Expériences ou erreurs?

Stefan Grommen Stefan Grommen est rédacteur de Data News.

“Le philosophe pesant 72 millions EUR”, titrait De Tijd à propos du patron de Metris, Bart Van Coppenolle. A peine scolarisé, à 24 ans et inexpérimenté, il a démarré sa petite entreprise avec beaucoup de culot et d’esbroufe.

“Le philosophe pesant 72 millions EUR”, titrait De Tijd à propos du patron de Metris, Bart Van Coppenolle. A peine scolarisé, à 24 ans et inexpérimenté, il a démarré sa petite entreprise avec beaucoup de culot et d’esbroufe.

Il n’a certes pas été élu manager de l’année 2008, mais Metris est quand même devenue une entreprise belge en vue, spécialisée dans les solutions de mesurage high-tech et les contrôles de qualité pour les industries automobile et aéronautique. Précisément le secteur le plus durement touché par la crise financière. En raison de ses nombreux rachats, Metris s’est retrouvée avec une dette nette de 87 millions EUR, ce qui semble intenable par les temps qui courent. Début juin, elle a été reprise pour 72 millions EUR par le géant électronique japonais Nikon. Sans crier gare.

Il n’empêche que c’est là une nouvelle entreprise belge, citée comme un parfait exemple d’économie de la connaissance, qui tombe entre des mains étrangères. L’an dernier, c’était Icos Vision Systems, une émanation de la KU Leuven, qui était rachetée par l’américaine KLA-Tencor. Tele Atlas a été pour sa part bazardée aux Néerlandais de TomTom. De son côté, Ubizen a été retirée de la Bourse en 2007 par Cybertrust, aujourd’hui Verizon Business Services. Scientific Atlanta appartient à présent à Cisco Systems. Combien de fournisseurs belges restent-ils encore? Et pour combien de temps? Option hissera-t-elle encore longtemps les couleurs nationales? La Belgique est-elle trop petite pour ses entreprises prometteuses? Laisse-t-elle les étrangers écrémer notre connaissance? Si elle laisse déjà s’en aller sous d’autres cieux les centres décisionnels des institutions financières, les bailleurs de fonds, doit-elle être s’étonner que notre connaissance high-tech tombe aussi dans l’escarcelle de pays plus puissants et plus grands?

“L’expérience est le nom que nous donnons à nos erreurs”, affirmait Oscar Wilde à l’esprit toujours incisif. “L’expérience est la meilleure école”, ai-je appris, moi, mais pas à… l’école. Apparemment, la Belgique ne tire pas les leçons de ses erreurs et continue à se défaire de ses joyaux. Rares sont encore les entreprises belges à figurer dans le top 50 des sociétés ICT dans notre pays. Et cela ne risque pas de changer dans les années à venir. L’erreur est humaine, mais ne pas en tirer les leçons ne témoigne pas d’une vision stratégique à long terme.

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