La Bourse pour quelle vie ?

Le coup d’accélérateur soudain dans le dossier d’entrée en Bourse de Belgacom met un terme à l’un des flops majeurs et les coûteux de l’histoire politique belge de cette décennie.

En ’96 en effet, la moitié (moins 1 action) du capital de l’opérateur national était vendue dans le cadre d’une ‘consolidation stratégique’ pour la somme ridicule de 1,82 milliard EUR à un consortium qui n’apportait que peu de valeur ajoutée. Le trio baptisé ADSB et formé d’Ameritech (désormais SBC), Singapore Telecom et Tele Danmark était à ce point hétérogène que Belgacom vit débarquer une vague d’expatriés à hauts salaires qui, les premières années, suscitèrent surtout malaise et incompréhensions au sein de la direction générale. “Nous aurions pu nous passer des Américains, si ce n’est que cela a peut-être permis d’aller plus vite”, expliquera plus tard Baudouin Meunier (désormais directeur du marketing à La Poste) à propos de la modernisation de Belgacom. De plus, ADSB ne disposait pas du moindre réseau international, tandis qu’Ameritech n’avait même pas de licence pour le trafic téléphonique international.ADSB n’a en outre guère incité Belgacom à investir tout en réduisant sensiblement les effectifs afin d’afficher chaque année un bénéfice maximal, ce qui a permis de rentabiliser désormais pratiquement l’investissement initial. Ce qui incite maintenant les actionnaires à se retirer rapidement, c’est le sentiment que les années de vaches grasses appartiennent au passé et l’obligation d’investir à présent massivement dans un réseau VDSL large bande. Avec la cession de 50%, ADSB peut espérer engranger plus de 5 milliards EUR, soit pratiquement un triplement de sa mise. Un retour sur investissement record en 8 ans! Mieux encore, Belgacom (et donc nous, puisqu’il s’agit toujours pour moitié d’une entreprise publique) rachète 10% du capital pour un montant estimé à 1,3 milliard EUR environ. Il (et donc nous) paie pour ces 10% pratiquement la même chose qu’ADSB pour 50% en ’96.On peut s’étonner aussi du fait que ces opérations aient chaque fois été orchestrées par des socialistes, qu’il s’agisse d’Elio di Rupo (PS) lors de la vente ou de Johan vande Lanotte (SPA) avec cette entrée en Bourse. Nous vivons décidément une bien drôle d’époque.

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