L’optimisme de mise chez les jeunes entreprises lors de LeWeb

Frederik Tibau est rédacteur chez Data News.

“Bientôt, nous allons récolter autant d’argent ici qu’aux Etats-Unis et écrirons en Europe des histoires à succès aussi grandes que les entreprises installées à Silicon Valley.” Voilà qui démontre en suffisance la confiance que les jeunes entreprises (‘start-ups’) belges ont témoignée dans l’avenir lors de l’événement LeWeb de Paris. “Nous n’allons quand même pas faire un complexe du fait que nous côtoyons ici des acteurs en vue, n’est-ce pas?”

“Bientôt, nous allons récolter autant d’argent ici qu’aux Etats-Unis et écrirons en Europe des histoires à succès aussi grandes que les entreprises installées à Silicon Valley.” Voilà qui démontre en suffisance la confiance que les jeunes entreprises (‘start-ups’) belges ont témoignée dans l’avenir lors de l’événement LeWeb de Paris. “Nous n’allons quand même pas faire un complexe du fait que nous côtoyons ici des acteurs en vue, n’est-ce pas?”
S’il n’y avait qu’une seule chose singulière à retenir de cette édition de LeWeb à Paris, c’est incontestablement l’optimisme débridé des jeunes entreprises présentes. A présent qu’Angry Birds, SoundCloud, Spotify et bien d’autres start-ups européennes se distinguent aux Etats-Unis, notre biotope technologique commence enfin à ruer dans les brancards. Avec un peu de bonne volonté, l’on pourrait même dire qu’on est à un tournant. Au lieu de copier Facebook et Twitter, l’on est aujourd’hui réellement en train d’innover sur le Vieux Continent.

Il était donc tout à fait logique que de nombreuses start-ups belges aient pris part à LeWeb. Il n’y a en effet pas de meilleure vitrine pour se montrer au monde entier, car durant cet événement internet de trois journées, il y a vraiment un morceau de Silicon Valley qui est présent à Paris. Les bailleurs de capital risque américains, qui brillaient avant par leur absence, sont aujourd’hui très intéressés. “LeWeb est ultra-important pour l’économie internet européenne”, déclare Allan Segebarth de la petite entreprise de ‘digital advertising’ Adlogix. “En tant qu’entreprise belge, il n’est pas facile de recueillir des fonds sur le marché des capitaux, et s’il y a un endroit où tous les capital-risqueurs se réunissent, il faut bien entendu y répondre présent.”

“Comme les Américains descendent en masse vers Paris, il règne ici aussi une atmosphère particulière”, estime François Dispaux du producteur d’applications Nectil. “Le feedback que nous recevons de ces gens, a une valeur inestimable.”

Allan et François faisaient partie de la délégation Webmission qui disposait pour la première fois d’un petit stand lors du principal événement internet européen (sous la bannière “Belgian Web Community“).

“François trouvait intéressant de venir en groupe à LeWeb”, explique Antoine Perdaens de l’outil de gestion de la connaissance Knowledge Plaza, “et Jenny Lwabandji, l’organisateur des Webmissions, et Carmelo Zaccone de l’AWT (Agence Wallonne des Télécommunications) notamment étaient aussi partants. Grâce à l’appui de la Brussels Enterprise Agency, de l’Awex et de l’AWT, il a été possible d’organiser quelque chose. Ensemble, nous sommes plus forts et en tant que Belgian Web Community, nous bénéficions d’une plus grande visibilité.”

“Pour les petites entreprises disposant de peu de moyens, c’est une chance unique”, ajoute Cédric Braem d’InternetVista. “J’ai vu de nombreuses personnes intéressantes et j’ai pu conclure des partenariats avec des entreprises que je n’aurais autrement jamais rencontrés. J’en suis évidemment ravi.”

“Comment je me sens en tant que représentant d’une entreprise belge débutante parmi les Google et autres Facebook? Très bien”, poursuit Braem. “Ce n’est quand même pas parce qu’on est une petite start-up qu’on ne peut pas mettre le nez à la fenêtre, n’est-ce pas?” “Nous n’allons quand même pas nous défendre d’être belges”, suggère Frédéric della Faille de CheckThis. “Toutes les start-ups présentes à LeWeb sont sainement ambitieuses. Et nous regardons toutes au moins vers l’Europe. Knowledge Plaza compte actuellement le plus de clients en France. Et il y a même des Japonais qui s’intéressent aux applications de François. Fuck le fait que nous venons de Belgique!”

Le Belge Xavier Damman de Storify déclare cependant qu’il faut émigrer vers Silicon Valley, si l’on veut vraiment représenter quelque chose dans le secteur internet.

Perdaens: “Je connais Xavier depuis que nous avions tous les deux 18 ans et croyez-moi, c’est quelqu’un qui a toujours voulu se rendre aux Etats-Unis. Il a eu aussi le courage de le faire, ce qui impose le respect. Mais prenez Benjamin De Cock par exemple. Il a créé avec Kickoff une formidable appli qui est populaire également aux Etats-Unis. Il opère pourtant depuis une petite ferme dans un village wallon. Il veut absolument rester en Belgique pour sa famille.”

“Les deux scénarios sont donc possibles. Xavier et Benjamin ont la même ambition, mais ils veulent atteindre leur objectif de manière différente. La méthode est différente. Mais je pense qu’ils connaîtront tous les deux la réussite.”

Comment se fait-il que l’Europe ait subitement le vent en poupe en tant que lieu favorable pour les start-ups technologiques? Perdaens: “Il existe plusieurs raisons. L’histoire de Spotify est édifiante à ce propos. J’ai habité quelque temps en Suède, et les capital-risqueurs locaux en étaient encore à se reprocher de ne pas avoir investi dans Skype. Ils ne souhaitaient pas commettre deux fois la même erreur et ils ont donc commencé à investir dans de petites entreprises locales.”

Segebarth: “Chez nous aussi, il y a des initiatives comme le BetaGroup, le Webmission ou l’IBBT encore relativement récents. Nous commençons enfin à mettre des constructions en chantier, qui sont capables de valoriser notre capital intellectuel. Cela a mis du temps – aux Etats-Unis, l’on est passé de l’industriel au technologique, il y a 20 ans déjà -, mais les premiers pas sont néanmoins à présent accomplis chez nous. Pour le biotope technologique européen, l’on peut encore s’attendre à un bel avenir. S’il y a un jour de la concurrence pour Silicon Valley, elle viendra aussi d’Europe. Même s’il s’agira plutôt de différentes grappes (clusters) que d’une seule ville ou d’une seule région.”

Perdaens: “Aux Etats-Unis, ils avaient l’argent, mais il leur manquait le talent. Plus de la moitié des entrepreneurs de la Silicon Valley ne sont pas américains. En Europe, au contraire, l’on a le talent, mais pas d’argent. Heureusement, l’on n’a plus forcément besoin d’argent pour créer une start-up technologique intéressante. Voyez CheckThis, qui a lancé une bêta sans y avoir investi beaucoup d’argent. Kickoff se défend aussi très bien, et Benjamin n’a pas encore vu le moindre euro de la part des autorités ou d’investisseurs.”

“Ce qui manque encore peut-être en Europe, ce sont de bonnes stratégies de sortie. Aux Etats-Unis, les start-ups sont considérées comme du R&D (recherche et développement). Les grandes sociétés n’investissent pas volontiers dans le R&D et rachètent donc simplement les start-ups qu’elles jugent intéressantes. En Europe, cela n’existe pas. Et c’est bien dommage, car les capital-risqueurs veulent récupérer leur mise au multiple. Ils doivent donc savoir à l’avance si la start-up dans laquelle ils investissent, pourra être rachetée. Evidemment, vous ne devez pas vendre ou entrer à la Bourse, mais pour un capital-risqueur, il est important que cette porte de sortie existe.”

Braem: “J’estime néanmoins que nous pourrons bientôt récolter autant d’argent ici qu’aux Etats-Unis. Et nous écrirons en Europe des histoires à succès aussi fameuses que là-bas. Mais il faut se tourner vers les sources financières européennes et pas seulement belges. Il y a des capital-risqueurs allemands qui investissent en Belgique, alors que l’OpenERP belge a récemment encore recueilli deux millions d’euros en France. C’est donc possible.

Perdaens: “Le marché financier est devenu une donnée européenne, voire globale. Avec Knowledge Plaza, nous avons participé à l’European Venture Contest et nous avons atteint la finale organisée bientôt à Madrid. Voilà où se trouve l’argent, c’est là que les capital-risqueurs européens déterminent qui sont les meilleures start-ups européennes.”

Dispaux: “En Belgique, il est vraiment encore possible de trouver des investisseurs. Durant la Webmission à San Francisco, nous avons pris la parole pendant trois minutes et aussitôt après, les capital-risqueurs ont défini notre profil risque. Ils savent ainsi ce qui est nécessaire pour nous aider à progresser. L’on obtient un retour immédiat. Alors que les investisseurs en Belgique ne savent souvent pas ce que vous faites.”

Segebarth: “Il existe des initiatives, entre autres des pouvoirs publics, et il y a de la bonne volonté. Les entrepreneurs sont prêts. Mais le capital privé en Belgique doit encore faire la pas de l’industriel vers le technologique. Et pour cela, il faut un changement de mentalité. A plus long terme, ce changement viendra peut-être encore, grâce notamment à des événements comme LeWeb.”

Le biotope des start-ups technologiques souffre-t-il beaucoup de la crise en Europe?
Segerbarth: “Les capital-risqueurs n’éprouvent pas encore de problèmes liés à la crise, parce qu’ils envisagent simplement une porte de sortie au-delà de cette période difficile. Il sera peut-être quelque peu plus malaisé d’obtenir de l’argent, mais les capital-risqueurs qui investissent, regardent par delà la crise, car nous allons en sortir.”

Della Faille: “Nous mangeons, nous sommes en bonne santé, nous avons des amis. N’exagérons donc pas, s.v.p. Benjamin De Cock a atteint le seuil de rentabilité, sans encore avoir vu le moindre euro. C’est cela l’entreprenariat.”

“Nous devons en premier lieu veiller à satisfaire les utilisateurs. Toujours un peu plus. Telle est notre tâche. Le reste suivra. Ce sont les capital-risqueurs qui ont besoin de nous, pas l’inverse.”

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