Constitution d’un groupe ‘Industrial Internet’ aux Etats-Unis

Guy Kindermans Rédacteur de Data News

Dix entreprises, conjointement avec l’organisation américaine des standards NIST, vont créer en consortium un ‘industrial internet’ qui dépassera et de loin les applications purement industrielles.

L’internet des choses (‘internet of things’) et les réseaux intelligents (‘smart grids’), combinés aux menaces vis-à-vis des infrastructures critiques par les maliciels (malware) tels Stuxnet, ainsi qu’au besoin d’une utilisation plus efficiente de moyens et dispositifs, génèrent la nécessité de repenser en profondeur un ‘industrial internet’. Aux Etats-Unis, General Electric publia fin 2012 un ‘white paper’ étoffé intitulé ‘Industrial Internet: Pushing the boundaries of Minds and Machines‘, dans lequel toute une série d’aspects, caractéristiques et avantages de ce genre d’internet industriel sont explicités.

En même temps et à l’initiative de la Maison Blanche, le National Institute of Standards and Technology (NIST) – l’organisation américaine des standards – réfléchissait également sur les concepts de ‘cyber physical systems’, où se rencontrent systèmes numériques et monde physique de machines et autres équipements. L’Engineering Laboratory de NIST reçut à cette fin un budget de quelque 10 millions de dollars.

Consortium

Comme le développement de ce genre d’internet industriel dépasse les moyens et les capacités d’une entreprise ou organisation, l’on rechercha une collaboration public-privé, qui semble à présent prendre la forme d’un consortium. Outre NIST, une dizaine d’entreprises y collaboreront, dont AT&T, Cisco Systems, General Electric, IBM et Intel. Les thèmes qui y seront étudiés, seront notamment les couches physiques de réseaux, capteurs, systèmes de contrôle, analytique (pour l’analyse de grandes quantités de données), modélisation et optimisation, ainsi que la combinaison avec les exigences du métier.

L’internet industriel dépassera largement ‘les systèmes embarqués actuels’, étant donné que cela concernera souvent les machines à tâche spécifique pilotées par l’IT ou non. Un exemple d’un système d’internet industriel: la voiture roulant de manière autonome, dans laquelle toute une série de systèmes à diverses fonctions doivent collaborer dans un plus vaste ensemble via des standards ouverts. Parmi d’autres applications, citons l’équipement médical, les systèmes de production, la création et la distribution d’énergie, l’agriculture, la défense, etc.

General Electric estime que trois éléments sont cruciaux: “les machines intelligentes, l’analytique avancée et une communauté de travailleurs connectée et bien soutenue”. L’internet industriel est nécessaire pour exploiter de manière plus efficiente et plus économe les moyens et dispositifs, entraînant d’importantes économies. Et c’est possible désormais grâce aux systèmes informatiques et de communication plus puissants, aux plus grandes possibilités en matière de traitement distribué, ainsi qu’aux nouveaux moyens analytiques. Après la ‘révolution industrielle’ et la ‘révolution internet’, l”internet industriel’ sera la ‘troisième phase’, affirme-t-on chez GE.

Caveat

Par ailleurs, l’on devra assurément aussi accorder dès le début une attention soutenue au contrôle (social) de tout cet ensemble. C’est ainsi qu’une voiture se déplaçant de manière autonome pourra être aisément intégrée dans un système d”utilisation d’autoroute contrôlée’ (gestion de capacité, péage, tarifications routières,…), voire d’un ‘système de navettage géré’ (où les flux de trafic routier pourront être gérés activement par des limites de vitesse imposées dans les voitures mêmes, etc.). Et quiconque sentirait un frisson ‘Big Brother’ lui parcourir l’échine, pourrait même imaginer qu’un tel parc de voitures soit facilement soumis à la mise en oeuvre d’une politique gouvernementale en matière de trafic. En effet, un système de trafic alterné en fonction des plaques d’immatriculation paires ou impaires pourrait même être imposé en faisant en sorte que telle ou telle voiture ne démarre tout simplement pas ou en faisant appel à un service central. Bref, un ‘industrial internet’ sur base de standards et d’un dose poussée de connectivité, d’intégration et d’analytique pourrait avoir non seulement des avantages encore inconnus, mais à coup sûr aussi des à cotés inattendus (et indésirables).

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