Bientôt l’internet via la conduite d’eau?

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Kristof Van der Stadt
Kristof Van der Stadt Rédacteur en chef chez Data News

De Watergroep – la nouvelle appellation de la Vlaamse Maatschappij voor Watervoorziening – lance un projet pilote par lequel des câbles à fibre optique entreront dans les habitations via la conduite d’eau.

De Watergroep – la nouvelle appellation de la Vlaamse Maatschappij voor Watervoorziening – lance un projet pilote par lequel des câbles à fibre optique entreront dans les habitations via la conduite d’eau.

Les sociétés d’intérêt public qui déploient des câbles à fibre optique rendant possible l’internet ultrarapide, la télévision et la téléphonie, cela existe depuis longtemps déjà dans pas mal de pays, surtout dans les états scandinaves. En Belgique, cela semble encore de la science fiction pour beaucoup, mais De Watergroep entend changer les choses.

En même temps qu’il a changé son appellation de ‘Vlaamse Maatschappij voor Watervoorziening’ en ‘De Watergroep’, le distributeur d’eau flamand a aussi présenté plusieurs nouveautés, parmi lesquelles le projet-pilote en matière de fibre optique est celle qui est la plus étonnante. L’entreprise envisage en effet de déployer des câbles à fibre optique via le réseau de distribution d’eau potable. Voilà qui devrait permettre d’introduire la fibre optique dans les habitations sans rien… casser.

C’est précisément ce travail de terrassement entre le trottoir et la porte d’entrée qui est actuellement décrit par les opérateurs comme le talon d’Achille pour un déploiement à grande échelle de ce qu’on appelle les réseaux ‘fiber to the home’ (ftth): l’internet ultrarapide (et/ou la télévision et la téléphonie) via les câbles à fibre optique. Il n’y a pas seulement le coût des travaux de terrassement proprement dits, mais aussi toute la problématique des permis pour l’ouverture des trottoirs. Et c’est sans parler des consommateurs qui ne veulent pas ce genre de travaux devant leur habitation.

Location à des opérateurs De Watergroep envisage pour sa part un modèle par lequel la fibre optique serait déployée via les canalisations d’eau, avant de la ‘louer’ aux fournisseurs télécoms en tenant compte de toutes les prescriptions de sécurité et de santé. “Le système a déjà été expérimenté avec succès en Allemagne, mais pour la Flandre, c’est une primeur”, a déclaré Boudewijn Van Den Steen, directeur général, ce jeudi lors d’une conférence de presse au Researchpark d’Haasrode près de Louvain.

L’entreprise d’utilité publique SWB et le distributeur d’eau Eifel-Ahr ont déjà testé le système au niveau d’internet via la canalisation d’eau à Bonn. Le coût total du déploiement y serait finalement de 70% inférieur à celui des travaux de terrassement. Lors de la présentation du projet en mars de l’an dernier, le directeur de SWB, Theo Waerder, a du reste déclaré que le projet aurait aussi un “effet positif sur le prix de l’eau dans la région”.

L’on ne sait encore rien à propos des modalités du projet-pilote en Belgique et à quelle échelle il se déroulera. Du côté des fournisseurs, Nexans – l’une des entreprises en vue en matière de câbles à fibre optique – affirme ne pas encore avoir été contactée par De Watergroep.

Si le projet-pilote s’avère être un succès, cela pourrait ouvrir des perspectives supplémentaires pour les opérateurs qui veulent proposer le ftth dans notre pays. Comme on le sait, la Belgique accuse du retard au niveau de la croissance des connexions par fibre optique.

UPDATE: Le projet pilote démarrera ce mois-ci encore avec une première étude à divers niveaux: technique, impact sur la qualité de l’eau, faisabilité pratique, aspects juridiques et financiers. Selon Kathleen De Schepper, porte-parole de De Watergroep, toute la technologie sera fournie par un fournisseur allemand. L’on ne sait pas encore aujourd’hui qui se chargera finalement de la fibre optique et de l’installation de l’équipement terminal chez les clients. Il y a cependant déjà eu des entretiens préliminaires avec des opérateurs. “L’intérêt existe, mais d’autres étapes concrètes ne seront franchies qu’après la phase de test”, ajoute De Schepper.

Pour De Watergroep, la priorité sera, quoi qu’il en soit, accordée à la qualité et à la sécurité d’approvisionnement de l’eau potable. “Ce n’est que si nous avons la garantie que ces aspects ne seront pas menacés que nous irons plus loin dans ce projet”, affirme De Schepper. L’étude durera encore quelques mois. Le projet sera évalué mi-2013.

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