1 an après Snowden: le cyber-espionnage se poursuit-il imperturbablement?

Le Mexique a été l’une des cibles des pratiques clandestines de la NSA. Mais quasi exactement un an après les dévoilements, il n’y a guère de changements dans ce pays. Et l’on suppose que les activités d’espionnage ne se limitent pas au Mexique.

“Il n’y a pas de lois en matière de contrôles et d’interventions. Les entreprises manquent de directives. Nous nous trouvons dans un vide juridique. L’on peut encore et toujours collecter des métadonnées”, déclare Jesús Robles de l’organisation mexicaine Propuesta Cívica. Les métadonnées, ce sont certaines données e-mail ou téléphoniques: qui est l’expéditeur, le destinataire, quand et où le courriel a-t-il été envoyé, quelle a été la durée de la communication téléphonique?

Prism

Le 5 juin 2013, le journaliste Glenn Greenwald annonçait dans le journal britannique The Guardian que la National Security Agency (NSA) américaine collectait des données d’utilisateurs aux Etats-Unis et en dehors de ceux-ci. Ce fut le début d’une série de révélations sur les opérations secrètes de la NSA. A la base de ces révélations, l’on trouvait un homme: Edward Snowden, un ex-collaborateur de la NSA, qui confia des documents secrets à Greenwald et consorts.

La Mexique fut une cible importante de la NSA. Via ce qu’on appelle le programme d’espionnage Prism, la NSA espionnait le Mexique sur sa politique en matière de drogue, d’énergie et de sécurité notamment. Via le programme Blarney, l’agence interceptait aussi les communications de l’ambassade mexicaine à Washington.

Le 1er septembre 2013, Greenwald révélait que la NSA avait eu accès aux courriels de la présidente brésilienne Dilma Rousseff et de son alter ego mexicain Enrique Peña Nieto durant leurs campagnes électorales.

L’espionnage se poursuit

Le Parlement mexicain a condamné ces pratiques et a exigé une enquête de la part des Américains.

Mais un an plus tard, les pratiques d’espionnage se poursuivent comme si de rien n’était. The Intercept, la publication numérique dirigée par Greenwald, annonçait ainsi le 19 mai dernier que le NSA collectait les métadonnées de quasiment cent millions de téléphones mobiles au Mexique via le programme Mystic.

“Il n’y a guère eu de changements. Si les gens en étaient davantage conscients, ils pourraient mettre sous pression les entreprises tant nationales qu’étrangères, pour ce que ces dernières fassent à leur tour de même sur le gouvernement”, affirme Cédric Laurant, co-fondateur de Son Tus Datos (Ce Sont Tes Données). L’organisation milite depuis 2012 pour un plus grand respect de la vie privée dans le secteur de la communication.

Ecoute de Skype

La loi mexicaine de 2010 en matière de protection des données personnelles oblige une institution qui veut céder des données personnelles à des tiers d’en informer le propriétaire. Mais la loi sur la géo-localisation de 2012 réduit à néant cette garantie car elle autorise le gouvernement à collecter des données géographiques sur les utilisateurs de téléphones mobiles, sans en avertir ceux-ci.

Le Citizen Lab de l’Université de Toronto (Canada) signalait en mars de l’année dernière que l’on avait trouvé le programme d’espionnage FinFisher sur les serveurs des opérateurs télécoms mexicains Iusacel et Uninet.

En février de cette année, Citizen Lab publia deux nouveaux rapports en matière d’espionnage. L’on y mentionnait que 21 pays, dont le Mexique, utilisaient le RCS, un système capable de pirater les ordinateurs: il peut copier des données, enregistrer des communications sur Skype et activer caméra et microphone.

L’espionnage ne se limite sans doute pas au Mexique

Il est probable que les actuelles pratiques d’espionnage de la NSA ne se limitent pas au Mexique. Une nouvelle loi, approuvée par la chambre des représentants américaine et destinée à juguler les activités du service de renseignements, contiendrait, selon des activistes militant pour le respect de la vie privée, une porte dérobée qui permet encore et toujours la collective massive de données. (IPS/MI)

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