“La cryptographie quantique est vaine”

L’expert en sécurité Bruce Schneier doute de l’utilité de la cryptographie quantique. Le cryptage des données dépend en effet du maillon le plus faible de la chaîne globale de la sécurité, y compris l’homme.

L’expert en sécurité Bruce Schneier doute de l’utilité de la cryptographie quantique. Le cryptage des données dépend en effet du maillon le plus faible de la chaîne globale de la sécurité, y compris l’homme.

Pour Bruce Schneier, la cryptographie quantique est très puissante, mais n’offre quand même pas une meilleure protection que les techniques de cryptage actuelles. Ces dernières peuvent parfois être piratées en usant d’une puissance de calcul suffisante et pourraient être assez rapidement piratées au moyen d’ordinateurs quantiques. Pourtant, le cryptage avec des techniques quantiques n’est pas la solution, selon Schneier. Il estime que la cryptographie quantique n’est pas défendable du point de vue commercial.

Le chercheur insiste sur le fait que le cryptage des données dépend encore et toujours d’autres facteurs, dont l’algorithme réellement utilisé et les utilisateurs eux-mêmes. Ce sont par exemple des personnes qui notent leurs mots de passe sur des Post-it. Ce qui est assez étonnant, c’est que Schneier ne prétend pas que la cryptographie quantique soit insuffisante, mais elle ne renforcerait qu’une partie de la communication des données et le cryptage actuel serait en soi assez bon.

Schneier ajoute qu’il apprécie énormément la science de la cryptographie quantique, mais qu’il n’y voit aucune valeur commerciale. “Je ne pense pas qu’elle résout un problème qui doit l’être. J’estime donc qu’elle n’a pas de valeur.”

Il réagit ainsi à de récentes découvertes dans la recherche scientifique sur la cryptographie quantique. C’est ainsi que des chercheurs ont déployé à Vienne un réseau d’ordinateurs sécurisé par la cryptographie quantique. C’est là le résultat de quatre années de recherche et de développement. De plus, des scientifiques britanniques ont réussi à accélérer sensiblement l’échange de clés quantiques.

Schneier est d’une part enthousiaste, mais sans excès. “Les systèmes utilisant la cryptographie quantique ne deviennent pas subitement inviolables. La partie quantique de ce genre de système ne colmate en effet pas les points faibles”, déclare l’expert en cryptage, aujourd’hui actif dans la branche sécurité Counterpane de British Telecom.

Il insiste sur le fait que la sécurité est une chaîne et que c’est le maillon le plus faible de celle-ci qui détermine la valeur de l’ensemble. “Les véritables problèmes sont ailleurs: dans la sécurisation des ordinateurs, des réseaux, des interfaces utilisateurs, etc., etc.” Chacun de ces maillons donc être renforcé. “Il est nettement plus sensé de se soucier de la protection de ces éléments.”

En collaboration avec Computable

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