Le plus ancien ordinateur numérique opérationnel au monde

Guy Kindermans Rédacteur de Data News

Au sein du Bletchley Park britannique, l’ordinateur Harwell Dekatron datant de 61 ans a été redémarré au terme d’une restauration qui a duré trois ans.

Au sein du Bletchley Park britannique, l’ordinateur Harwell Dekatron datant de 61 ans a été redémarré au terme d’une restauration qui a duré trois ans.

Peu après la Deuxième Guerre Mondiale, l’on a procédé activement dans le monde entier à des expérimentations sur toutes les formes d’ordinateurs possibles et ce, avec plus ou moins de réussite. La plupart de ces appareils pionniers ont ensuite été démantelés, et leurs composants utilisés dans de nouveaux projets, de sorte qu’il ne subsiste plus guère de systèmes de cette époque. Le Harwell Dekatron de 1951 constitue donc une exception de par l’historique même de son utilisation. A l’origine, il a été fabriqué dans le Harwell Atomic Research Establishment, puis utilisé pour exécuter du travail de calcul mortellement répétitif. La machine Harwell Dekatron fonctionnait à la même vitesse qu’une personne équipée d’une calculatrice mécanique, mais s’en distinguait par le fait qu’elle était capable de travailler sans problème des jours durant, ce qui est étonnant à une époque où les ‘tubes’ électroniques rendaient aisément l’âme. Le Harwell Dekatron n’avait cependant pas été conçu sous le seul angle de la vitesse, mais aussi sous celui d’une sécurité d’exploitation maximale – une approche louable s’il en est et parfois même par trop négligente.

En 1957, le Harwell Dekatron ne s’avéra plus utile pour l’institut de recherche, mais l’appareil ne fut pas démantelé pour autant. L’on organisa au contraire un concours s’adressant aux instituts d’enseignement. Le gagnant serait celui qui présenterait la meilleure proposition d’utilisation de la machine. Ce fut le Wolverhampton & Staffordshire Technical College qui l’emporta et qui rebaptisa l’ordinateur WITCH (Wolverhampton Instrument for Teaching Computation). Les aspirants Harry Potter numériques ont effectué leurs premiers exercices digitaux sur cette machine jusqu’en 1973, après quoi elle gagna un musée à Birmingham. Après la fermeture de ce dernier, le WITCH fut rangé dans un entrepôt en attendant la fin de sa… vie.

Or en 2008, quelqu’un reconnut une partie du WITCH sur une photo et échafauda le projet de le restaurer. Le WITCH est à présent de nouveau opérationnel et a été installé dans le National Museum of Computing du Bletchley Park, là où les Alliés réussirent à percer les codes allemands durant la Deuxième Guerre Mondiale. C’est là aussi qu’a lieu la reconstruction de l’ordinateur électronique Colossus.

Le Harwell Dekatron fonctionnait avec des tubes électroniques Dekatron, ce qui fait qu’il ne calculait pas en mode binaire, mais décimal. Sa conception débuta en 1949. Il en résulta une machine équipée notamment de 828 tubes Dekatron et de 7.073 circuits électromécaniques. L’ensemble faisait 6 m de largeur, 2 m de hauteur et 1 m de profondeur et pesait 2,5 tonnes. L’entrée et la sortie se faisaient au moyen de bandes de papier.

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