Des bienfaits de la crise

Stefan Grommen Stefan Grommen est rédacteur de Data News.

L’histoire nous apprend que c’est dans des périodes de grands défis que les gens sont les plus créatifs. De plus, la créativité améliore la productivité.

L’histoire nous apprend que c’est dans des périodes de grands défis que les gens sont les plus créatifs. De plus, la créativité améliore la productivité.

J’ai pu personnellement le constater lorsque j’étais CIO d’une société de fabrication. Pour s’en sortir avec le stock disponible, l’équipe du week-end était contrainte de consommer les matières premières et le matériel de base avec parcimonie afin de pouvoir livrer la quantité de produits finis prévue. Quelle en était la leçon? L’équipe parvenait toujours à fournir davantage de produits finis avec moins de matières premières. Pourtant, elle utilisait le même matériel et les mêmes machines. Qui travaille dans l’abondance ne se soucie pas de la configuration optimale des machines ou de l’optimisation des processus. Quand les matières premières sont épuisées, on va simplement en rechercher dans l’entrepôt. Si personne ne vous met au défi, on reste facilement figé dans de vieilles habitudes. Et on passe dès lors souvent à côté d’opportunités. La situation est très différente en cas de pénurie. Les gens réalisent alors qu’ils n’ont pas droit à l’erreur. Ils s’accordent le temps de la réflexion à propos de leurs activités et découvrent des moyens de rendre leurs processus plus efficaces. La crise actuelle nous incite à penser, et c’est un élément positif. Il faut aborder les problèmes de façon créative. C’est ce que nous avons fait chez Acerta.

Très concrètement, nous étions confrontés l’année dernière à une pénurie d’analystes. Nous avons alors décidé, en concertation avec le personnel informatique, la Acerta School & Kern Selection (entreprise de recrutement d’Acerta) de créer un programme spécifique. Nous ciblions les jeunes fraîchement diplômés avec une bonne formation universitaire de base, et qui rencontrent peu d’offres d’emplois dans leur domaine, par exemple l’archéologie ou la géologie. En septembre de l’année dernière, nous avons démarré en donnant une formation d’analyste ICT à 9 personnes pendant 18 mois. Nous n’avons pas été freinés par les premiers signes de la crise. Au contraire: après un début positif, nous avons élargi le programme en décembre, en pleine crise. La formation est donnée par des professionnels et accompagnée d’évaluations intermédiaires et d’aménagements ou corrections, si nécessaire. Neuf mois après le démarrage, nos nouvelles recrues sont déjà fort demandées en interne. En formant nous-mêmes nos analystes, nous pouvons ancrer nos connaissances dans l’entreprise et cela nous coûte moins que si nous devions recruter des analystes externes expérimentés. L’ensemble du programme est une réussite, avec pour conséquence que nous pouvons réaliser davantage d’analyses et que la qualité augmente, grâce à une approche standardisée. Rien qu’en investissant dans la formation, les entreprises peuvent renforcer leur position concurrentielle. Et ce n’est pas un luxe, également dans le secteur ICT. Nous ne pouvons délaisser notre économie de la connaissance.

A méditer : le nombre total d’étudiants indiens est 4 fois supérieur au total des étudiants américains. Le groupe constitué des 25% d’étudiants indiens les plus intelligents est donc aussi grand que le total des étudiants américains. Imaginez la quantité gigantesque de diplômés que cela représente. Imaginez quelle sera notre situation lorsque ces jeunes diplômés seront sur le marché. Si nous voulons rester au sommet, nous devons consolider notre avance, avant que le peloton de l’est ne nous rattrape. Veillons dès lors à maintenir notre enseignement à un niveau élevé et poursuivons en tant qu’entreprise nos investissements dans la formation. L’entreprise qui serait tentée de réaliser des économies sur ce point mettrait son avenir en danger. Et celui qui décidera d’investir dans son personnel seulement quand la crise sera finie arrivera trop tard.

Peter BogaertPeter Bogaert est CIO d’Acerta et administrateur chez ADM.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire