proximus, Telenet, Base Company, Mobistar et Voo souhaitent que le gouvernement crée un climat d’investissement stable pour le secteur télécom. Ils en ont assez que le bénéfice tiré des milliards d’investissements soit englouti par les autorités.

Cela n’était plus arrivé depuis 2000, le fait que les opérateurs organisent une conférence de presse. Cette fois, ils ont brandi une étude réalisée par le cabinet de consultance Arthur D. Little. Cette étude affirme que les opérateurs s’avèrent cruciaux pour notre économie. C’est ainsi qu’en 2013, les cinq acteurs y ont encore injecté 1,8 milliard d’euros. Mais selon l’étude, chaque euro investi dans les réseaux fixes et mobiles rapporte aussi 3 euros de croissance économique (PIB) et un euro et demi à l’Etat.

Et cela ne cesse de grimper, indique le rapport, puisque le secteur a entre 2007 et 2013 ajouté plus de 45 milliards d’euros de valeur à l’économie. “C’est la première fois qu’une étude met en avant les véritables chiffres de la valeur ajoutée”, prétend Dominique Leroy de Belgacom.

Mais les nombreuses règles et taxes compliquent tout particulièrement le retour sur investissement. En même temps, le secteur n’engrange plus d’argent de ses clients car leurs dépenses ont entre 2006 et 2012 reculé de 3,24 pour cent à 2,96 pour cent du budget du ménage. On l’observe également au niveau international. “Il y a dix ans, nous pouvions être fiers de l’industrie télécom européenne en comparaison avec leurs pendants asiatiques et américains. Mais aujourd’hui, nous sommes distancés”, ajoute Leroy.

5 exigences

Le secteur se plaint depuis des années de la réglementation, mais il est rare que les opérateurs le fassent conjointement. Cette fois, ils soulignent ensemble plusieurs exigences.

C’est ainsi que le secteur veut une certaine prévisibilité dans la réglementation et une transparence ad hoc en matière d’investissements. Autrement dit: si les opérateurs envisagent un investissement sur une période de dix ans, ils ne veulent pas qu’au cours de la quatrième année par exemple, voir appliquer des taxes ou des normes plus strictes, ce qui ferait que cet investissement ne rapporte plus rien. En 2013, 24 pour cent du chiffre d’affaires se sont du reste traduits en investissements.

Un deuxième point concerne les stimulants fiscaux et financiers en vue de favoriser les investissements privés. Cela revient surtout à une diminution des impôts et d’autres taxes gouvernementales. C’est ainsi que la taxe wallonne sur les pylônes d’antennes constitue une fameuse épine dans le pied, à tel point d’ailleurs que Base Company déclare ne plus vouloir investir dans les zones moins peuplées au sud du pays.

Ce qui est étonnant, c’est la demande en vue de bénéficier de règles similaires au niveau fiscal et réglementaire entre les différents intervenants. Le secteur vise ici non seulement les acteurs télécoms entre eux, mais bien aussi tout l’écosystème numérique, y compris les acteurs OTT (Over The Top) tels Netflix ou Whatsapp.

Les points quatre et cinq consistent respectivement “à créer la confiance dans les réseaux en cette époque de numérisation” d’une part et “à inviter le gouvernement à soutenir encore plus l’économie numérique” d’autre part.

La Belgique au top mondial

Même si Leroy déclare que l’Europe s’est fait dépasser par l’Asie et les Etats-Unis, les opérateurs continuent d’insister néanmoins sur le fait que les réseaux télécoms en Belgique font partie du top au niveau mondial. Et ce, tant en vitesse qu’en portée. “97 pour cent des entreprises sont connectées au haut débit, et la couverture mobile est à l’avenant. Il n’y a aucune région en Belgique qui ne bénéficie pas de connexions fixes ou mobiles”, assure le CEO de Telenet, John Porter. Mais ce niveau n’est possible que s’il demeure intéressant d’injecter de l’argent dans les réseaux.

Malaisée, une réglementation à long terme

Lors de la présentation de l’étude, le ministre des télécommunications, Alexander De Croo, était aussi présent, de même que quelques membres de l’IBPT. Ils ont dit comprendre la demande du secteur, non sans apporter la nuance selon laquelle ce dernier évolue toutes les x années et qu’il est donc impossible d’élaborer une réglementation télécom valable pour une décennie. Le régulateur a déclaré qu’il communiquait le plus ouvertement possible sur ce qui est prévu au planning et quand, à des fins d’évaluation.

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