‘Le dernier homme à avoir marché sur la lune’ est décédé. Pourquoi n’y est-on jamais retourné?

© NASA
Wim Kopinga Redacteur DataNews.be

Gene Cernan, le dernier homme à avoir foulé du pied le sol de la lune, est décédé lundi à l’âge de 82 ans. Son exploit remonte à plus de 44 ans déjà. Pourquoi donc n’y est-on jamais retourné?

Le 11 décembre 1972, Apollo 17 alunissait. A son bord, on trouvait les aéronautes Gene Cernan, Harrison Schmitt et Ronald Evans (qui lui n’a pas marché sur la lune). Ce fut non seulement la dernière fois que quelqu’un foulait le sol lunaire, mais aussi la dernière fois que l’homme quittait l’orbite terrestre.

Apollo 17 a aluni au terme d’un processus spatial qui débuta en 1963 après le succès du Programme Mercury – le premier programme des Etats-Unis dans le domaine de la conquête spatiale habitée. Après la Deuxième Guerre Mondiale, les Etats-Unis et l’Union Soviétique s’affrontèrent dans un bras-de-fer (nucléaire). L’espace fut le moyen de démontrer ce dont étaient capables les deux pays aux niveaux technologique et militaire, et ils y investirent toujours plus.

Le 12 avril 1961, le cosmonaute russe Youri Gagarin fut le premier homme à voyager dans l’espace, après quoi le président américain John F. Kennedy déclara: ‘Je crois que ce pays doit se préparer à atteindre un but précis: avant la fin de cette décennie, nous allons envoyer un homme sur la lune, qui reviendra ensuite sain et sauf sur la Terre.’

C’est en 1966 que la course à l’espace et la guerre froide connurent leur apogée: la NASA bénéficia cette année-là du plus important budget de son histoire, tout juste sous la barre des 4,5 pour cent du budget fédéral total qui était de 5,9 milliards de dollars (ce qui correspond aujourd’hui à 43 milliards). En 1966, la NASA avait déjà pris les devants, et le Projet Gemini – le trajet préparatoire d’Apollo – avait été accompli. Mais le soutien du programme spatial américain régressa alors déjà en raison de ses coûts élevés. Après qu’Apollo 11 ait aluni avec succès en 1969, le but était atteint, et le pays investit dès lors toujours moins dans la conquête spatiale. La NASA continua de planifier des missions, mais au bout de cinq, c’en était fini des coûteux voyages vers la lune.

Les montants reçus par la NASA du gouvernement américain n’étaient plus défendables publiquement, en raison aussi de la crise du pétrole de 1973. Il y avait certes encore de l’argent disponible, mais dans des conditions toujours plus restrictives, ce qui fait que la NASA ne pouvait encore entreprendre que des missions de recherche scientifique.

Autres priorités

Il y eut alors de nouveaux projets d’une station spatiale et en 1970, on annonça qu’Apollo 20 serait abandonné et qu’Apollo 15, 16 et 17 seraient les derniers vols. Résultat: douze Américains en tout ont marché sur la lune, dont Cernan, le 14 décembre 1972, fut provisoirement le dernier.

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Parmi les nouveaux projets, il y eut le développement de la Spaceshuttle réutilisable pour des missions spatiales autour de la Terre. Entre-temps les Etats-Unis se mirent d’accord avec l’Union Soviétique, suite à ce qu’on a appelé les ‘Strategic Arms Limitation Talks’ (SALT) de 1972, pour réduire le nombre d’armes nucléaires des deux pays. Cela sonna le glas de l’infrastructure requise pour les missions lunaires, ainsi que des fusées inutilisées qui furent envoyées dans des musées.

Depuis lors, c’est quasiment le calme plat dans l’espace.

Des milliers de satellites tournent en orbite autour de la Terre, et l’International Space Station (ISS) est habitée en permanence depuis 2000, mais l’ensemble se trouve à une distance assez proche de la Terre.

Des changements sont cependant annoncés.

Coloniser Mars

Du fait que la NASA se voit attribuer toujours moins d’argent, les missions ne dépassent plus jamais les orbites à basse altitude. Les fusées de la NASA datent encore de la conquête spatiale où les Etats-Unis affrontaient l’Union Soviétique. Elles ne peuvent en outre n’être utilisées qu’une seule fois et s’avèrent dès lors particulièrement onéreuses.

C’est sur ce point qu’Elon Musk tente de changer la donne avec son entreprise aéronautique SpaceX. Il construit des fusées réutilisables, capables donc de réduire nettement le prix d’une mission dans l’espace. Les fusées de SpaceX sont en outre entièrement nouvelles et très sophistiquées.

SpaceX fut en 2008 la première entreprise privée à mettre une fusée en orbite et à envoyer une capsule vers l’ISS. En 2015, SpaceX réussit à faire atterrir une fusée à la verticale après son lancement.

En septembre 2016, Musk mit sur les fonts baptismaux le projet de coloniser Mars, ce qui voudrait dire que l’homme va de nouveau être envoyé dans l’espace. A partir de 2018, il souhaite expédier tous les deux ans une fusée d’approvisionnement vers Mars. Les fusées sont planifiées tous les deux ans car la Terre et Mars sont les plus proches tous les 26 mois. Les vols inhabités embarqueront, outre de l’équipement pour des expérimentations scientifiques, aussi des robots capables d’explorer la planète rouge et de servir de tests. Dans le passé, il y eut 43 tentatives d’atteindre Mars, mais seules 18 connurent le succès.

C’est à partir de 2024 que Musk entend envoyer également des gens sur Mars. Six mois plus tard, ils devraient y arriver, afin d’examiner les possibilités d’y créer une colonie et ce, dans le but de rendre davantage probable la poursuite de l’existence de la race humaine. Musk estime qu’il faudra de 40 à 100 ans avant qu’il puisse y avoir une civilisation humaine autonome sur Mars.

Il veut créer un trajet de transport vers Mars ‘à l’instar d’un train qui part d’une gare’, ce qui permettrait à l’homme d’aller régulièrement bien au-delà de l’orbite terrestre.

Pas (encore) sur la lune

Pourtant, la lune sera laissée de côté en tant que station intermédiaire. Grâce à de nouveaux développements technologiques, le potentiel a énormément progressé depuis 1972. Nous avons déjà été sur la lune, il y a plus de 44 ans, et nous pouvons à présent nous concentrer sur d’autres lieux de notre système solaire, afin d’avoir une meilleure vision de la manière dont notre planète est née.

Les voyages vers la lune de la fin des années 60 et du début des années 70 représentent encore et toujours la plus impressionnante performance aventurière de l’homme, et Cernan demeurera provisoirement le dernier humain à y avoir mis le pied. Ses derniers mots sur la lune furent que l’homme y reviendra, si Dieu le veut. Cela ne s’est pas passé ainsi au cours du reste de sa vie. La lune est pour l’instant mise de côté.

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