Another one bites the dust

Les stratèges de Belgacom et des autres opérateurs téléphoniques classiques passent-ils la nuit tout éveillés, fredonnant “Another one bites the dust”, le hit de Queen?

La bonne vieille téléphonie va-t-elle bientôt subir le même sort que l’industrie de la musique, pour avoir réagi trop tard aux changements fondamentaux que l’internet a imposés à son modèle d’entreprise? Dans le monde professionnel, la téléphonie internet est déjà très populaire. L’institut de recherche français Idate prévoit qu’en 2010, plus de la moitié de toutes les communications téléphoniques des entreprises emprunteront l’internet. Le modèle commercial de la téléphonie internet pour les entreprises ne diffère cependant guère du modèle classique. L’internet n’est qu’un autre canal, et si des économies de coûts sont possibles, fournisseurs et opérateurs gagnent encore leur vie. Mais les compagnies de téléphone classiques vont immanquablement s’intéresser aussi aux particuliers. Pour ceux-ci, la téléphonie internet reste une grande inconnue. En 1999, le Journal du Net français a réalisé une enquête sur ce thème: 60% des personnes interrogées souhaitaient déjà recourir à la téléphonie internet, mais 10% à peine le faisaient. La majorité jugeait la technique trop compliquée et peu fiable. En cinq ans, cependant, bien des choses ont changé. L’on ne compte plus les formules de téléphonie internet fiables et bon marché, voire gratuites. Comme toujours plus d’usagers disposent d’une liaison haut débit et d’un PC multimédia moderne, plus rien ne freine la percée de la téléphonie internet. Qualité et simplicité d’emploi ont d’ailleurs beaucoup progressé depuis 1999. Une des applications les plus populaires est actuellement Skype, qui opère sur le principe ‘peer-to-peer’ cher à KaZaA. Le logiciel existe en version Windows, Macintosh, Linux et même PocketPC. La qualité des communications Skype gratuites est remarquable, généralement bien meilleure que dans les liaisons classiques. Vous le constaterez surtout dans les appels longue distance, là où la téléphonie classique avoue ses limites. Skype offre aussi une interface à destination des lignes terrestres fixes: SkypeOut. Vous achetez un crédit, et les appels vous sont comptés à la minute, à des tarifs généralement plus avantageux que chez Belgacom et consorts. Divers fabricants, notamment Olympia et Siemens, proposent aussi des interfaces entre leurs téléphones sans fil et Skype: l’utilisateur dispose alors d’une seule et même interface pour ses appels classiques et internet, un système très convivial, à la portée des plus rétifs à la technologie. Il n’existe pas encore de ‘SkypeIn’ qui permettrait au détenteur d’un téléphone classique d’appeler un abonné Skype. Mais l’on trouve déjà des solutions à cet effet. Si elles sont payantes, elles reviennent beaucoup moins cher que les tarifs Belgacom. Je songe en particulier aux solutions comme Calligator ou Tornado Network Services. L’entreprise américaine offre même un numéro SIP totalement gratuit, mais basé aux Etats-Unis, ce qui n’est pas intéressant pour les abonnés classiques belges. A mon avis, l’année 2005 va voir une avancée de la téléphonie internet chez les consommateurs. Il est grand temps que les opérateurs classiques préservent leur modèle en prenant le train en marche: une attitude défensive ne pourrait avoir que des conséquences négatives. Quand Belgacom exige que l’ADSL aille de pair avec un abonnement au téléphone, cela ne repose sur aucune base technique fondée: bel exemple de comportement défensif de mauvais aloi. Pour une ligne “cuivre”, notre opérateur national demande encore 80% du prix d’une ligne téléphonique. Que fait l’IBPT?

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire