ABN AMRO: l’informatique – restante – sera dépecée

A présent que le consortium formé de Fortis, RBS et Santander a gagné son pari de racheter ABN Amro pour 71 milliards $, il s’agit de s’activer à réaliser l’intégration et… des économies. Notamment au niveau informatique.

A présent que le consortium formé de Fortis, RBS et Santander a gagné son pari de racheter ABN Amro pour 71 milliards $, il s’agit de s’activer à réaliser l’intégration et… des économies. Notamment au niveau informatique.

Dès la présentation du dossier d’offre de reprise de la néerlandaise par le trio fin mai dernier, les choses étaient claires au niveau de l’informatique: “D’une manière générale, les systèmes informatiques seront scindés et transférés avec les activités auxquelles ils se rapportent. Cependant, les Banques ont l’intention de saisir les opportunités de créer plus de valeur économique offertes par la mise en commun de certaines plates-formes.”

C’est ainsi que Fortis devrait acquérir les entités “Private Clients” et “Asset Management” d’ABN Amro, outre les activités dans le Benelux (après certaines cessions pour des questions de concurrence aux Pays-Bas). La semaine dernière, la belgo-néerlandaise Fortis faisait part de son intention de réaliser des “synergies” annuelles de 1,3 milliard EUR dès 2010. En coupant notamment dans le département informatique et télécoms qui supportera 17% de l’ensemble des économies.

Le consultant néerlandais Constable Research BV, qui avait été impliqué dans la fusion entre ABN et Amro en ’92, ne mise pas un euro sur la réussite de l’opération. Outre le choc des cultures – important dans des organisations où l’essentiel de l’activité repose sur l’individu et son savoir-faire -, il évoque surtout, au plan des infrastructures IT, les problèmes de conversion des programmes (parfois écrits dans les années ’70, mal documentés, etc.) et de ‘mapping’ entre les formats de données. Sans parler du dossier d’externalisation. Pour rappel, l’informatique d’ABN Amro est largement externalisée. D’une part dans le cadre d’un contrat avec IBM et EDS pour la gestion de l’infrastructure, tandis que Verizon prend en charge le réseau et Avaya la téléphonie. Par ailleurs, à la mi-2005, un méga-contrat de 2,2 milliards $ pour l”offshoring’ avec 5 fournisseurs: IBM, Tata Consultancy Services (TCS), Infosys Technologies, Accenture et Patni. Sur son effectif de 5.000 informaticiens, la banque prévoyait de réduire son personnel de 1.500 unités et de transférer 2.000 personnes vers ses fournisseurs externes. Des contrats d’externalisation qui avaient été initiés par le ‘group CIO’, Rob De Haas, qui fut en son temps directeur IT chez… Fortis (et avait été impliqué dans la fusion avec Amev et VSB Bank).

Face à ces problématiques, Constable Research estime que la nouvelle banque aurait intérêt à abandonner à chaque fois une infrastructure informatique et à ne convertir que les données. “Don’t even touch the software. I feel this will open up a box of Pandora.”

De son côté, l’Université de Nimègue vient de publier une étude intitulée “Facteurs IT intervenant lors de fusions et acquistions” qui relève que plus de 50% des fusions et acquisitions n’atteignent pas ou pas dans les délais les objectifs fixés en raison du fait soit que les objectifs de l’intégration IT ne sont pas réalisés, soit que l’intégration IT n’a pas bien été évaluée.

Chez nous, le rachat en ’95 par la CGER de la SNCI, puis en ’98 de la Générale de Banque avait procédé d’une approche assez similaire. Même si comparaison n’est pas raison…

Au niveau de l’emploi en tout cas, l’informatique supportera une large part des pertes d’emploi puisque les sources syndicales évoquent chez Fortis la suppression de 2.600 emplois dans l’informatique, sur un total de quelque 7.800 collaborateurs à licencier.

Dans une interview accordée le week-end dernier à nos confrères du Soir, Jean-Paul Votron, patron de Fortis, confirme que “il y a surtout de grosses synergies de coûts à faire en matière de technologie. Les deux réseaux fonctionnent actuellement sur des plates-formes différentes: le passage à un système unique aura un impact énorme et il faudra s’y attacher dès lundi matin. Sur le total des synergies à atteindre, je rappelle qu’il s’agit de 1,3 milliard d’euros par an à partir de 2010, il y a au moins 35 à 40% qui viendront de ce secteur-là.”

Et quand nos confrères évoquent le mariage CGER-Générale qui a pris des années, Jean-Paul Votron rétorque: “Non, moi je nous donne un an.” […] “Pas pour fusionner mais en un an je pense arriver à créer une culture commune.”

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