Des règles plus strictes pour les annonces politiques devraient redresser l’image de Facebook

Mark Zuckerberg © Reuters
Els Bellens

Mark Zuckerberg a dévoilé son projet destiné à compliquer la vie de la Russie et de tout autre pays souhaitant s’immiscer dans de futures élections. Via la plate-forme Facebook s’entend.

Facebook tente de redorer son blason. Après les accusations, selon lesquelles la plate-forme serait un foyer d’interventionnisme politique, Marc Zuckerberg, son CEO, a annoncé quelques nouvelles mesures. C’est ainsi qu’il va notamment durcir les règles pour les annonces politiques.

Facebook, qui fait depuis des années déjà de son mieux pour devenir le hall d’entrée d’internet pour ses utilisateurs, est depuis quelque temps dans la ligne de mire, parce que tout ce qui est posté sur la plate-forme, n’est pas nécessairement vrai. L’année dernière, elle passait même pour être un vecteur de fausses infos et d’annonces factices qui auraient joué en faveur de l’élection inattendue du président Trump. L’entreprise même a toujours démenti ces accusations, mais trouva néanmoins plus tôt ce mois-ci un tas d’annonce russes destinées à influencer le résultat des élections présidentielles américaines. Des groupes liés à la Russie auraient dépensé quelque 100.000 euros en annonces politiques au cours de la période qui a précédé celles-ci.

La première mesure de Zuckerberg, qui vient de revenir aux affaires courantes après un congé de paternité, sera dès lors de permettre un examen approfondi de ces annonces. Facebook va donc transmettre quelque 3.000 annonces au congrès américain (le pendant de notre Parlement). Ces annonces semblent liées à un groupe entretenant des connexions avec le Kremlin et ayant tenté ainsi d’impacter les élections. Il y avait en effet de fortes chances que le congrès américain, qui enquête activement sur une immixtion russe, sollicite légalement les annonces en question et d’autres renseignements encore, et Facebook semble donc anticiper cette requête.

Nouvelles règles publicitaires

En outre, Zuckerberg entend rendre plus transparentes les annonces sur sa plate-forme, afin de savoir qui paie quelles annonces politiques sur Facebook. Aux Etats-Unis, les annonces politiques en ligne ne sont pas soumises aux mêmes règles que les annonces à la radio, à la télé ou sur d’autres médias. Cela va changer, s’il n’en tient qu’à Facebook. “Les annonceurs devront non seulement indiquer quelle page a payé pour une annonce spécifique, mais nous voulons aussi veiller à ce que les utilisateurs puissent visiter la page de l’annonceur pour y visionner le genre d’annonce et ce, pour n’importe quel groupe-cible sur Facebook.”

Ce qui est étonnant ici, c’est que Zuckerberg explicite clairement ses arguments et les valeurs fondamentales défendues par Facebook. Dans un speech posté sur son profil, Zuckerberg explique les dilemmes auxquels est confronté son réseau social et pourquoi il ne pourra jamais le nettoyer tout à fait de ce qu’il appelle le ‘bad stuff’ (mauvais contenu). “Je ne vais pas tenter de vous affirmer ici que nous allons rejeter tout contenu inadéquat de notre système. Nous ne contrôlons pas ce que disent les gens, avant qu’ils ne le disent et, honnêtement, je ne pense pas non plus que la société attende cela de notre part. La liberté signifie qu’il ne faut pas demander l’autorisation à l’avance et qu’on peut par définition dire ce qu’on veut. Et si vous enfreignez les règles et la loi, c’est à vous ensuite d’en assumer les conséquences.”

Zuckerberg met ainsi en parallèle son modèle commercial avec les valeurs occidentales et surtout américaines de liberté d’expression. Facebook mise sur la possibilité qu’ont ses utilisateurs et annonceurs de déposer ce qu’ils veulent sur sa plate-forme. Nombre de géants technologiques de la Silicon Valley (comme par exemple Google) défendent la même idée consistant à responsabiliser les utilisateurs: s’il y a quelque chose d’illégal sur la plate-forme, ce n’est pas parce que c’est Facebook qui l’a placée là, mais bien l’un de ses utilisateurs. Dans ce cas, ce n’est pas Facebook qui en est responsable. Cette valeur fondamentale a bien fonctionné jusqu’à présent pour l’entreprise, mais Facebook semble à présent quand même jeter du lest et tenter de contrer la manipulation.

Entre-temps en Allemagne

Les Etats-Unis ne sont évidemment pas le seul pays, où l’on craint une immixtion russe dans les élections. En préambule aux élections présidentielles françaises, des rumeurs similaires se manifestèrent. Et ce week-end, c’est au tour d’un autre pays en vue: l’Allemagne. En raison des élections allemandes, Facebook a déjà supprimé des milliers de faux comptes de sa plate-forme. Selon Zuckerberg, une première analyse n’a toutefois pas révélé un réel impact russe sur la campagne.

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