Facebook veut combattre le porno revanchard en permettant aux utilisateurs de s’envoyer leurs propres photos dénudées

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Pieterjan Van Leemputten

Facebook teste pour l’instant en Australie une méthode singulière visant à empêcher que des photos dénudées soient propagées de manière indésirable, mais ce processus est loin d’être étanche.

On parle de porno revanchard quand un(e) (ex)-partenaire met en ligne de manière inopinée des images de quelqu’un nu ou dans une situation explicite. Souvent, ces images sont prises ou envoyées avec autorisation de la personne, mais lorsque la relation vole en éclats, le risque existe que l’un des partenaires mette fin au caractère confidentiel de la chose.

C’est pour éviter pareille situation que Facebook lance une initiative particulière conjointement avec une agence publique australienne. Quiconque craint que ses images soient propagées spontanément, peut l’indiquer préventivement.

Envoi à soi-même

Concrètement, un utilisateur doit remplir un formulaire en ligne en y signalant ses préoccupations. Ensuite, la personne doit s’envoyer à elle-même les photos explicites via Facebook Messenger, après quoi Facebook les analyse. Une fois l’analyse terminée, l’entreprise peut faire en sorte d’empêcher que les photos en question soient partagées par d’autres personnes sur Messenger ou soient déposées sur Instagram ou sur Facebook.

Code unique

Facebook même conserve brièvement les images, avant de les supprimer, selon le journal The Guardian. Ce qui subsiste, c’est ce qu’on appelle le code hash. Il s’agit là d’un code basé sur les propriétés uniques de la photo. Si une image portant le même code devait être déposée quelque part, Facebook la rejetterait de sa plate-forme.

Le problème risque d’être toujours bien présent

Cette initiative s’avère être un bon moyen pour lutter conte la diffusion spontanée de photos à caractère sexuel. Il nous faut cependant apporter ici quelques remarques.

C’est ainsi que l’initiative se limite actuellement à Facebook, Facebook Messenger et Instagram. Elle ne s’applique pas à Whatsapp, qui appartient pourtant à Facebook depuis quelques années déjà. N’est-ce en outre pas Facebook qui applique en général rapidement une censure, dès qu’une photo affiche un peu trop de nu, même dans le cas où ce genre de photo est posté avec autorisation?

Même si Facebook encadre une bonne partie de notre vie sociale en ligne, ce n’est pas la seule plate-forme à le faire. C’est ainsi qu’une base de données similaire avec des codes hash devrait être utilisée tant par Facebook, Google, Twitter, Tumblr, Snapchat, Microsoft (qui a Skype sous son aile) que par des services photos tels Flickr ou Imgur. Il convient d’ajouter qu’il y a pas mal de plates-formes anonymes, telles 4Chan ou d’autres forums encore, où il n’existe guère de contrôle.

En résumé, le test de Facebook a certes le mérite d’exister, mais nous nous demandons sérieusement si l’initiative ne va pas pousser les diffuseurs de porno revanchard vers d’autres plates-formes. Le problème serait alors plutôt déplacé que résolu.

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