Cambridge Analytica jettera-t-elle finalement l’éponge ou pas?

© Dino
Els Bellens

L’entreprise d’analyse de données Cambridge Analytica ferme ses portes. Voilà ce qu’elle a annoncé cette semaine, mais selon certains esprits critiques, elle va seulement changer de nom.

Cambridge Analytica sera pendant longtemps encore synonyme de scandale de confidentialité, d’influence politique et d’autres joyeusetés du genre. L’entreprise aurait en effet entre autres collecté de manière illicite les données de 87 millions d’utilisateurs de Facebook, dans le but d’influencer des élections, dont les présidentielles américaines de 2016 et le referendum Brexit.

Il est donc quelque part logique que l’entreprise se retire après tout ce tumulte. Cambridge Analytica a elle-même fait savoir qu’elle arrêtait ses activités et liquidait l’entreprise. Et d’ajouter une fois encore qu’elle n’a rien fait de mal. “Ces derniers mois, Cambridge Analytica a fait l’objet d’accusations non fondées et, malgré les tentatives de l’entreprise de les réfuter, la situation est devenue très compliquée pour nos activités qui sont pourtant non seulement légales, mais qui constituent aussi une composante standard de la publicité en ligne dans les arènes politiques et commerciales”, peut-on lire dans le communiqué. Selon ce dernier, le scandale a fait fuir tous les clients et fournisseurs. Il ne reste donc plus d’autre alternative à l’entreprise que de se déclarer en faillite.

Pour The Register et The New York Times, il y aurait cependant des indices, selon lesquels les responsables de Cambridge Analytica mettraient à profit cette faillite pour redémarrer une entreprise sous un nouveau nom. Le registre des entreprises en Grande-Bretagne mentionne par exemple une firme active appelée Emerdata Limited, qui occupe le même bâtiment que la société mère de Cambridge Analytica et qui est dirigée par les mêmes personnes. Le Dr. Alexander Tayler, l’ex-CEO de Cambridge Analytica, y a été par exemple nommé directeur fin mars. Emerdata se décrit elle-même comme une organisation qui s’occupe de ‘traitement de données, hébergement et activités connexes’.

Et ces données alors?

Si Emerdata souhaite poursuivre le travail de Cambridge Analytica, elle ne pourrait pas, aux termes de la loi britannique sur les faillites, utiliser sans autre forme de procès ces 87 millions de profils Facebook par qui le scandale est arrivé. “Tous les biens sont à présent en la possession du curateur, et la direction n’a donc plus la possibilité d’en faire usage”, prétend le spécialiste en faillites Nick Hood à la BBC. Surtout dans une affaire d’une telle importance, selon lui, le curateur prendra en compte la propriété intellectuelle de l’entreprise et examinera la manière de la négocier au mieux. Chaque vente après une faillite doit aussi être très transparente, et le public devra donc savoir qui achètera ces données.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire