‘Google prête à censurer son moteur de recherche en Chine’

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Els Bellens

Google souhaiterait lancer en Chine une version censurée de son moteur de recherche. Les sites web et instructions de recherche sur les droits de l’homme, la démocratie, la religion et les protestations y seraient bloqués. Voilà ce qu’annonce le site d’actualité The Intercept sur base de documents internes.

The Intercept ne révèle pas d’où provient précisément cette information, mais signale quand même qu’il s’agit de quelqu’un qui est impliqué dans le projet et qui émet des objections éthiques. Selon le site, Google utiliserait le nom de code Dragonfly pour ses activités en Chine. Depuis le début de l’année dernière, l’entreprise y travaillerait. Fin 2017, son directeur, Sundar Pichai, a dialogué avec un haut fonctionnaire gouvernemental à Pékin. Une appli Android spéciale serait par ailleurs déjà prête et aurait été présentée aux autorités chinoises. Si Pékin approuve l’appli, elle pourrait être lancée d’ici six mois à un an.

‘The Great Firewall’

Le moteur de recherche censuré serait une sérieuse volte-face de la part de Google. L’entreprise est rejetée de Chine depuis 2010 déjà, précisément parce qu’elle a toujours refusé de se plier à la censure exercée par les autorités chinoises. Celles-ci veulent avoir la mainmise sur la communication électronique dans le pays avec un système qui est souvent appelé ‘The Great Firewall’ en référence à la Grande Muraille. Le fait que Google accepte à présent quand même une censure qui est nettement plus stricte encore qu’il y a huit ans, est à tout le moins étonnant.

Selon le journal d’Etat China Securities Daily, il ne serait pas question d’un revirement. Et le journal de citer des analystes anonymes de ‘départements importants’ et de suggérer que Google n’est pas prête de revenir en Chine. Il s’agirait plutôt d’un coup de bluff de sa part pour faire oublier la nouvelle de la méga-amende que lui a infligée l’UE.

S’il est vrai que Google veuille revenir en Chine, il semblerait plus réaliste que l’entreprise le fasse pour les revenus qu’elle engrangerait plutôt que pour des raisons de relations publiques. Les publicités sont en effet encore et toujours la principale source de rentrées de Google. Or nombre de ces publicités sont fournies via son moteur de recherche. Vu la croissance économique rapide de la Chine, c’est pas moins d’1,4 milliard de personnes que l’entreprise pourrait encore atteindre de la sorte.

Une porte-parole de Google n’a pas tenu à réagir à la rumeur. “Nous livrons plusieurs applis mobiles en Chine, telles Google Translate et Files Go, et nous aidons les développeurs chinois. Nous avons également consenti d’importants investissements dans des entreprises chinoises comme JD.com”, déclare la porte-parole par voie de communiqué. “Mais nous nous abstenons de tout commentaire sur nos projets d’avenir.”

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