Les jeunes informaticiens ne peuvent créer d’entreprise à Cuba

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Dans aucun autre pays d’Amérique latine, la situation au niveau d’internet n’est aussi désolante qu’à Cuba. De jeunes entrepreneurs veulent changer les choses, mais se heurtent aux limites des réformes.

“Nous avons besoin d’un internet puissant, ainsi que de changements structurels dans le commerce privé”, déclare Pablo Rodríguez (25 ans), qui dirige l’équipe qui a développé l’appli populaire Conoce Cuba (Connaissez Cuba): “Nous voulons pouvoir conclure des contrats avec des entreprises étrangères et importer leur technologie.”

L’appli utilise la fonction GPS de l’appareil mobile et fournit des informations sur les hôtels, restaurants, banques, la culture et le sport dans les environs.

Absence de personnalité juridique

Pour développer Conoce Cuba, les programmeurs ont demandé une licence en tant qu’informaticiens. C’est l’une des 47 activités tolérées dans l’économie privée par le gouvernement fin 2013. “Nous voulions en fait créer une coopérative pour disposer d’une personnalité juridique et ainsi conclure de meilleurs contrats avec les entreprises d’état et payer moins de taxes”, ajoute Rodríguez.

Mais à Cuba, il est malaisé de créer une coopérative en dehors du secteur agricole. “Je ne connais personne qui ait reçu une autorisation dans le domaine informatique.”

Actuellement, Cuba compte 351 coopératives, dont la plupart sont des magasins, hôtels, restaurants et entreprises de construction. “Le ministère de l’Informatique et de la Communication devrait avoir conscience que Cuba a besoin d’entreprises de la connaissance”, poursuit Rodríguez. Son projet crée également de l’emploi, selon lui: “Nous possédons un réseau de collaborateurs qui collectent des informations dans tout le pays.”

Zone grise

Les autorités les tolèrent, disent les jeunes informaticiens de Cuba, mais elles ne leur offrent pas la chance d’exporter leurs services, affirment-ils.

“Je souhaite disposer de la possibilité légale de créer ma propre entreprise à Cuba”, lance Abelardo Ascencio, un informaticien de 28 ans. Il se situe pour l’instant dans une zone grise: il travaille au départ de Cuba pour des entreprises étrangères. Il a aussi un emploi dans une entreprise d’état, mais il n’y gagne pas suffisamment.

Conjointement avec trois amis, il a en 2011 créé ‘Vivalco & Cuba’, qui développe tant bien que mal du software. Ses trois amis ont entre-temps émigré. “Nous voulions donner un statut légal à l’entreprise, mais la législation ne le permet pas.”

3 millions d’utilisateurs

Fin de l’année dernière, Cuba, un pays d’onze millions d’habitants, comptait un peu plus de trois millions d’internautes. Les connexions domestiques restent limitées à quelques associations professionnelles, telles les médecins et les journalistes. Dans les endroits publics comme les hôtels et les parcs, le gouvernement a fait installer l’internet sans fil.

Les autorités souhaitent déployer largement l’internet à haut débit. A l’horizon 2020, la moitié des ménages devrait avoir accès à internet, et 60 pour cent des Cubains devraient disposer d’un appareil mobile. Mais les autorités n’ont pas encore expliqué comment elles comptaient y arriver. (IPS)

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