Duco Sickinghe: “Retour vers le futur: un monopole Belgacom”

Duco Sickinghe, CEO de Telenet, a profité de la présentation des résultats annuels (par ailleurs très corrects) de son entreprise pour décocher quelques flèches en direction de son concurrent, Belgacom. Cela allait de: “Belgacom ne s’intéresse pas franchement à Interkabel” jusqu’à: “C’est le ‘retour vers le futur’ sur le marché télécom: on en revient à un monopole de fait de Belgacom.”

Duco Sickinghe, CEO de Telenet, a profité de la présentation des résultats annuels (par ailleurs très corrects) de son entreprise pour décocher quelques flèches en direction de son concurrent, Belgacom. Cela allait de: “Belgacom ne s’intéresse pas franchement à Interkabel” jusqu’à: “C’est le ‘retour vers le futur’ sur le marché télécom: on en revient à un monopole de fait de Belgacom.”

Lorsque Belgacom et Telenet croisent le fer, cela porte immanquablement sur la consolidation du marché: Telenet entend racheter les activités télévisuelles des intercommunales flamandes du câble, et Belgacom dépose une plainte. Belgacom souhaite racheter Scarlet, et Telenet taxe l’entreprise de monopoliste.

Duco Sickinghe paye cette fois encore de sa personne: “Belgacom ne s’intéresse pas vraiment à Interkabel”, déclare-t-il. “Les différents procès indiquent qu’il s’agit de pures manoeuvres dilatoires.” En décembre, Belgacom a déposé une plainte en référé contre le rachat. “Le fait que l’entreprise n’ait à l’époque pas encore entamé une procédure normale, mais l’ait fait juste avant les plaidoiries, est suffisamment explicite. En outre, il est apparu durant les plaidoiries que Belgacom avait initié une procédure auprès du Conseil d’Etat, et ce à l’insu du juge et des autres parties. Il est vraiment exceptionnel que même le tribunal n’en soit pas informé.” Selon Sickinghe, cela ne pourra en tout cas pas profiter à l’affaire Belgacom.

“D’ailleurs”, poursuit-il, “Belgacom ne pourra racheter Interkabel. Aucun conseil de la concurrence ne l’avaliserait.” Sickinghe qualifie de non-sens le fait que Belgacom achèterait le réseau pour le louer à des acteurs tiers comme Tele2. “Il n’y a pas d’intérêt. Belgacom frappe sur tout ce qui bouge.”Les procédures judiciaires lancées par Belgacom auront en tout cas de l’effet (voulu ou non): elles ralentiront certainement le rachat de quelques mois. “Nous nous attendons à ce que ce rachat soit entériné dans le courant de cette année.”

L’offre de rachat de Scarlet par Belgacom surprend elle aussi énormément Sickinghe. Au moyen de statistiques, il tente de démontrer que l’évolution sur le marché est inquiétante: “C’est le ‘retour vers le futur’ sur le marché télécom. En Wallonie, Belgacom possède déjà 77 pour cent du marché sans Scarlet. Il s’agit d’un monopole de fait.” En Flandre, Telenet est cependant leader du marché avec 53 pour cent. Sans Scarlet, Belgacom en est à 37 pour cent. “Nous y avons la domination du marché à la Inbev ou à la VRT”, minimise Sickinghe.

“Et l’affirmation selon laquelle le rachat de Scarlet pourrait se faire, si l’entreprise ouvrait son réseau VDSL, est tout aussi inepte. Il s’agit en effet d’une chimère: quelle entreprise sera-t-elle prête à l’utiliser? Quelle entreprise acceptera-t-elle d’investir face à un tel acteur dominant?”Selon Sickinghe, Telenet n’aurait pas encore l’opportunité d’évaluer d’éventuelles autres actions – que celle de se conformer à la demande de renseignements de la part du conseil de la concurrence -, par manque de temps.

Pour le reste, les chiffres présentés par Telenet étaient bons. Comme on s’y attendait, son chiffre d’affaires a crû de 15 pour cent (10 pour cent, hors rachat d’UPC) à 931,9 millions d’euros. Son résultat d’exploitation a été de 21 pour cent supérieur pour s’établir à 442,9 millions d’euros. Son bénéfice net a progressé de 8,5 à 20,7 millions d’euros. L’entreprise a crû dans tous les segments. Même si le chiffre d’affaires moyen par utilisateur en téléphonie fixe a régressé, le chiffre global a néanmoins augmenté grâce à une hausse substantielle du nombre de clients.

En 2008, l’entreprise table sur une progression de 5 à 6 pour cent de son chiffre d’affaires. Normalement, ce chiffre de croissance aurait dû être de 8 pour cent, mais Telenet va désormais mettre l’accent sur la location de ses ‘digiboxes’ (et donc non plus sur leur vente). Cela aura à court terme un effet négatif sur le chiffre d’affaires, mais entraînera des rentrées récurrentes à longue échéance. Le bénéfice d’exploitation pourrait croître de 6 à 8 pour cent. “Cette prévision ne tient pas compte de l’effet Interkabel que nous ressentirons après le rachat”, conclut Sickinghe.

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