Huawei veut devenir européenne

Pieterjan Van Leemputten

Dans une interview inhabituelle accordée au Wall Street Journal, le fondateur d’Huawei déclare vouloir investir plus en Europe pour y gagner de la confiance.

Dans une interview inhabituelle accordée au Wall Street Journal, le fondateur d’Huawei déclare vouloir investir plus en Europe pour y gagner de la confiance.

S’il n’en tient qu’à l’acteur télécom chinois, il investira et achètera davantage sur le sol européen dans les années à venir. Son fondateur Ren Zhengfei souhaite ainsi que les clients et autorités étrangers soient moins méfiants vis-à-vis de son entreprise qui est dans la ligne de mire tant en Europe qu’aux Etats-Unis.

“Notre ambition est que les gens considèrent Huawei comme une entreprise européenne”, affirme Ren. En même temps que davantage d’investissements, des incitants au sein de l’entreprise seront cette année étendus au personnel en dehors de la Chine. Huawei entend s’ouvrir dans l’espoir de se débarrasser de son image de producteur télécom chinois inconnu (et donc impopulaire).

Reste à savoir évidemment de quels investissements et de combien d’emplois il s’agira exactement. L’année dernière, Huawei a injecté quelque 5 milliards de dollars (3,6 milliards d’euros) dans la recherche, soit un peu plus que son concurrent Ericsson. En 2013 déjà, Huawei avait annoncé qu’elle souhaitait créer dans les cinq prochaines années (aujourd’hui quatre) 5.500 emplois européens supplémentaires en sus des 7.500 travailleurs que l’entreprise compte déjà sur notre continent.

Il ne s’agit pas là d’une stratégie superflue dans la mesure où Huawei est dans la ligne de mire dans plusieurs pays. De méchantes langues prétendent en effet que l’entreprise espionne pour le compte du gouvernement chinois. Son fondateur, Ren Zhengfei, est un ex-officier de l’armée chinoise, mais l’entreprise insiste sur le fait qu’elle opère en toute indépendance des autorités.

Aux Etats-Unis, Huawei est depuis un certain temps déjà persona non grata, après que ce pays l’ait accusée publiquement, elle et ZTE, d’espionnage. L’ironie veut que cela se soit passé juste avant qu’Edward Snowden ne dévoile que le service de sécurité américain NSA mette partout dans le monde les trafics internet et téléphonique sur écoute. Récemment, l’on a même appris que les Etats-Unis avaient accès aux serveurs du siège central d’Huawei, ce qui leur permettait d’intercepter les mails internes.

L’Europe reste elle aussi critique. C’est ainsi que le commissaire européen Karel De Gucht avait l’an dernier menacé d’enquêter sur les pratiques de dumping chinoises.

Pas d’entrée à la BourseDans la même interview, Ren indique aussi qu’il n’envisage pas de faire entrer Huawei à la Bourse à brève échéance. Selon lui, une entrée en Bourse fait en sorte qu’une entreprise se focalise alors sur le court terme.

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