La Côte d’Ivoire lance une tablette didactique

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Le mois prochain, la Qelasy sera lancée sur le marché. Il s’agit d’une tablette destinée aux écoliers. Elle est conçue en Côte d’Ivoire et est la première de ce genre en Afrique.

La Qelasy remplacera tous les manuels, calculettes et ardoises individuels qui sont encore souvent utilisés dans les écoles ivoiriennes. Elle offre aussi un environnement électronique, dans lequel les professeurs pourront communiquer. “Nous voulons réduire la fracture numérique entre le Sud et le Nord et faire entrer l’enseignement ivoirien dans le 21ème siècle”, déclare Thierry N’Doufou, l’un des dix spécialistes IT qui ont conçu la tablette.

Qelasy signifie ‘classe’ dans plusieurs langues africaines, y compris en akan, malinke, lingala et bamileke. L’équipe Qelasy a numérisé tous les manuels ivoiriens approuvés par les autorités et les a enrichis avec des photos et du matériel vidéo.

Surfer ou jouer

La tablette utilise le système d’exploitation Android et est protégée contre l’eau, la poussière, la sécheresse et la chaleur. “Tout ce que peut rencontrer un élève africain sur le chemin de l’école”, affirme N’Doufou. “Nous savions que nous devions concevoir un produit qui nous est propre, tout spécialement pour répondre aux besoins des consommateurs d’ici.”

Les parents et professeurs pourront déterminer où les enfants pourront utiliser la tablette. Ils pourront spécifier s’ils peuvent surfer sur internet ou jouer, et paramétrer par exemple une limite de temps. De plus, un magasin web sera ouvert, où les parents et les enseignants pourront choisir parmi plus de mille applis payantes et d’autres éléments didactiques.

Même si la Qelasy cible l’enseignement, le directeur marketing Fabrice Dan envisage d’autres marchés encore pour la tablette: “Nous croyons que la technologie pourra générer un changement positif. Et nous croyons dans l’enseignement. Mais en fin de compte, nous voulons nous tourner aussi vers d’autres secteurs, comme l’agriculture et le microcrédit.”

Produit coûteux

Le prix exact de la Qelasy n’a pas encore été fixé, mais la tablette coûtera, semble-t-il, entre 200 et 230 euros. C’est un prix élevé pour un pays où, selon les chiffres gouvernementaux, seuls 2 millions sur les 23 millions d’habitants sont assimilés à la classe moyenne qui gagne de 2 à 20 dollars par jour.

N’Doufou compte sur le fait que les autorités achèteront un certain nombre de tablettes à utiliser dans les écoles, mais indépendamment de cela, il s’agira tout de même d’un produit réservé aux gens bénéficiant des plus hauts revenus. Provisoirement, la Qelasy ne sera disponible qu’en Côte d’Ivoire, mais l’entreprise entend se tourner dans l’avenir aussi vers d’autres pays africains francophones.

Le succès du produit dépendra aussi de facteurs comme l’alimentation électrique. En Côte d’Ivoire, seuls 59 pour cent de la population disposent de l’électricité. Une tablette équipée d’une batterie qui fonctionne pendant 8 heures environ, ne convient donc pas pour tout le monde. N’Doufou déclare cependant que 80 pour cent des Ivoiriens possèdent un téléphone mobile malgré l’alimentation électrique déficiente. “Les gens se débrouillent dans les villages pour leur GSM. Il en sera de même pour les tablettes.”

Même si la Qelasy est en grande partie conçue en Côte d’Ivoire, elle est assemblée à Shenzen en Chine. C’est là que Siregex, l’entreprise derrière la tablette, en fait construire dix mille exemplaires. (IPS)

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