“Il y a pas mal de wantrepreneurs à Berlin”

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Frederik Tibau est rédacteur chez Data News.

Le succès de Berlin en tant que concentrateur de startups a aussi un revers. “La ville attire toujours plus de piètres entrepreneurs qui apprécient de faire partie du paysage, sans jamais réussir quoi que ce soit.”

Quelle est la principale différence entre Londres et Berlin en tant que concentrateur de startups? “Le fait que cela se passe beaucoup plus sérieusement à Londres”, comme l’explique Daniela Lopes, head of operations de l’accélérateur bien connu Startupbootcamp, de manière quelque peu surprenante aux 40 étudiants flamands qui participent à un voyage de découverte de la capitale allemande.

“Dans la ville, l’on dénombre beaucoup de ‘lifestyle-entrepreneurs’, des gens qui apprécient de déambuler dans ce Berlin cool et de faire partie du paysage des startups, mais qui ne progressent jamais. Voilà ce qu’on reproche à ces piètres entrepreneurs: ils ont toujours soi-disant une bonne idée, ils écument tous les événements et sont continuellement en train de pivoter, mais le fait est qu’ils demeurent surtout toujours à la même place, comme s’ils étaient ravis de leur existence de débutant.”

L’objection formulée par Lopes est intéressante car l’on est actuellement confronté à une situation identique en Belgique. Entreprendre est certes de nouveau dans l’air du temps, notre scène locale des startups fait l’objet d’une attention maximale, et le nombre d’initiatives en vue d’aider d’une manière ou d’une autre les starters a explosé durant la dernière année et demie.

Mais même si cela constitue sans aucun doute une évolution particulièrement positive, l’on observe quand même que chez nous également, l’on voit se manifester des jeunes qui prennent l’entreprenariat quelque peu à la légère et qui aiment trop se réfugier dans le cocon sécurisé de leur incubateur, de leur espace de ‘coworking’ ou de leur programme d’accélérateur, sans donner l’impression de vouloir vraiment aller de l’avant. ‘Si on échoue, on recommencera’: telle est leur mentalité.

Or ce n’est pas parce que la scène des startups est devenue chez nous aussi attrayante et ‘médiagénique’ qu’entreprendre est subitement devenu plus facile ou que le lancement d’une entreprise à succès est devenu aujourd’hui chose aisée. Soyons clairs: tel n’est certainement pas le cas. Cela demande encore et toujours beaucoup d’efforts et malgré un meilleur accompagnement et une infrastructure plus abordable, le nombre de starters à avoir créé une entreprise viable est encore et toujours limité.

Dans ce sens, ce n’est assurément pas une mauvaise chose que des étudiants de dernière année qui découvrent le paysage berlinois, soient confrontés à la réalité du terrain.

Wunderlist

Ceci dit, le groupe a déjà pu apprendre à connaître quelques petites entreprises très enthousiasmantes. La plus belle histoire est celle de Wunderlist, une simple appli de mini-listes utilisée aujourd’hui déjà par 12 millions de personnes et qui peut compter sur un intérêt certain aux Etats-Unis et en Chine également.

Le capital-risqueur américain bien connu Sequoia Capital entre autres croit en Wunderlist et y investit. Ce capital extérieur s’avère du reste indispensable car la startup occupe entre-temps 64 personnes et est évidemment encore loin du seuil de rentabilité. “Ce n’est pas non plus la priorité”, insiste Bernhard Braun, le directeur RH. “Ce qui nous importe à présent, c’est d’améliorer notre produit, afin de pouvoir croître plus rapidement. Heureusement, nous sommes soutenus par nos investisseurs.”

Wunderlist entend devenir une plate-forme de gestion de projets qui puisse s’imposer aussi en entreprise. Pour inciter une plus grande partie des utilisateurs à payer pour la version Pro, l’équipe caresse l’idée de lancer une édition spéciale ‘Wunderlist for Work’ offrant pas mal de tralala, qui sera, elle, entièrement payante. Reste à savoir si la petite entreprise allemande y arrivera face à des concurrents américains tels Asana et Slack.

“Nos concurrents lancent généralement des applications beaucoup plus lourdes sur le marché ou ne travaillent pas de manière trans-plates-formes”, réagit Braun. “Du reste, il est chez nous vraiment question de mini-listes avec quelques extras sur le côté. Slack est purement un outil de communication, pour lequel nous prévoyons d’ailleurs des possibilités d’intégration. Nous voulons ouvrir complètement Wunderlist et permettre aux autres outils de rencontrer le succès avec l’aide de notre produit. L’API suivra rapidement.”

Basslet

Le projet qui a jusqu’à présent pu compter sur le plus d’intérêt de la part des étudiants (did the demo do the trick?), s’appelle ‘Basslet’, un bracelet qui convertit en musique les sons graves en petits coups haptiques et qui fait donc littéralement ‘ressentir’ les basses.

L’Apple Watch en est-elle aussi capable, pensez-vous alors? Et bien oui: le nouveau gadget d’Apple incorpore déjà la technologie de feedback haptique. Les deux jeunes à l’initiative de Basslet ont, à l’entendre, affiné encore cette technologie, ce qui fait que les basses peuvent déjà être transformées de manière très précise en vibrations sur la peau.

Le duo pense cibler avec le bracelet les personnes qui fréquentent les discothèques et les festivals, afin qu’ils vivent la musique de manière encore plus intense et ce, même si le gadget devra dans un premier temps être relié via Bluetooth à la musique sur le smartphone. Le projet sera lancé dans quelques semaines sur la plate-forme de financement participatif Kickstarter, et les initiateurs s’attendent à une bonne surprise. Il y a certes un marché pour ce genre de ‘wearables’, mais la grande question est de savoir si les personnes intéressées seront prêtes à débourser 200 dollars pour l’acquérir?

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